“Hinkley Point est un projet franco-britannique” Marc Lachaise
Le 5 mars prochain, la SFEN organise sa Convention sur le thème « Le partenariat franco-britannique pour un futur bas carbone« . Marc Lachaise (EDF Energy), qui sera présent à cette occasion, donne les premiers éléments de son intervention et explique pour quelles raisons la chaîne de production (ou « supply chain ») est essentielle à la réussite du projet Hinkley Point.
Quelles sont les activités d’EDF Energy dans le secteur nucléaire au Royaume-Uni ?
Marc Lachaise – EDF Energy est le principal exploitant de centrales nucléaires au Royaume-Uni : nous opérons 15 des 16 réacteurs du pays. Nous sommes également leader dans le domaine des constructions de nouvelles unités. Nous travaillons actuellement sur différents projets, parmi lesquels Hinkley Point C et Sizewell C. EDF Energy a une très longue histoire en tant qu’exploitant, et je l’espère en tant que constructeur au Royaume-Uni.
Quel est le rôle de la chaîne de production dans le projet de construction de deux réacteurs EPR sur le site de Hinkley Point ?
ML – Nos fournisseurs sont déterminants. Le projet de Hinkley Point C ne pourrait se réaliser sans leur appui. Quelques chiffres : Hinkley Point C, ce sont des millions d’heures d’ingénierie. Hinkley point C c’est assez de structures métalliques pour construire une ligne de train reliant Londres à Rome. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin de nos fournisseurs. Par ailleurs, nos fournisseurs nous aiderons à piloter le projet et à être sûr de la bonne gestion de l’ensemble des interfaces entre les différents contrats. Nos fournisseurs nous permettrons également de réaliser le projet avec le meilleur niveau de qualité, dans les temps, sans dépassement de budget. En servant ainsi la robustesse du modèle financier.
De quelle manière la France et le Royaume-Uni coopèrent-ils ?
ML – Ce projet est par définition un projet franco-britannique. Le design est français, c’est le réacteur EPR. La construction, elle, se fera en Grande Bretagne. Qui sont les mieux placés pour réaliser ce projet ? Il s’agit probablement d’un équilibre entre le tissu industriel français, qui connait les exigences, les normes applicables RCCM et sait comment concevoir un EPR. Mais également, le meilleur de l’industrie britannique, qui connaît les normes locales et sait les respecter, comme les règles CDM (« Construction and design management »). C’est la raison pour laquelle nous promouvons les joint-ventures entre les entreprises françaises et britanniques. Et cela porte ses fruits : c’est un partenariat qui réalisera génie civil entre Bouygues, qui réalise le réacteur de Flamanville, et Laing O’Rourke, qui est l’une des meilleures entreprises de BTP du Royaume-Uni. Nous avons des collaborations entre les entreprises françaises et britanniques à tous les niveaux, c’est une garantie pour la réussite du projet.
Quelles sont les retombées économiques pour les PME françaises ?
ML – Les retombées économiques sont évidentes. Ce projet représente un montant total de 16 milliards de livres ; et nous avons des entreprises en partenariat répondant aux appels d’offres. Evidemment c’est une compétition. Evidemment, il y aura une sélection parmi les entreprises partenaires. Mais, les entreprises françaises ont de vrais atouts, de vrais savoirs, et des chances équitables de gagner des contrats. Et grâce aux partenariats avec les entreprises britanniques, dans le futur, la collaboration entre les entreprises britanniques et françaises se renforcera. Puisqu’après Hinkley Point C, le renouvellement du parc nucléaire au Royaume-Uni continuera de se développer avec de nouveaux projets. Ce projet aura également un impact plus large : les entreprises françaises et britanniques seront capables de conquérir ensemble de nouveaux marchés, et de contribuer, à l’image du projet Hinkley Point C, à la production sur le long terme d’une énergie sûre et bas carbone.