Nucléaire : une transition énergétique à contre-courant - Sfen

Nucléaire : une transition énergétique à contre-courant

Publié le 19 octobre 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Le 8 octobre dernier, la Commission européenne autorisait le Royaume-Uni à utiliser un mécanisme de financement innovant pour la construction de deux réacteurs EPR sur son site de Hinkley Point. Ceci marque une étape importante pour la stratégie bas-carbone britannique, qui doit reposer à la fois sur l’énergie éolienne et le nucléaire. Déjà, en avril 2014, les climatologues du GIEC avaient publié qu’il serait nécessaire de « tripler voire quadrupler » la part des énergies bas-carbone d’ici 2050, dont les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire. Ils reconnaissaient ainsi que cette dernière serait une partie de la solution contre le dérèglement climatique.

Au moment où la décision de la Commission ouvre de nouvelles perspectives pour le nucléaire dans l’Union européenne – le nouveau mécanisme britannique pourra être utilisé par d’autres Etats membres -, en France, l’Assemblée nationale vote la réduction de la part du nucléaire en France à l’horizon 2025. Ce vote est doublement à contre-courant.

Alors que 70 % de la consommation d’énergie française est encore à base d’énergies carbonées (pétrole et gaz), fortement émettrices de CO2, le projet de loi vise paradoxalement à limiter l’utilisation d’une énergie bas-carbone. Grâce au nucléaire, un citoyen français émet déjà deux fois moins de CO2 qu’un allemand, et trois fois moins qu’un américain. Pour atteindre ses objectifs de réduction de CO2 en 2050, la France doit miser sur son parc nucléaire et focaliser ses efforts sur les secteurs encore fortement consommateurs d’énergies carbonées (et importées), comme les transports et l’habitat/tertiaire. Ce dernier secteur constitue un véritable gisement de croissance pour les énergies renouvelables.

Au moment où la filière nucléaire organise cette semaine son premier salon commercial international au Bourget, le projet de loi envoie un signal ambigu à ceux qui constituent aujourd’hui, avec 2 500 entreprises et 220 000 salariés, la troisième filière industrielle de France. Créateurs d’emplois et de richesse, les industriels exportent annuellement 6 milliards d’euros de biens et de services. Ce grand dynamisme et le renouvellement des effectifs vont permettre aux industriels de la filière, si l’ensemble du parc nucléaire est préservé, de recruter 110 000 personnes d’ici 2020.

Désormais, le projet de loi rentre en discussion au Sénat. Il faut s’assurer d’une démarche pragmatique. Opposer les  énergies n’a pas de sens, surtout lorsqu’il s’agit d’énergies bas-carbone, précisément le nucléaire et les renouvelables. Le nucléaire est une énergie d’avenir, nécessaire pour réaliser la transition énergétique.

 

Tribune parue sur le site Energie de l’Usine Nouvelle.

 

Publié par Valérie FAUDON