Le gouvernement britannique donne son feu vert au plan de financement de Sizewell C
La construction d’une deuxième paire d’EPR au Royaume-Uni est officiellement engagée alors que le gouvernement a annoncé la décision finale d’investissement. Des investisseurs privés anglo-saxons apporteront plus de 10Mds€ au projet, dont le nouveau coût total a été estimé à environ 43,8Mds€.
Des mois de discussions, puis la décision finale d’investissement est tombée presque par surprise. Londres a donné son feu vert aux deux EPR de Sizewell C mardi 22 juillet, après un ultime rebondissement dans le choix de ses partenaires financiers privés. L’implication du gouvernement aura été la clé pour parvenir à un accord sur un projet qui relance le nouveau nucléaire au Royaume-Uni.
La dernière ligne droite a rebattu les cartes d’une manière inhabituelle pour un projet d’une telle envergure. Selon les Échos, le gouvernement britannique a finalement décliné au cours du week-end la proposition d’investissement de Brookfield, un gestionnaire d’actifs canadien qui détient une participation majoritaire dans Westinghouse. Londres lui a préféré un duo composé de la Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ) et du gestionnaire d’actifs Amber Infrastructures.
CDPQ et Amber seront donc conjointement les premiers actionnaires privés de cette réplique du projet Hinkley Point C, avec environ 30 % des parts. Centrica, opérateur du réseau de gaz britannique, prend 15 % du capital. L’accord permet à EDF de ramener sa participation au niveau prévu de 12,5 % ; le reste étant détenu par le gouvernement britannique (à terme 42,5 %). La majorité de la dette du projet sera fournie sous forme de prêts par le fonds souverain du Royaume-Uni ; tandis que Bpifrance proposera jusqu’à 5Mds€ pour des garanties de crédit export.
Tenir les délais et contrôler les coûts
L’accord confirme le renouveau d’attractivité des projets de nouveau nucléaire pour des investisseurs privés, sous réserve de fournir les bonnes garanties. Sizewell C bénéficie du modèle RAB (regulated asset base), qui réduit les risques financiers en sollicitant la contribution des futurs consommateurs dès le début de la phase de construction. De plus, l’accord dévoilé le 22 juillet prévoit un plafond aux dépassements de coûts imputables aux partenaires privés (environ 54Mds€) et des bénéfices si les délais sont tenus.
Prenant acte d’un devis près de deux fois supérieur au montant initial (estimé nominalement à 23Mds€ en 2020), le gouvernement britannique table néanmoins sur une réduction des coûts d’environ 20 % par rapport à Hinkley Point C (HPC), grâce aux économies d’échelle. Londres estime aussi que le projet permettra à terme des gains annuels sur la production d’électricité de plus de 2 milliards de Livres par rapport à un scénario de référence. Par ailleurs, 70 % de la main d’œuvre est localisée dans le pays.
Londres est parvenu à un accord prévoyant des conditions attractives pour les investisseurs privés et une marge pour les dépassements. Une manière de tirer les leçons des déboires de HPC et créer les conditions pour la réussite des projets de nouveau nucléaire. ■