Nucléaire : un nouveau contrat de filière pour structurer la relance - Sfen

Nucléaire : un nouveau contrat de filière pour structurer la relance

Publié le 10 juin 2025 - Mis à jour le 11 juin 2025

Le gouvernement donne un coup d’accélérateur au nucléaire français avec la signature d’un nouveau contrat stratégique de filière pour 2025-2028. Objectif : structurer la relance autour de la performance industrielle, de l’innovation, des compétences, et de la responsabilité environnementale.

À l’occasion d’une réunion des industriels du secteur, organisée ce mardi 10 juin par le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen), les ministres de l’Économie, Éric Lombard, et de l’Énergie, Marc Ferracci, ont signé le contrat stratégique de la filière nucléaire 2025-2028. Très attendu, ce document s’inscrit dans le cadre de la relance impulsée par le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait annoncé en février 2022, lors du discours de Belfort, un programme de construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, avec une option pour huit autres.

« Nous investissons massivement dans l’avenir du secteur, avec d’un côté la prolongation du parc existant jusqu’à 50 voire 60 ans, et de l’autre, le lancement de nouvelles constructions (programme EPR2) », a affirmé Marc Ferracci, en marge des Journées Perspectives de la filière. Éric Lombard a ajouté : « Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est la réaffirmation de notre engagement envers une énergie au cœur de notre souveraineté nationale, de notre compétitivité industrielle et de notre transition écologique : le nucléaire. »

Conscient des attentes, Xavier Ursat, président du Comité stratégique de la filière nucléaire (CSFN) et directeur du nouveau nucléaire et de l’ingénierie chez EDF, souligne dans le contrat : « Ce document nous confère une grande responsabilité collective pour les années à venir. Il nous engage à travailler sur plusieurs leviers essentiels : la performance industrielle, l’excellence opérationnelle et l’innovation. »

Quatre axes prioritaires

Le contrat s’articule autour de quatre axes majeurs, eux-mêmes déclinés en 17 projets, qui couvrent les grands enjeux à venir :

Axe 1 : Renforcer la performance industrielle

Il s’agit ici de muscler la sûreté, la sécurité, l’excellence opérationnelle, la coopération entre les acteurs, la qualité du dialogue social, ainsi que la capacité de la filière à rayonner en Europe et à l’international.

Axe 2 : Relever le défi des compétences

Le secteur emploie actuellement environ 220 000 personnes. Sa relance nécessitera 100 000 recrutements équivalents temps plein sur les dix prochaines années. Formation, attractivité, fidélisation : tout est mis en œuvre pour répondre à ce défi.

Axe 3 : Accélérer la recherche et l’innovation

Ce pilier vise à soutenir la R&D, notamment autour des réacteurs innovants et des usages non électrogènes du nucléaire (chaleur industrielle, hydrogène, etc.).

Axe 4 : Construire une filière responsable et durable

Le dernier axe porte sur la décarbonation, l’adaptation au changement climatique, la sobriété énergétique et l’économie circulaire.

Un secteur exemplaire

Se félicitant de ce soutien renouvelé à la filière, en cohérence avec la future programmation pluriannuelle de l’énergie, Éric Lombard a conclu : « Au-delà des nombreuses qualités du nucléaire, j’aimerais en souligner trois qui doivent inspirer toute notre économie : la confiance, grâce à des exigences qui en ont fait l’une des technologies les plus sûres ; la transversalité, car la filière touche à la défense, au spatial, au naval ou encore à la santé ; et enfin, le long terme, qui nous permet de rendre durable une partie essentielle de notre modèle économique. » ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Image : Signature du contrat de filière. Au premier plan, de gauche à droite : Xavier Ursat (CSFN/EDF), Marc Ferracci (Min. Energie), Eric Lombard (Min. Economie), Xavier Bertrand (Président région Hauts de France). Au second plan, de gauche à droite : Grégoire Ponchon (Framatome), Nicolas Maes (Orano), Philippe Stohr (CEA) et Bernard Fontana (EDF)