Prix Sfen : découvrez les lauréats 2023
Depuis 1983, la Sfen récompense par des Prix décernés annuellement, des travaux, des études, des mémoires ou d’autres contributions traitant du nucléaire, de ses applications industrielles et de la sûreté. Ces travaux peuvent être scientifiques, techniques, biologiques médicaux, sociaux ou encore économiques. Découvrez les lauréats de 2023 récompensés le 5 juillet dernier.
Le Grand Prix Sfen
Le Grand Prix Sfen récompense une contribution scientifique, individuelle ou collective destinée au développement de l’énergie nucléaire. Il a été attribué cette année à « la plateforme logicielle PLEIADES : 20 ans d’activité au service de la simulation des combustibles pour le développement de l’énergie nucléaire », porté par Bruno Collard (CEA), Rodrigue Largenton (EDF) et Jérôme Roland (Framatome).

La plateforme de simulation des combustibles Pleiades (Plateforme logicielle pour les éléments irradiés dans les assemblages, en démonstration, en expérimentation ou en service) fête ses 20 ans cette année. Elle est développée au CEA dans le Département d’études des combustibles à Cadarache en collaboration avec les industriels français du nucléaire, EDF et Framatome, et plus récemment avec TechnicAtome et Orano.
Lors de la remise du prix, deux études ayant apporté un soutien direct à EDF dans les analyses de sûreté ont été soulignées :
– les simulations 3D pour évaluer le risque de dispersion de combustible dans le circuit primaire en situation d’éjection de grappe ;
– les simulations 3D de l’état thermomécanique de la partie basse d’un crayon AFA 3G Mox et de la cale en Zircaloy-4 en situation de transitoire.
La plateforme Pleiades a engagé son évolution numérique vers le calcul haute performance pour ouvrir à l’horizon 2030 de nouvelles capacités de modélisation plus riche, plus physique avec des résolutions accrues. Pleiades sera ainsi en capacité d’aborder de nouvelles problématiques et d’apporter sa contribution aux enjeux du nucléaire de demain : EPR2, SMR mais aussi l’accompagnement des startups émergentes.
Le Prix Jacques Gaussens du jeune chercheur
Le Prix Jacques Gaussens, qui récompense un jeune chercheur, a été décerné à Claire Onofri-Marroncle, ingénieure-chercheure au Département d’études des combustibles du CEA Cadarache (DEC), pour ses travaux sur « L’évolution des défauts étendus au cours de l’irradiation du combustible UO2 ».

Après l’obtention de son diplôme de l’école PHELMA Grenoble, Claire a poursuivi une thèse dans le département sur l’Étude des défauts étendus induits par irradiation dans le combustible UO2 par microscopie électronique en transmission. Elle s’est intéressée à la formation et l’évolution des boucles et des lignes de dislocations sous irradiation en couplant irradiations par particules chargées et microscopie électronique en transmission (JANNUS Orsay). Cette thèse établit le rôle de la température et de la présence de Xénon, atome représentant les produits de fission, sur la création des dislocations et a ainsi permis d’améliorer la compréhension du durcissement sous irradiation du combustible UO2 et la prise en compte de façon plus réaliste des mécanismes élémentaires dans les lois de comportement viscoplastique de la plateforme PLEIADES susmentionnée.
Après sa thèse, elle a poursuivi ses travaux en s’intéressant à d’autres types de défauts créés par l’irradiation dans le combustible UO2 avec la même méthodologie (microscopie électronique en transmission et irradiation par particules chargées). Par ailleurs, Claire Onofri-Marroncle est l’auteure ou co-auteure de 24 publications dans des journaux avec comités de lecture. Elle a présenté ses travaux lors de sept conférences internationales et co-encadre quatre thèses, dont deux soutenues, en 2019 et 2020. Elle a proposé deux sujets de thèses devant démarrer en octobre 2023.
Le Prix Jean Bourgeois
Le prix Jean Bourgeois, qui récompense la meilleure thèse, a été remis à Manon Delarue pour sa thèse « Contribution au développement d’une méthode de caractérisation pour des colis de déchets bétonnés et volumineux par photofission » soutenue en octobre 2022 à l’Université Grenoble Alpes. Cette thèse a été réalisée au laboratoire des mesures nucléaires du CEA Cadarache sous la direction de Johann Collot, professeur de l’Université Grenoble Alpes et de Bertrand Perot, expert international CEA.
Ses travaux de thèse concernent le développement d’une méthode de caractérisation de colis de déchets par Interrogation photonique active (IPA). Ils visent, en particulier, à caractériser les gros colis de déchets fissiles bétonnés « historiques » du CEA. Compte tenu de la nature de ces colis de déchets (grand volume et matrice béton), les techniques nucléaires non destructives habituellement utilisées ne peuvent être mises en œuvre pour la caractérisation de ce type de déchets.

