Selon l’AIE, les besoins énergétiques des data centers porte la relance du nucléaire
Portés par l’explosion de la demande énergétique des centres de données et de l’intelligence artificielle, les petits réacteurs modulaires (SMR) attirent des investissements inédits. Aux côtés des énergies renouvelables, les SMR s’imposent désormais comme une solution crédible pour garantir une électricité fiable, bas carbone et adaptée aux besoins croissants du numérique.
Dans son nouveau rapport World Energy Investment, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonce le retour en force des investissements dans le nucléaire, avec une augmentation de 50 % sur les cinq dernières années. Pour la première fois, les dépenses consacrées à la construction de nouveaux réacteurs et aux rénovations devraient dépasser 70 milliards de dollars en 2025.
Sur les deux dernières années, les investissements dans les centres de données ont bondi de 67 %. Cette tendance ne devrait pas s’arrêter : selon l’AIE, la consommation d’électricité des data centers pourrait doubler pour atteindre 950 TWh d’ici 2030. Pour les opérateurs, l’accès à une énergie fiable, constante et propre est devenu un enjeu stratégique majeur.
Les SMR, une solution pour sécuriser des sources d’électricité fiables et bas carbone
Face à cet enjeu, « les solutions énergétiques de nouvelle génération suscitent un intérêt considérable, notamment les SMR », souligne l’AIE. « Outre le fait qu’ils sont plus faciles à financer et adaptés aux spécifications des projets, l’attrait du nucléaire pour les pays en développement tient à leur profil de charge stable ». Dans ce contexte, les financements destinés aux start-up du nucléaire ont bondi d’environ 210 %.
Pour autant, les énergies renouvelables conservent aujourd’hui une place prédominante dans l’alimentation des centres de données. Mais la tendance évolue : comme le montre le graphique ci-dessous, la baisse des investissements dans les énergies fossiles pour répondre aux besoins de l’IA devrait être principalement compensée par le nucléaire sur la période 2025-2030.
Plusieurs grandes entreprises technologiques exploitant des data centers ont déjà signé des Power Purchase Agreements (PPA), permettant de mobiliser environ 27 GW de capacité nucléaire issue de nouveaux réacteurs. On a même vu, pour la première fois, l’opérateur électrique TVA conclure un accord avec le développeur de SMR Kairos afin d’alimenter les IA de Google. Des projets de remise en service de réacteurs à l’arrêt ont également émergé. Un accord historique a ainsi été signé entre Constellation Energy et Microsoft pour la relance d’un réacteur du site de Three Mile Island.
Une analyse partagée par l’AEN
L’Agence de l’énergie nucléaire (AEN) confirme cette tendance dans son rapport sur les SMR publié en juillet 2025 : « Les moteurs stratégiques du déploiement des SMR – la hausse de la demande d’électricité (notamment liée aux centres de données et aux services numériques), les impératifs de sécurité énergétique et les objectifs nationaux fixés par de nombreux pays pour réduire les émissions de carbone – s’intensifient », observe William D. Magwood, directeur général de l’AEN. ■