Marie – Claire Cailletaud « Le nucléaire est une énergie indispensable »

Militante politique et syndicale depuis ses jeunes années, porte-parole de la Fédération Mines Énergies de la CGT depuis 2010, Marie-Claire Cailletaud est discrète et déterminée. Elle dit plutôt  « nous » que « je », sûrement parce qu’elle est au service des autres et place son engagement avant tout. 

Marie-Claire Cailletaud a la poignée de main énergique d’une femme fière de ses engagements, qui carbure à l’intérêt général. Du nucléaire, elle dit que « c’est une forme de production d’énergie parmi d’autres ». La FNME-CGT défend la place du nucléaire dans le bouquet électrique, car « on doit produire de l’énergie en quantité suffisante, parce que c’est un produit particulier, nécessaire au développement » affirme la porte-parole, évoquant les 3 milliards de terriens qui n’ont accès qu’à des formes rudimentaires d’énergie et les 11 millions de Français dans la précarité énergétique.

Elle sait qu’il faut « être en capacité de répondre aux besoins par le développement social et industriel. Donc l’énergie prend une place centrale. » À cela s’ajoute la lutte contre le réchauffement climatique : « on voit bien que le réchauffement pourrait générer des effets géopolitiques extrêmement graves. Le GIEC envisage que des parties du monde pourraient disparaître. C’est une situation nouvelle à laquelle notre humanité est confrontée. »

« L’équation Produire de l’énergie pour répondre aux besoins tout en diminuant les gaz à effet de serre n’est pas forcément simple à résoudre », rappelle la syndicaliste. Dans le débat sur la transition énergétique, « on entre par le prisme du bouquet de production d’énergie, en particulier nucléaire. Mais si on veut s’attaquer aux vrais enjeux, il faut aller vers l’efficacité énergétique, s’attaquer aux transports, au mode de développement libéral qui fait que le transport est devenu un nœud vital ».

Marie-Claire Cailletaud estime que « vu les avancées techniques et technologiques, on ne peut pas se passer d’une forme de production d’électricité qui n’émet pas de gaz à effet de serre. Donc pour nous, le nucléaire est incontournable. » Elle rappelle aussi l’attachement de la CGT à ce que ce soit « une forme de production qui développe une véritable filière industrielle, avec un niveau de sûreté le plus élevé possible, qui passe aussi par un haut niveau de garanties collectives pour tous les salariés du secteur. La question de la sous-traitance est essentielle pour nous. » Elle souligne l’importance que son organisation accorde à la maîtrise publique du secteur énergétique, en particulier de la filière nucléaire : « nous pensons que le marché et le privé ne sont pas capables de répondre aux enjeux posés par l’énergie et le réchauffement climatique et par une industrie aussi complexe et importante que le nucléaire ».

Un autre sujet la préoccupe : la mise en cause de la parole de l’expert. Elle note que le nucléaire est difficile à aborder rationnellement : « il y a tout un imaginaire autour, car c’est aussi l’arme atomique ». « Si la France a prouvé ses compétences pour développer cette technologie, y compris sa façon de mettre à niveau le parc nucléaire en intégrant les dernières avancées en termes de sûreté », il n’en reste pas moins que « quand on parle de nucléaire, il ne faut pas avoir travaillé chez EDF, AREVA, au CEA… Notre parole est soupçonnée d’être celle du “lobby” nucléaire. »

Pour l’avenir, elle dit que la recherche est essentielle : « il faut absolument envisager l’avenir du nucléaire, les réacteurs de 4e génération, Iter… ». 

Et ajoute en souriant que son statut de syndicaliste lui permet de « dire des choses sur ce [qu’elle] voit. »