COP21 : 4 climatologues soutiennent le nucléaire - Sfen

COP21 : 4 climatologues soutiennent le nucléaire

Publié le 7 décembre 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Pour la COP21, quatre des plus grands climatologues mondiaux rappelaient au Bourget que, face à l’urgence climatique, aucune option énergétique actuellement disponible ne peut être négligée. La France et la Suède, deux des six pays produisant une électricité majoritairement bas-carbone, ont à plusieurs reprises été citées en exemple par les quatre scientifiques. Pour eux, les investissements doivent s’intensifier pour soutenir l’innovation dans les nouvelles générations de réacteurs nucléaires.

 

Vers le retour de la science en politique ?

Jusqu’ici, le début du XXIe siècle semblait gouverné par l’émotion et l’irrationalité. 2015 voit émerger – à la faveur de la COP21 – une tendance qui rappelle le siècle dernier : la technoscience. Réunis autour de James Hansen, climatologue théoricien du changement climatique et de son origine anthropique, Ken Caldeira (Université de Stanford), Kerry Emanuel (MIT) et Tom Wigley (Université d’Adélaïde, Australie) signent le retour de la science dans le monde politique.

Pour ces scientifiques de renom, la communauté internationale doit prendre conscience qu’il n’y aura pas de réduction massive des émissions de CO2 sans énergie nucléaire. Ils pointent du doigt les « idéologies » qui prétendent que seules les énergies renouvelables suffiront. A l’inverse de ceux qui « ne prennent pas le climat au sérieux », Hansen, Caldeira, Emmanuel et Wigley  savent bien qu’il y a urgence et que les décisions qui devront être prises après la COP21 devront s’appuyer sur des « faits scientifiques », et « rien que des faits scientifiques ».

« Si nous sommes vraiment sincères dans notre volonté de résoudre le problème climatique, à moins d’un miracle, nous devrons utiliser le nucléaire très rapidement » affirme Kerry Emanuel. Son homologue Tom Wigley ajoute que « le défi est tel que nous ne pouvons fermer la porte à aucune technologie pour des raisons idéologiques. Qu’importe la part des énergies renouvelables dans votre mix électrique, vous ne pourrez pas le décarboner sans intégrer une part d’énergie nucléaire ».

C’est bien parce qu’un consensus et la littérature scientifique reconnaissent que le nucléaire est une énergie bas-carbone, que ces quatre climatologues – qui ne sont pas physiciens nucléaires – sont venus à Paris demander une plus grande utilisation de l’énergie nucléaire. « Nous ne sommes pas des politiques et nous avons longtemps hésité à organiser cette conférence de presse » précise Ken Caldeira. « Mais, les choses sont devenues trop sérieuses pour ne pas s’impliquer » ajoute-t-il gravement.

James Hansen, Ken Caldeira, Kerry Emanuel et Tom Wigley s’inscrivent ainsi dans la lignée des scientifiques engagés dans la vie de la Cité. Comme les Curie et Joliot-Curie avant eux, ces universalistes souhaitent que la science permette d’améliorer la société et serve l’Humanité.

 

Un devoir moral à l’égard de l’Humanité

Face à l’appétit de nouvelles puissances comme l’Inde et la Chine, dont les besoins énergétiques ne cessent de grandir, James Hansen estime qu’il est du devoir des pays occidentaux de les encourager à quitter le charbon pour se tourner vers une énergie propre (« clean energy »), le nucléaire. « Ne pas le faire serait immoral » prévient l’ancien directeur du Goddard Institute for Space Studies (NASA). « Vous ne pouvez pas sortir les gens de la pauvreté sans énergie » insiste-t-il. « Si nous avons de l’électricité sans carbone dans tous ces pays, nous résoudrons le problème du changement climatique ».

Les quatre climatologues demandent de considérer les technologies pour ce qu’elles sont et ne pas les juger à l’aune de la « morale ». « Qu’importe ce que vous pensez du nucléaire ! C’est la seule technologie capable de fournir de l’énergie lorsque le soleil ne brille pas et que le vent ne souffle pas. Il faut aider les gens à accéder à cette énergie pour aller vers une économie économe en carbone » précise Ken Caldeira.

Optimiste pour l’avenir, Kerry Emanuel conclut que « le nucléaire permettra de résoudre une partie du problème climatique et apportera des réponses aux défis de l’humanité en matière de développement ».

L’innovation est également fondamentale pour ces climatologues. Ken Caldeira estime qu’« il faudrait investir dans le nucléaire et pas seulement dans les énergies renouvelables ». « L’innovation doit porter sur toutes les énergies bas-carbone, ajoute Tom Wigley, d’autant que les réacteurs de 4e génération permettront de résoudre le problème de la gestion des déchets ».

 

La vidéo de la conférence de presse

Copyright photo – DR : James Hansen, climatologue théoricien du changement climatique et de son origine anthropique

Publié par Boris Le Ngoc (SFEN)