[Le nucléaire en chiffres] 30 €/MWh d’écart avec l’Allemagne : la compétitivité de l’électricité française - Sfen

[Le nucléaire en chiffres] 30 €/MWh d’écart avec l’Allemagne : la compétitivité de l’électricité française

Publié le 28 mai 2025 - Mis à jour le 10 juin 2025

Avec la série « Le nucléaire en chiffres », la RGN éclaire les enjeux énergétiques à travers des données clés. Aujourd’hui, intéressons-nous aux prix de gros de l’électricité : grâce au retour en forme du parc nucléaire, la France propose des tarifs pour 2026 nettement inférieurs à ceux de ses voisins, jusqu’à 30 €/MWh de moins qu’en Allemagne.

Depuis le début des années 2020, les prix spot de l’électricité au sein de l’Union européenne ont connu de fortes fluctuations, oscillant entre des niveaux exceptionnellement élevés et, ponctuellement, des valeurs négatives. Cette volatilité résulte d’une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels : la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, la hausse des prix du gaz naturel, ainsi que des aléas climatiques affectant la production d’électricité renouvelable.

En France, cette question a fait l’objet d’une table-ronde organisé par la Commission des finances et la Commission des affaires économiques. Plusieurs personnalités ont été auditionnées, parmi lesquelles Bernard Fontana, PDG d’EDF, Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), France Roubanovitch, président du CLEE (association de grands consommateurs d’énergie), et François Carlier, délégué général de la CLCV (association de consommateurs).

Fin mai, pour une livraison d’électricité en 2026, les entreprises françaises ont pu contracter leur électricité à un prix inférieur de 26 €/MWh par rapport à l’Allemagne, et de 40 €/MWh par rapport à l’Espagne. Selon Bernard Fontana, depuis novembre 2023, les prix de gros accessibles aux clients pour sécuriser leur facture sur un horizon de un à cinq ans ont baissé de 30 % et sont revenus à leur niveau d’avant-crise.

Le graphique ci-dessous illustre clairement que la France s’est distinguée des autres pays de l’UE ces dernières années par des prix spot plus compétitifs.

Un enjeu de compétitivité

Bernard Fontana affirme que les entreprises françaises peuvent contractualiser une électricité à des conditions plus compétitives que celles de leurs concurrentes européennes. À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, avec la fin du dispositif de l’Arenh, les factures d’électricité seront entièrement exposées aux prix de marché. La présidente de la CRE anticipe des prix de gros en France de 58 €/MWh en 2026 et de 57 €/MWh en 2027. Ces niveaux relativement bas s’expliquent par une forte disponibilité de la production nucléaire et une demande atone. En comparaison, les prix allemands devraient atteindre 88 €/MWh.

Le prix de l’électricité constitue une composante essentielle de la stratégie d’électrification des usages. Pour accompagner cette dynamique, EDF propose des offres à moyen terme (trois, quatre ou cinq ans), qui suscitent un intérêt croissant. Plus de 10 000 contrats de ce type ont déjà été signés avec des entreprises, grandes ou petites. Concernant les industriels électro-intensifs, Bernard Fontana a relancé les discussions autour des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) afin d’identifier des marges de manœuvre supplémentaires.

Une fiscalité toujours défavorable à l’électricité

Cependant, la facture d’électricité des consommateurs soumis au tarif réglementé ne reflète que partiellement le prix de l’électricité elle-même, qui ne représente qu’environ 40 % du montant total. Les 60 % restants se répartissent entre les coûts de transport et de distribution (30 %) et les taxes (30 %). Comme le souligne Bernard Fontana, la fiscalité énergétique française continue de favoriser le gaz.

La Société française d’énergie nucléaire (Sfen) a d’ailleurs rappelé l’importance d’une fiscalité alignée sur les émissions de gaz à effet de serre. À titre de comparaison, l’accise sur le fioul domestique — l’un des modes de chauffage les plus polluants — s’élève à 15,62 €/MWh, celle sur le gaz fossile à 16,37 €/MWh, tandis que celle sur l’électricité bas carbone devrait atteindre 32 €/MWh dans le projet de loi en discussion pour 2025. ■

Par Floriane Jacq (Sfen)
Image : Sfen