Le réacteur de recherche Osiris pourrait fonctionner jusqu’en 2018 - Sfen

Le réacteur de recherche Osiris pourrait fonctionner jusqu’en 2018

Publié le 30 août 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Le réacteur Osiris est l’un des cinq réacteurs dans le monde à assurer la production de 95 % d’un radioélément essentiel à la médecine : le technétium. 

Alors que l’ASN vient de faire un pas en avant vers une exploitation du réacteur jusqu’en 2018, Fabrice Bentejac, représentant du syndicat CFE-CGC du CEA rappelle le rôle du réacteur Osiris et les risques liés à sa fermeture. 

 

Osiris est-il un réacteur nucléaire indispensable ?

Osiris est un « petit » réacteur nucléaire, environ trente fois moins puissant que les réacteurs de centrales nucléaires utilisés pour produire de l’électricité.

La fonction première d’Osiris est de fournir un soutien à l’industrie nucléaire grâce à des études et des recherches sur le vieillissement des matériaux, entre autre. Osiris intervient aussi en soutien à l’industrie classique comme l’électronique.

Mais surtout, Osiris participe à la fourniture de radioéléments à usage médical. C’est un des neuf réacteurs dans le monde à participer à leur production.

Aujourd’hui, l’essentiel de la production d’isotopes  à usage médical repose sur ces réacteurs. Mais la situation est en réalité plus délicate car 95% de la production est assurée seulement par cinq réacteurs. Lesquels sont particulièrement anciens, Osiris étant le plus récent des cinq.

On sait aujourd’hui que certains de ces réacteurs seront prochainement amenés à fermer temporairement ou à titre définitif. On comprend dès lors que fermer Osiris durant cette période ajouterait des difficultés à une situation déjà tendue.

 

 

Pour quelles raisons l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) souhaite-t-elle fermer Osiris ?

Il est erroné de dire que l’ASN « souhaite » fermer le réacteur Osiris. L’ASN est une autorité de sûreté qui délivre des autorisations de fonctionnement aux installations nucléaires en fonction de ce qu’elle estime nécessaire en termes de sûreté pour fonctionner correctement.

Pour Osiris, l’ASN a délivré en 2009 une autorisation de fonctionner valable jusqu’en 2015. Aujourd’hui, pour que le réacteur puisse fonctionner au-delà de 2015, l’ASN exige qu’Osiris se rapproche des normes de sûreté des réacteurs de dernière génération. Elle demande donc un certain nombre de travaux qui concernent la tenue à des événements extrêmes comme un séisme sur le plateau de Saclay (Ile de France) ou le crash d’un avion.

Maintenant, ce qui peut éventuellement poser des questions c’est d’appliquer cette exigence – que l’on comprend très bien pour des réacteurs de puissance – à une installation trente fois moins puissante comme Osiris. Surtout pour une installation qu’on ne souhaite prolonger que de trois ans et dont l’arrêt immédiat risque de déboucher sur une crise sanitaire.

L’ASN n’est pas en charge de la santé publique et ne peut pas se substituer aux autorités sanitaires pour déterminer les besoins en termes de radio-isotopes à usage médical et la disponibilité des sources d’approvisionnement qui correspondent.

 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Désormais, le gouvernement s’est saisi de la question et a diligenté sur le sujet une inspection qui a commencé en mars 2014.

Dès lors, il y a deux possibilités : soit les autorités sanitaires répondent qu’elles n’ont pas besoin de la production de radio-isotopes assurée par le réacteur Osiris. Dans ce cas, fin de l’histoire : Osiris ferme.

Seconde possibilité, les autorités sanitaires considèrent avoir besoin des radio-isotopes produits par Osiris. A ce moment-, ce sont les plus hautes autorités en charge de l’intérêt général qui auraient à trancher et arbitrer entre une remise aux normes basée sur des événements très peu probables et la vraisemblance d’une crise sanitaire grave.

Il existe d’ailleurs un précédent à l’étranger puisqu’au Canada en 2007, le réacteur assurant la production de radioéléments à usage médical a été autorisé par le parlement à redémarrer en dépit d’un avis négatif de l’autorité de sûreté canadienne (1).

 

 
En début de semaine, l’ASN a indiqué sur son site internet qu’elle pourrait examiner, pour la période 2016-2018, une démarche qui limiterait au maximum le fonctionnement du réacteur OSIRIS, en le réservant au seul objectif de pallier une pénurie de technétium (radioélément produit par ledit réacteur). Une démarche qui impliquerait notamment : un fonctionnement du réacteur pour des durées strictement limitées à des situations de risque sanitaire avéré et constaté, un fonctionnement du réacteur OSIRIS strictement dédié à la production de technétium, et un renforcement adapté de la sûreté du réacteur.
 

(1) Au Canada, en 2007, un arrêt pour maintenance prolongé du réacteur NRU, dont le redémarrage a été autorisé par le Parlement malgré l’avis de l’Autorité de sûreté canadienne, a entraîné une pénurie de technétium à l’échelle internationale pendant plusieurs semaines. De la même façon, aux Pays-Bas, un arrêt inopiné du réacteur HFR en 2008 a entraîné une pénurie. En conséquence, les services médicaux ont été contraints de réduire leurs programmes d’examens.

Publié par Boris Le Ngoc