L’Andra fait l’inventaire des déchets radioactifs - Sfen

L’Andra fait l’inventaire des déchets radioactifs

Publié le 17 juillet 2018 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Publié tous les trois ans, l’Inventaire de l’Andra s’enrichit cette année d’un travail prospectif plus approfondi sur l’avenir du parc nucléaire et l’impact sur les déchets à gérer. Un outil précieux en vue du débat national qui accompagnera la réalisation du prochain Plan national de gestion des déchets et matières radioactifs (PNGMDR).

Les déchets radioactifs : une demi-brique de lait par an et par habitant

L’Andra a publié l’édition 2018 de l’Inventaire national des matières et déchets radioactifs. La nouvelle édition de cet Inventaire, qui paraît tous les trois ans, dresse l’état des lieux des déchets radioactifs.

Premier constat, par rapport à 2013, le volume total de déchet en 2016 a augmenté d’environ 85 000 tonnes. Le volume total est désormais de 1,54 millions de tonnes. Une augmentation qui s’explique par la production courante des déchets mais aussi par la requalification depuis 2013 de certains déchets sans filières (DSF) en déchets radioactifs de très faibles activité (TFA).

Pour mieux comprendre à quoi correspondent ces volumes, l’Andra précise que les activités nucléaires produisent en volume l’équivalent d’une demi-brique de lait de déchet par an et par habitant. Dans ce total, les déchets les plus dangereux, ceux de haute activité (HA), ne représentent qu’une cuillère à café.

Autre enseignement, sur 1,54 millions de m3 de déchets répertoriés à fin 2016, 58,8 % proviennent de l’électronucléaire, 27,7 % de la recherche, 9 % de la défense, le reste vient du médical et de l’industrie non électronucléaire. L’immense majorité de la radioactivité de ces déchets, 95 %, est contenu dans 0,2 % du volume, les déchets de haute activité (HA). Leur volume total correspond à celui d’une piscine olympique.

Enfin, l’Inventaire rappelle que plus de 90 % des déchets ont déjà une solution de stockage. Les autres doivent être stockés dans Cigéo.

Aucun déchet n’échappe à l’inventaire

Malgré la diversité des producteurs, près de 1200, l’Inventaire rappelle que la filière nucléaire a une connaissance totale de ses déchets, tant en nature qu’en volume.

Les informations sur ces déchets, leur volume, leur répartition physico-chimique et géographique, tout comme leurs producteurs sont accessibles en toute transparence. L’Inventaire répertorie et rend publiques les informations sur la provenance, l’état des stocks et la localisation des matières et déchets radioactifs sur le territoire français.


Tout défenseur de l’environnement ne peut que promouvoir le recyclage, dans le nucléaire comme dans les autres industries.


Les stocks de déchets radioactifs sont ainsi mis à disposition du public en open data sur le site inventaire.andra.fr. Pour l’édition 2018, l’Andra a souhaité y développer de nouvelles fonctionnalités permettant de simplifier la recherche et l’accès aux informations sur la nature et la localisation des déchets radioactifs.

Le recyclage des combustibles usés permet de réduire le volume et la toxicité des déchets radioactifs

Pour permettre d’estimer les impacts d’évolutions potentielles de la politique énergétique française sur la gestion à long terme des déchets radioactifs, l’Andra a réalisé quatre scénarios prospectifs répondant aux demandes du PNGMDR 2016-2018. Trois scénarios poursuivent la production électronucléaire, dont deux avec un renouvèlement avec des EPR puis des réacteurs à neutron rapides (RNR) et un où le parc est renouvelé avec des EPR mais sans aller jusqu’aux RNR. Enfin, dans le dernier scénario le parc actuel est arrêté dès 40 de fonctionnement, sans renouvèlement. 

Si la France choisit cette dernière option, et plus généralement choisit de ne pas construire de RNR, le volume des déchets à gérer, et donc à stocker, augmentera significativement. La raison en est simple. La politique énergétique française prévoit que les combustibles soient retraités après leur utilisation en vue de leur revalorisation dans les réacteurs à eau ou dans de futurs RNR. Le recyclage permet dès à présent de réutiliser les matières (95 % d’uranium et 1 % de plutonium) et de conditionner les déchets de façon stable et pérenne pour le très long terme en vue de leur stockage. C’est une solution sûre et durable qui ne reporte pas la responsabilité de la gestion de ces matières sur les générations futures.

Ainsi, dans l’hypothèse où le parc ne serait pas renouvelé et où la filière de 4e génération ne serait pas mise en œuvre, 400 000 tonnes d’uranium appauvri et 34 000 tonnes d’uranium issues du retraitement des combustibles usés seraient requalifiés en déchets, qu’il faudrait donc stocker. Surtout, le volume des déchets HA non vitrifiés passerait de 0 à 25 000 tonnes d’UNE et d’URE.


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Aujourd’hui, ces matières ne présentent aucun problème technique ou économique dans leur gestion et leur valorisation. Ces combustibles usés ont une valeur potentielle bien réelle. Requalifier ces matières en déchets reviendrait à détruire de la valeur et à mobiliser des ressources financières pour le faire…

Dans un contexte où les Français et les industriels sont invités à recycler de plus en plus. Le nucléaire, précurseur en matière de recyclage de ses combustibles usés, est exemplaire et peut même aller encore plus loin pour valoriser davantage de matières. 

Le recyclage des combustibles usés est à la fois une stratégie de souveraineté énergétique (économiser la ressource en uranium) et un impératif éthique de gestion des ressources au sens large. Ce savoir-faire maîtrisé par la France depuis plusieurs décennies permet d’économiser les ressources naturelles (25% de l’uranium naturel), de réduire considérablement l’empreinte carbone de la production d’énergie (1 gr de plutonium = 1 tonne de pétrole) et de réduire le volume de déchets ultimes d’un facteur 5 ainsi que leur radiotoxicité d’un facteur 10. De sorte que le recyclage permet déjà de produire 10 % de l’électricité que nous consommons.

Nul doute que cet Inventaire 2018, et les éclairages qu’il contient sur l’avenir du parc et son impact sur le volume et la nature des déchets, sera un outil précieux dans le cadre de la préparation du PNGMDR. Ce dernier va de nouveau faire l’objet d’un débat. Une mission confiée à la Commission nationale du débat public (CNDP) qui démarrera à l’automne.


Par Tristan Hurel (SFEN)