Prix Sfen : soudage, modélisation, toxicologie… découvrez les lauréats 2025 !
Depuis 1983, la Sfen récompense par des Prix décernés annuellement, des travaux, des études, des mémoires ou d’autres contributions traitant du nucléaire, de ses applications industrielles et de la sûreté. Ces projets peuvent être scientifiques, techniques, biologiques, médicaux, sociaux ou encore économiques. Avec un nouveau record de 56 candidatures, découvrez les lauréats de cette année 2025 !
Le Grand Prix Sfen
Il récompense une œuvre à caractère scientifique ou technique, individuelle ou collective, concernant l’énergie nucléaire. Le Grand Prix Sfen 2025 a été attribué à l’équipe de l’institut IRESNE du CEA Cadarache, composée de Leïla Gicquel, Nicolas Auriac, Sébastien Lefevre, Virginie Benoit, Gwendal Blevin, Ciaran Verdelli, Bruno Morassano, Romain Boccaccio, Benjamin Tardivel, Christian Latge pour « L’école du sodium et des caloporteurs avancés, une école au service de l’exploitation des réacteurs du futur, fondée sur 50 ans d’expérience ».

L’école du sodium a été fondée en 1975 afin de répondre aux besoins spécifiques des réacteurs à neutrons rapides (RNR) au sodium. Elle forme depuis 50 ans les opérateurs, techniciens et ingénieurs au pilotage des installations au sodium, boucles expérimentales notamment, à la manipulation de ce métal liquide et aux risques spécifiques liés à son utilisation.
L’offre de formation de l’école de sodium actuellement répartie en 2 principaux parcours : l’exploitation des installations dont les réacteurs et les boucles expérimentales, et l’assainissement – démantèlement a su évoluer en intégrant de nouveaux outils de formation sans se départir de la partie formation pratique et expérimentale. Cette école unique au monde est un atout majeur pour répondre aux attentes énoncées par le Conseil de Politique Nucléaire du 17 mars 2025, concernant la relance du programme de développement des réacteurs à neutrons rapides de forte puissance et des nouveaux concepts de RNR proposés par les start-up labélisées France 2030.
Une mention est attribuée cette année à Isabelle Giboire, Benjamin Frasca, Luc Taillard, Christophe Girold, Christophe Lafon, Stéphane Lemonnier, Florent Lemont, Majdi Mabrouk, Rodolphe Magnin, Mickaël Marchand, Karine Poizot et Aldo Russello pour « ELIPSE : un procédé innovant pour une solution de minéralisation par plasma des déchets liquides organiques radioactifs », procédé développé au CEA en collaboration avec Cyclife d’EDF et l’Andra.
Le Prix Jacques Gaussens du jeune chercheur
Le Prix Jacques Gaussens récompense un chercheur de moins de 35 ans pour un travail approfondi dans le domaine scientifique ou technique. Il a été décerné cette année à Tommaso Barani, chercheur au laboratoire d’Expertises et de Validation des Applications combustibles multi-filières, LEVA, du département d’études du combustible du CEA Cadarache, pour ses travaux sur « La Modélisation multi-échelle des combustibles nucléaires pour les réacteurs de nouvelle génération ».

Tommaso Barani a développé des compétences sur un très large périmètre de la physique et modélisation du combustible nucléaire, tant au niveau de la diversité des problématiques que des types de combustible. Il s’est intéressé depuis son arrivée au département d’études des combustibles du CEA Cadarache à l’analyse et à la modélisation du comportement des combustibles Mox des RNR. Il a également participé à la validation du code de combustible nucléaire pour les réacteurs de nouvelle génération, Germinal de la plateforme Pleiades. Il a également participé à l’extension du domaine d’application de ce code pour le développement des SMR portés notamment par les start-up françaises et pour le combustible Mox RNR irradiés à basse température. L’ensemble de ses travaux se traduit par une production documentaire très importante : 28 articles écrits ou co-écrits dans des journaux à comité de lecture, des contributions à plus de 20 présentations dans des congrès.
Le Prix Jean Bourgeois
Le prix Jean Bourgeois récompense la meilleure thèse dans le domaine nucléaire. Celui-ci a été décerné à Sandra Barhoum du CEA pour sa thèse intitulée « Développement d’une méthode d’analyse miniaturisée dédiée à l’étude des interactions de radioéléments liés à l’A&D (assainissement et démantèlement) avec des composants biologiques ».

Sandra Barhoum a soutenu sa thèse le 29 avril 2024 à l’Université Paris Sorbonne. Elle a été réalisée au Laboratoire de Développement Analytique, Isotopique et Elémentaire de l’institut des sciences appliquées et de la Simulation pour les énergies bas carbone (ISAS) de la direction des Energies du CEA. Ses travaux s’inscrivent dans la problématique de la toxicologie nucléaire. Ils visent à comprendre le comportement biologique à l’échelle moléculaire du plutonium, afin de mieux anticiper sa biodistribution en présence d’américium, afin de réduire les incertitudes sur le calcul de la dose engagée et d’améliorer le suivi et la prise en charge thérapeutique des travailleurs accidentellement contaminés lors des opérations d’Assainissement et de Démantèlement. Cette thèse assez fondamentale ouvre la porte à des perspectives larges et très variées, l’application de l’IMAC (chromatographie d’affinité sur ions métalliques immobilisés) dans le domaine de la radiochimie ainsi que la possibilité de fonctionnaliser à façon le support monolithique miniaturisé afin d’immobiliser d’autres radioéléments.
Une mention est attribuée cette année à Corentin Reiss pour sa thèse intitulée « Modélisation des écoulements bouillants en réacteur nucléaire par CFD : application à la prédiction du flux critique ».
Le Prix de l’innovation technologique
Le Prix de l’innovation technologique a été créé il y a 10 ans pour mettre en évidence les innovations technologiques réalisées dans le domaine nucléaire. Il a été remis à Elefthérios Anagnostopoulos, Florian Girardin et Emmanuelle Verschelde d’Intercontrole pour « Des inspections visuelles en centrale nucléaire plus fiables et plus rapides grâce à l’assistance de l’intelligence artificielle ».

