Neutralité technologique : l’Alliance du nucléaire rappelle à l’ordre la Commission européenne - Sfen

Neutralité technologique : l’Alliance du nucléaire rappelle à l’ordre la Commission européenne

En marge du Conseil européen de l’énergie, quinze pays, dont la France, ont exprimé leurs préoccupations concernant l’équilibre entre les énergies bas carbone dans les objectifs climatiques de l’Union européenne.

Le 16 décembre, en marge du Conseil européen de l’énergie, s’est tenue à Bruxelles une nouvelle réunion de l’Alliance européenne du nucléaire. Cette initiative française, lancée par la ministre de l’Énergie Agnès Pannier-Runacher en 2023, a réuni 15 pays : Bulgarie, Croatie, République tchèque, Finlande, France, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Suède, ainsi que la Hongrie en tant qu’observateur en raison de la présidence du Conseil de l’UE. L’Italie, la Belgique et l’Estonie étaient également présentes comme observateurs.

La réunion a exprimé son étonnement « suite à la révision de la lettre de mission du commissaire Dan Jørgensen le 1er décembre, mentionnant désormais une proposition future sur les objectifs en matière d’énergies renouvelables pour 2040 ». Cette position semble compromettre le principe de neutralité technologique entre les énergies bas carbone et empiéter sur le droit des États membres de définir leur propre mix énergétique pour atteindre la neutralité carbone. Selon le communiqué de l’Alliance, « les ministres et représentants ont estimé qu’il est actuellement prématuré de se prononcer sur les principes et l’architecture du cadre énergétique post-2030 ».

Le coût complet de chaque énergie

Lors de sa prise de parole à la sortie du Conseil de l’énergie, Agnès Pannier-Runacher a souligné que « la cible de 2040 devait bien prendre en compte l’ensemble des énergies décarbonées » et que la question de la pilotabilité devient aujourd’hui cruciale. Elle a ajouté qu’« il fallait apprécier les coûts complets de chaque énergie, y compris les coûts liés à la gestion du réseau ». Un mix électrique comprenant une part significative de nucléaire bas carbone et pilotable est, selon les scénarios « Futurs énergétiques » de RTE, celui qui présente les coûts réseaux les plus compétitifs.

Reconnaissance du rôle du nucléaire

Selon le cabinet ministériel, le commissaire Dan Jørgensen, présent lors de la réunion de l’Alliance du nucléaire, a reconnu « le recours indispensable à l’énergie nucléaire pour atteindre les objectifs climatiques européens ». L’Alliance a, de son côté, tenu à rappeler qu’aucun pays autour de la table n’est opposé aux renouvelables, bien au contraire. Elle a toutefois insisté sur la nécessaire complémentarité entre les énergies renouvelables et le nucléaire pour garantir un approvisionnement énergétique stable et décarboné. ■

Par Ludovic Dupin

Image : Agnès Pannier-Runacher lors de la réunion de l’Alliance du nucléaire le 16 décembre 2024 – MTES