COP 21 : publication de l’étude Nuclear for Climate
A quelques semaines de la COP21, l’initiative Nuclear for Climate publie une étude sur le rôle de l’énergie nucléaire dans la lutte contre le changement climatique. S’appuyant – entre autres – sur les conclusions du GIEC, les 142 associations partenaires de Nuclear for Climate, dont la SFEN, considèrent que l’énergie nucléaire fait partie de la solution pour relever le défi du changement climatique.
A cette occasion, Nuclear for Climate appelle les décideurs impliqués dans les négociations climatiques à :
- Reconnaître officiellement l’énergie nucléaire comme une énergie bas-carbone, comme le fait le GIEC dans son 5e rapport ;
- Respecter le droit de chaque Etat à choisir l’énergie nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, répondre aux autres objectifs énergétiques et soutenir le développement économique. Et s’assurer que ce droit ne soit pas entravé notamment pour ce qui concerne l’accès aux mécanismes de financement climatique tels que les Fonds vert pour le climat.
Reconnaître officiellement l’énergie nucléaire comme une énergie bas-carbone
Le défi est immense : selon le GIEC, dans 35 ans, 80 % de l’électricité mondiale devra être bas-carbone (contre 32 % aujourd’hui) pour limiter le changement climatique. Sur la même période, la demande d’électricité mondiale est appelée à doubler sous les effets conjugués de l’accroissement de la population et de l’essor économique des pays émergents. L’Agence Internationale de l’Energie estime que, même avec une amélioration notable de l’efficacité énergétique, la demande d’électricité va encore augmenter de 80 à 130 % d’ici 2050.
Dans ces conditions, l’électricité bas-carbone est appelée à jouer un rôle majeur, y compris dans la décarbonisation des autres secteurs (transports, bâtiment…). Pour relever ce défi, l’humanité devra utiliser toutes les technologies bas-carbone identifiées par le GIEC : énergies renouvelables, énergie nucléaire et captage et stockage du CO2 (CCS).
En effet, si le mix électrique reste dominé par les énergies fossiles, la hausse de température moyenne du globe sera de 6°C, bien au-delà de l’objectif des 2°C. Causant des dommages irréversibles pour de nombreuses populations sensibles. Pour atteindre les objectifs climatiques, l’AIE préconise qu’en 2050, l’électricité représente 25 % du bouquet énergétique final (contre 17% aujourd’hui).
Aujourd’hui, le GIEC identifie 3 types d’électricité bas-carbone : les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire…), l’énergie nucléaire et la capture et stockage du CO2. Sur l’ensemble de son cycle (construction, exploitation, démantèlement) qui court sur au moins 40 à 60 ans, le nucléaire émet le même niveau de CO2 que les énergies renouvelables, dont le « cycle de vie » (hors hydraulique) est de 20 à 30 ans.
Le nucléaire est une énergie bas-carbone : sur l’ensemble de son cycle de vie (construction, exploitation, démantèlement), ses émissions sont comparables à celles des énergies renouvelables. L’énergie nucléaire émet en moyenne 15g de CO2/kwh, trente fois moins que le gaz (491g/kwh) et 60 fois moins que le charbon (1024g/kwh), au même niveau que l’éolien (16g/kwh) et trois fois moins que le photovoltaïque (45g/kwh).
Dans la perspective de la COP21, les partenaires de l’initiative Nuclear for Climate demandent que l’énergie nucléaire soit officiellement reconnue comme une énergie bas-carbone, comme l’a fait le GIEC dans son 5ème rapport publié en 2014.
Chaque Etat doit pouvoir choisir l’énergie nucléaire
Chaque Etat doit pouvoir choisir l’énergie nucléaire pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, répondre à ses autres objectifs énergétiques et soutenir son développement économique. Ce choix doit être respecté et reconnu. Et ne doit pas être entravé. Il donc est essentiel que le nucléaire puisse avoir accès, comme les autres énergies bas-carbone, aux mécanismes de financement climatique comme les Fonds verts pour le climat.
Alors que l’énergie nucléaire est la première source d’électricité bas-carbone dans les pays de l’OCDE, elle peut être une solution pour accompagner la croissance bas-carbone des pays émergents. La Chine et l’Inde, deux des pays les plus gros émetteurs de CO2 de la planète, maitrisent déjà l’énergie nucléaire et comptent sur elle pour décarboner leur économie. Ainsi, les Chinois prévoient de mettre en service plus d’une centaine de réacteurs dans la prochaine décennie, pour représenter un tiers du parc nucléaire mondial en 2050.
La réduction des émissions de CO2 ne peut pas se faire au détriment des objectifs nationaux de politique énergétique et de compétitivité de l’électricité. Là encore, le nucléaire permet de conjuguer CO2 et ambitions en matière de sécurité d’approvisionnement, développement économique, développement industriel, recherche… Une fois de plus, tous les outils doivent être mobilisés pour atteindre l’objectif. Y compris le nucléaire.
Les experts du climat et les experts en énergie conviennent que les scénarios présentant la plus grande probabilité de succès incluent une part significative d’énergie nucléaire. Dans son scenario 2DS, considéré comme sa vision la plus efficace pour tenir l’objectif de 2°C, l’AIE projette que la capacité brute nucléaire pourrait plus que doubler d’ici 2050, passant d’environ 400 GWe à 930 GW. Soit une augmentation de la part du nucléaire dans le mix électrique mondial de 11 à 17 %.
Seuls 8 scénarios, parmi les 1 200 répertoriés et analysés par le GIEC, présentent de manière concomitante la limitation du réchauffement à 2°C et une sortie du nucléaire. Pour Jean Jouzel, ancien Vice-Président du GIEC et Prix Nobel : « (…) très peu de scénarios (…) réussissent à rester sous la barre des 2°C degrés sans nucléaire ». Il semble donc bien que vouloir se passer d’énergie nucléaire, c’est prendre le risque de manquer l’objectif climatique.
Etude complète (version française)
Photo copyright – EDF