[Décryptage] Quelle est la puissance réelle de l’EPR de Flamanville 3 ? - Sfen

[Décryptage] Quelle est la puissance réelle de l’EPR de Flamanville 3 ?

Publié le 29 octobre 2025

Le rapport de la CRE sur les coûts du nucléaire agite le débat : l’EPR de Flamanville 3 serait-il limité à 1 585 MW au lieu des 1 620 MW annoncés sur Remit en raison d’un rendement dégradé ? Cette différence n’est qu’une hypothèse prudente de modélisation, sans aucun signe de baisse de performance de la machine.

La publication du rapport de la CRE sur les coûts de production du nucléaire existant a ouvert un débat sur la puissance électrique de l’EPR de Flamanville 3. L’organisme y mentionne une puissance installée de 1 585 MW pour la période 2026-2031, inférieure de 35 MW à la valeur 1 620 MW communiquée sur Remit, la plateforme européenne d’information sur les capacités et indisponibilités des centrales électriques. Cette différence ne traduit toutefois ni une baisse de rendement, ni une modification technique du réacteur, mais une précaution méthodologique du régulateur dans ses calculs économiques.

Une prudence de modélisation, pas un constat de performance

Dans son rapport, la CRE indique que la puissance réelle de l’EPR n’est pas encore connue, car elle « ne sera déterminée qu’à l’issue de la phase d’essais par paliers de puissance ». La valeur de 1 585 MW retenue dans le modèle reste une hypothèse très prudente, dans un contexte où les mesures de rendement finales ne sont pas encore disponibles.

Le régulateur précise lui-même qu’aucun document public n’atteste d’un bridage ou d’un rendement détérioré. En conséquence, il retient pour son propre calcul la puissance théorique de 1 620 MW, correspondant à la valeur officielle publiée sur Remit.

Aucun signe de baisse de rendement

À ce stade, les essais de démarrage de l’EPR de Flamanville se poursuivent à différents paliers, notamment sur le groupe turbo-alternateur. L’écart entre la puissance publiée sur Remit et celle retenue par la CRE dans son rapport ne reflète pas un problème technique sur le réacteur. Il faut rappeler que la puissance effective d’une unité nucléaire peut varier selon la saison, la température de la source froide ou les conditions de fonctionnement, sans que cela traduise une perte de performance intrinsèque.

Enfin, les interventions réalisées sur la turbine au printemps 2025 se sont déroulées normalement, et aucun phénomène vibratoire n’a été observé. Depuis le 17 octobre, le réacteur EPR a repris sa montée en puissance par paliers successifs, après un long arrêt au cœur de l’été pour intervenir sur les soupapes du circuit primaire. La pleine puissance est toujours attendue d’ici la fin de l’automne. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Image : Groupe turbo-alternateur de l’EPR de Flamanville.