Ressources énergétiques : la “Mort à crédit”
Les ressources naturelles ne sont pas inépuisables et Global Footprint Network est là pour nous le rappeler. Chaque année, l’ONG internationale calcule la date du « jour du dépassement écologique ». Cette date symbolique montre que l’homme consomme les ressources naturelles plus rapidement que la Terre n’est capable de les renouveler.
Chaque année depuis les années 70, cette échéance se situe de plus en plus tôt, passant d’octobre dans les années 2000 au 20 août en 2014. C’est donc à compter d’aujourd’hui que l’humanité vit au-dessus de ses moyens en allant puiser dans les stocks les ressources dont elle a besoin. Pour réduire cet insoutenable train de vie, il faudra baisser massivement les émissions de dioxyde de carbone (CO2) en développant, comme le préconisent les experts, les énergies pauvres en carbone.
Depuis le 20 août, l’humanité vit à crédit
Cette année, il n’aura fallu que huit mois pour que l’humanité consomme l’intégralité des ressources naturelles que la planète met une année à produire ; une exploitation intensive des ressources naturelles qui nécessiterait, pour être satisfaite, une fois et demi la capacité de la Terre. Si rien ne change d’ici 2050, que le niveau de consommation reste le même et que la population mondiale atteint 9,6 milliards d’individus (cf. estimation de l’ONU), l’équivalent de deux planètes Terre serait nécessaire.
Pour les quatre mois qui viennent, l’humanité vivra donc à crédit et ira puiser dans les réserves naturelles initialement prévues pour 2016, ne laissant pas suffisamment de temps à la nature pour se régénérer.
Les émissions de CO2 sont plus rapides que la capacité d’absorption des forêts et des océans
Les deux énergies les plus consommées dans le monde sont également les plus polluantes. Le charbon et le pétrole, utilisés dans la plupart des pays du globe pour satisfaire les besoins essentiels (se chauffer, s’éclairer, se déplacer), sont les principaux responsables des émissions de CO2. C’est ainsi que plusieurs milliards de tonnes de dioxyde de carbone s’accumulent dans l’atmosphère beaucoup trop rapidement pour pouvoir être absorbé.
Global Footprint Network en est conscient et souligne que « la réduction significative de l’empreinte carbone est une étape essentielle pour mettre fin au dépassement écologique ».
Préparer l’ « après-pétrole » est une priorité
L’Union européenne est responsable de 12% des émissions de CO2 dans le monde. Le résultat est honorable à côté de ceux de la Chine et des Etats-Unis qui sont à 27% et 17%. Mais, à y regarder de plus près, des marges de progression existent.
En Europe, le pétrole reste l’énergie la plus consommée et représente plus du tiers de la consommation intérieure brute d’énergie. L’UE fait également face au retour en force de l’énergie de la première révolution industrielle (XIXe siècle), le charbon. L’Allemagne consomme autant de charbon qu’en 1990. Quant au Royaume-Uni et à la Pologne, le charbon demeure à court terme une énergie importante pour la production d’électricité. C’est d’ailleurs dans ces trois pays que se trouvent l’essentiel des 30 centrales à charbon les plus polluantes d’Europe.
Il s’agit donc d’instaurer un nouveau modèle énergétique pour préparer l’ « après-pétrole » et plus largement « l’après-énergies carbonées ». En France, celles-ci représentent encore 70 % de la consommation énergétique. Les technologies bas carbone et matures, comme le nucléaire et les renouvelables, existent et doivent être utilisées.
Des actions sont indispensables en ce sens pour éviter que du « dépassement écologique » nous passions au « déclassement écologique ».
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