Deux mentions ont été attribuées cette année à :
– Chih-Ying Hsu pour sa thèse « Analyse quantitative par STEM-EDX des ségrégations intergranulaires appliquée à l’étude de la fragilité de revenu réversible des microstructures bainitique et martensitique d’un acier faiblement allié »
– Hunter Belanger pour sa thèse « Développement de méthodes numériques pour la neutronique en milieu continu ».
Le Prix de l’innovation technologique
Le Prix de l’innovation technologique a été créé il y a 8 ans pour mettre en évidence les innovations technologiques réalisées dans le domaine nucléaire. Il s’adresse non seulement aux équipes des grands donneurs d’ordre, mais aussi aux très nombreuses entreprises et PME du secteur. Le prix a été remis à Christophe Creminon, Sébastien Garcia-Argote, Karen Hinsinger, Stéphane Lemonnier, Florent Lemont, Majdi Mabrouk, Hélène Nonnet et Karine Poizot (CEA), Benjamin Frasca (Andra), Mathieu Solacroup (Inovertis) pour leur projet « Développement du procédé IDHOL pour le traitement de déchets organiques liquides sans filière ».

Le procédé IDHOL, Installation de destruction d’organo-halogènes liquides fournit une solution pour le traitement de déchets liquides organiques radioactifs sans filière de traitement identifiée. Le principe du procédé développé par le CEA avec le soutien de l’entreprise INOVERTIS repose sur l’introduction du liquide à traiter au cœur d’un plasma inductif d’air (c.-à-d. sans électrode). La très haute température (10 000°C) détruit instantanément les composés organiques en les transformant en gaz tel que HCl, HF, H2O et CO2 comportant du tritium et du carbone 14. Les rendements de destruction sont supérieurs à 99,9% avec des cinétiques élevées. Les gaz sont ensuite lavés dans des colonnes par eau sodée permettant la neutralisation des différentes espèces. Le procédé est suffisamment flexible pour accepter des liquides chlorés, phosphorés, fluorés ou soufrés.
Les travaux de développement se sont étalés sur une période d’environ 20 ans, depuis la démonstration de la faisabilité du procédé au CEA Le Ripault jusqu’au fonctionnement en actif au CEA Saclay, avec comme étape intermédiaire la mise en place d’un réacteur pilote en inactif au CEA Marcoule qui a apporté des améliorations significatives du procédé initial qui ont conduit aux dépôts de 2 brevets protégeant ainsi le procédé IDHOL.
Le Prix de l’Enseignement et de la Formation
Le Prix de l’enseignement et de la formation, qui récompense un ouvrage scientifique ou technique, a été remis à Nicolas Thiollière, enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure Mines-Télécom Atlantique Bretagne Pays de la Loire et Jacques Percebois, professeur émérite de l’Université de Montpellier, pour l’ouvrage « Économie de l’énergie nucléaire » dont ils sont les coordinateurs.

Cet ouvrage en deux tomes est dédié à l’analyse économique du cycle électronucléaire. Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé par 20 personnes du monde académique et du monde industriel français et belges sous la direction de Jacques Percebois et Nicolas Thiollière. Cet ouvrage très ambitieux vient combler un manque important dans les ouvrages universitaires portant sur l’économie du nucléaire puisque le dernier ouvrage français de référence date de 2004. Une de ses qualités est de repositionner les problématiques nucléaires dans le contexte énergétique actuel et futur.
Après un premier chapitre sur l’évolution du nucléaire dans le monde et en France, cet ouvrage traite l’ensemble du cout de la filière nucléaire : de l’extraction du minerai d’uranium à la gestion des déchets en passant évidement par la production du combustible et de l’électricité dans les réacteurs de 2ème génération, de l’EPR et également des RNR et SMR.
Le Prix Bertrand Barré – Information du public
Le Prix Bertrand Barré est attribué à Marianne Aran-Bernard, Laura El-Deel, Odile Pierrot, Catherine Dalverny, Christophe Neugnot et Jean-Baptiste Guillerme pour le dossier « Orano, the place to be ou comment déployer une campagne digitale pour donner envie aux jeunes de nous rejoindre ! ».

Orano a mis en place à partir de 2022 une nouvelle stratégie de communication afin d’apporter une vision prospective et attractive du nucléaire comme énergie d’avenir et lutter contre les idées reçues, développer la notoriété de la marque, lui adosser un capital sympathie et mieux faire connaitre les métiers du nucléaire. Un des buts de cette nouvelle stratégie est d’attirer des techniciens et ingénieurs vers les métiers du nucléaire. Cette nouvelle communication disruptive pour toucher les jeunes, les jeunes diplômés d’École d’ingénieurs, d’université, de DUT et BTS et aussi les collégiens de 3ème en recherche de stage, s’est tourné vers les outils digitaux bien connus des jeunes : les réseaux sociaux.
Sur huit thématiques représentant le groupe Orano (recyclage/gestion des déchets, nouveaux combustibles, sécurité/protection, climat…), Orano a réalisé des vidéos, des contenus pour Instagram, des déclinaisons sur TikTok et LinkedIn, des vidéos avec des vidéastes comme Dr Nozman, Le QG et Ludovic B. dont l’audience est large et le sérieux généralement connu auprès des jeunes et des adolescents. Orano a ainsi su toucher la jeune population via ces différents médias/réseaux sociaux. Plus de 4 millions de vues de l’entretien de Philippe Knoche avec Le QG, près d’un million de vues avec le Dr Nozman. Près de 280 000 vues de vidéos sur Instagram avec 1340 abonnées pour 112 publications. Sur TikTok, 102 vidéos ont été réalisées pour près de 6,5 millions de vues et près de 18 000 abonnés.■