Sous pression des États-Unis, la Banque Mondiale prête à revenir au financement du nucléaire
Aux États-Unis, une nouvelle résolution parlementaire demande à Washington d’obtenir une révision de la position de la Banque Mondiale sur le nucléaire. En parallèle, la position de l’institution évolue : elle prépare une nouvelle stratégie pour le secteur de l’énergie qui pourrait inclure le nucléaire, et son président a demandé au conseil d’administration la levée du moratoire sur le financement de ces projets.
Marchant dans les pas de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), la Banque Mondiale pourrait-elle bientôt revenir au financement de projets nucléaires ? C’est la demande des États-Unis, par la voix d’un influent comité parlementaire, qui veut aussi lutter contre l’expansion des diplomaties technologiques russes et chinoises. Des visées qui pourraient paradoxalement compliquer la tâche d’Ajay Banga, président de la Banque Mondiale en campagne pour faire évoluer la position de son institution.
L' »International Nuclear Energy Financing Act » a été approuvée à une large majorité par le comité pour les services financiers de la Chambre des Représentants. S’inspirant largement de résolutions similaires déposées en 2021 et 2023, il demande aux administrateurs américains à la Banque Mondiale d’obtenir des prêts et des garanties à l’export pour des projets nucléaires de technologie américaine dans des pays émergents.
Du côté de la Banque Mondiale, des signaux d’ouverture laissent déjà envisager une évolution prochaine. Le Financial Times indiquait début mars que sa nouvelle stratégie pour le secteur de l’énergie, attendue pour mi-2026, pourrait consacrer le nucléaire « comme faisant partie d’un mix énergétique réalisable et fiable ». Lors d’un événement public à Washington le 20 mars, le président de l’institution Ajay Banga a aussi déclaré, selon Bloomberg, que son conseil d’administration allait examiner à sa demande la levée du moratoire sur le financement du nucléaire.
Une pression américaine à double tranchant
Dans ce contexte plutôt porteur, le ton offensif de la résolution du Congrès pourrait compliquer les discussions, si elle correspond à la position officielle des États-Unis. Visant explicitement à favoriser les exportations de technologie américaine et à contrer l’influence de la Chine et de la Russie, elle ne s’inscrit pas dans l’esprit de coopération multilatérale qui prédomine dans les prises de décision dans des institutions comme la Banque Mondiale.
Cette dernière pourrait donc bientôt acter un tournant sur le financement des projets nucléaires, pour peu que les querelles géopolitiques actuelles ne monopolisent pas l’agenda. Les prochaines Rencontres de printemps, un des deux sommets annuels des actionnaires de l’institution, pourraient donner le ton fin avril. ■