Cette innovation concerne l’optimisation des méthodes d’inspection visuelle par l’intégration dans le processus d’inspection d’un logiciel développé en interne par les lauréats intégrant différents modèles d’Intelligence Artificielle. Ce logiciel baptisé F.AI.A pour Framatome Artificial Intelligence Analysis repose sur la technologie de « Deep Learning ». Il permet de détecter automatiquement des défauts grâce à un apprentissage préalable sur des échantillons caractéristiques de composants avec et sans défauts créant ainsi d’importantes bases de données. Le projet F.AI.A a été testé avec succès en conditions réelles sur des sites de production de Framatome en 2025 et des centrales EDF en 2024. La solution F.AI.A permet de limiter le temps d’intervention sur site et donc le temps de maintenance des centrales. L’outil vise maintenant d’autres composants, d’autres types de réacteurs, REB par exemple et potentiellement des applications hors nucléaire.
Une mention est attribuée cette année à Lionel Gouin, Olivier Guizard, Jérémie Valois, Jules Robin et Damien Miranda d’Onet pour le « Soudage Orbital Assisté par Intelligence Artificielle – SOAA ».
Le Prix de l’Enseignement et de la Formation
Le prix a été attribué ex-aequo aux ouvrages « Materials and processes for nuclear today and in the future », coordonné Fanny Balbaud-Celerier et Céline Cabet et « la monographie CEA – Mécanique des structures » coordonné par Ludovic Jason et Stéphane Loubiere.

Materials and processes for nuclear today and in the future
Ce livre a pour objectif de fournir une vision globale et complète des matériaux non fissiles utilisés dans les systèmes nucléaires actuels et futurs, et de leurs procédés de fabrication et d’assemblage. Les coordonnatrices de cet ouvrage ont fait appel à des experts français et étrangers reconnus internationalement pour la rédaction des 10 chapitres de cet ouvrage. Ce livre constitue une ressource précieuse, tant pour les étudiants en science des matériaux pas nécessairement spécialistes du domaine nucléaire, que pour les scientifiques, ingénieurs et chercheurs impliqués dans l’ingénierie nucléaire et la R&D nucléaire. Il s’impose comme un outil de référence pour comprendre les enjeux actuels et futurs du secteur.
la monographie CEA – Mécanique des structures
Cet ouvrage fait partie des monographies de la Direction des Energies du CEA dont l’objectif est de dresser un tableau complet des recherches en cours sur un domaine donné de l’énergie nucléaire, ici la mécanique des structures. Cette monographie couvre un large spectre, allant de la tenue des composants principaux : cuves, enceintes de confinement aux sollicitations extrêmes telles que le séisme, les chocs, la perte de confinement, en passant par les phénomènes couplés comme l’interaction fluide-structure ou la corrosion sous contrainte. Sans être un manuel académique ni un document normatif, elle occupe une place originale à l’interface entre recherche, ingénierie et expertise, en mettant en valeur l’apport des travaux de R&D à l’ensemble de la filière nucléaire.
Le Prix Bertrand Barré – Information du public
Le Prix Sfen Bertrand Barré récompense une œuvre consacrée à l’énergie nucléaire et contribuant, de façon efficace, à l’information du public. Il a été attribué à Maxence Cordiez et Stéphane Sarrade pour leur livre « L’énergie nucléaire en 100 questions – Pour un monde en transition ».

Cet ouvrage fait partie de la collection « en 100 questions » des éditions Tallandier dont l’objectif est de permettre à tous de mieux comprendre les enjeux du 21ème siècle en répondant à 100 questions. Les 100 questions de cet ouvrage « l’énergie nucléaire pour un monde en transition » se répartissent en 12 grands domaines couvrant tous les aspects de l’énergie nucléaire. Il offre ainsi un panorama complet et accessible au plus grand nombre des enjeux liés à l’énergie nucléaire depuis l’explication des concepts fondamentaux (énergie, atome, réactions nucléaires, radioactivité, contamination, etc) jusqu’aux rôles que cette énergie joue dans la transition vers la neutralité carbone, en passant par le fonctionnement des réacteurs et du cycle du combustible, leur sûreté et sécurité, leur démantèlement.
Une mention est attribuée cette année au jeu « Itinéraire d’un atome » développé par l’association Terminus des Sciences représentée par Arnaud Chapon, Pierre Chazoule, Tristan Kamin, Clara Micheau et Alexis Olivier-Huard. ■