Selon McKinsey : la transition énergétique allemande aura du mal à atteindre ses objectifs - Sfen

Selon McKinsey : la transition énergétique allemande aura du mal à atteindre ses objectifs

Publié le 15 septembre 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Depuis 2012, le cabinet d’étude McKinsey examine tous les six mois l’évolution de l’Energiewende et rend publics ses résultats. Ce baromètre repose sur trois critères : la sécurité d’approvisionnement, la compétitivité et les impératifs climatiques. Publié début septembre, le dernier baromètre est pour le moins sceptique sur la capacité de l’Allemagne à atteindre d’ici 2020

les objectifs énergétiques et climatiques qu’elle s’était fixées.

Les objectifs climatiques de l’Energiewende ne sont plus réalistes

Les experts de McKinsey résument ainsi la décevante évolution des indicateurs de leur baromètre : « En dépit de l’expansion massive des énergies renouvelables, la réalisation des buts primaires de l’Energiewende n’est plus réaliste ». Ce constat concerne en premier lieu l’objectif fixé par le gouvernement de réduire de 40 % les émissions de CO2 entre 1990 et 2020.

Pour que cet objectif soit atteint, la réduction annuelle des émissions doit être de 3,5%. Un niveau jusque-là jamais atteint, la moyenne annuelle de réduction étant depuis 2000 de 0,7%, « l’expansion massive des énergies renouvelables ». McKinsey arrive donc à la conclusion qu’il est quasiment « impossible » pour l’Allemagne d’atteindre le facteur 5 de réduction annuelle des émissions de CO2.

En matière climatique, les experts du cabinet d’étude ne voient pas d’autre possibilité pour le Gouvernement que de revoir ses ambitions à la baisse. Pour étayer leur propos, ils rappellent qu’ « en raison de  l’abandon d’environ 100TWh d’électricité décarbonée produite par les centrales nucléaires (…) un recul significatif des émissions de CO2 n’est pas à attendre ».

 

9 des 15 objectifs du « tournant énergétique » ne sont probablement pas réalisables

Au-delà des objectifs climatiques, l’Energiewende prend du retard. Selon le baromètre McKinsey, des 15 objectifs clairement planifiés par la transition énergétique allemande, 9 ne sont probablement plus réalisables.

McKinsey prend plusieurs exemples et cite pêle-mêle la réduction de la consommation électrique (qui n’atteindra pas les 10% d’ici 2020)[1], la maîtrise de la consommation d’énergie primaire, ou encore l’expansion trop lente de l’éolien en mer[2].

Le modèle économique de l’Energiewende dans la tourmente

L’analyse montre que non seulement les objectifs principaux en matière environnementale et climatique ne sont pas atteints mais aussi que« l’efficience économique du tournant énergétique s’écarte nettement de ses repères ».

L’expansion massive des énergies renouvelables a eu pour conséquence de « doubler la surcharge renouvelable ». Dans le calcul du baromètre, avec un écart de coût de 234%, cet objectif devient « la réalisation la plus improbable des indicateurs ».

Pour McKinsey, malgré la réforme de la loi sur les énergies renouvelables, le financement du développement des énergies nouvelles continuera de peser sur l’industrie et les ménages. De sorte que le prix de l’électricité pour les ménages en Allemagne est déjà de 46% supérieur à la moyenne européenne et de 18% pour l’industrie.

Quelques bonnes nouvelles

Dans ce contexte morose, certains objectifs de la transition énergétique seront pourtant atteints notamment en ce qui concerne le développement des panneaux photovoltaïques : l’objectif gouvernemental est dépassé de 36%. De même, les objectifs relatifs à la sécurité d’approvisionnement et le développement du réseau sont encore considérés comme « réalistes » par McKinsey.

Sur la base de ce baromètre, McKinsey recommande au gouvernement un « management actif et crédible » de l’Energiewende. Le rapport gouvernemental de suivi de la transition énergétique allemande, qui paraîtra pour la première fois en décembre 2014, permettra de savoir si des ajustements ont été apportés suite à la publication de ce baromètre.

[1]En 2013, l’Allemagne a consommé 600 TWh, soit 1,1% de moins qu’en 2012 : l’objectif prévu de 589 TWh est donc clairement manqué.

[2]Pour plus de la moitié des parcs éoliens planifiés (11 sur 20), le développement est à la peine.

Publié par Hartmut Lauer