Un besoin d’électricité toujours plus important et des émissions de CO2 en hausse
Le dernier rapport de l’AIE témoigne d’une année exceptionnelle au niveau mondial marquée par de fortes perturbations dans le domaine énergétique (sécheresse, envolée des prix du gaz…) et un nouveau record d’émissions de CO2 du secteur. La production d’électricité en 2022 continue à augmenter en dehors du continent européen.
L’Electricity Market Report 2023 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) fait le point sur l’électricité dans le monde. Un travail qui permet notamment de mieux apprécier le défi que représente la seule décarbonation de l’électricité et par extension le défi de la transition énergétique.
Le constat est carboné ! La consommation d’électricité a continué de croître en 2022 malgré la crise énergétique et le charbon représente toujours plus d’un tiers de la production électrique. Les émissions de CO2 liées au secteur sont par ailleurs en hausse, elles auraient même atteint un sommet historique avec 13,2 Gt de CO2. Enfin, le rapport mentionne des tensions sur les réseaux électriques, pourtant développés, de différents pays, en France, en Chine, aux États-Unis ou encore au Japon.
Une demande toujours plus forte… sauf en Europe
Malgré la conjoncture économique, la consommation d’électricité est en croissance au niveau mondial. Une augmentation de 2 % légèrement inférieure à la moyenne 2015-2019 (2,4 %). Cette croissance est tirée par l’Asie-Pacifique avec une consommation de + 434 TWh (total 13 479 TWh) par rapport à 2021. L’Europe, fortement impactée par la crise énergétique, est la seule région dont la demande a baissé (-95 TWh, total 3 675 TWh). Cela est dû à l’effacement, plus ou moins contraint, d’une partie de la consommation. Par ailleurs, les deux tiers de l’Europe étaient impactés par la sécheresse, la production électrique des barrages italiens (- 35 %), espagnols (- 30 %) et français (- 20 %) a été fortement impactée. La production nucléaire a également été 17 % plus faible dans l’UE.
Addition électrique : le charbon représente toujours une part importante dans le mix mondial
En 2022, la production nucléaire a représenté la génération de 2 684 TWh (- 4,3 %), le charbon 10 325 TWh (+ 1,5 %), les énergies renouvelables combinées 8 349 TWh (+ 5,7 %) et le gaz reste stable avec la production de 6 500 TWh (+ 0,2 %). Sur la période 2020-2021, la production nucléaire était en croissance de 5 %, celle des renouvelables était déjà de + 5,7 %. Quant au charbon, il faisait un retour en force sur fond de reprise économique post-covid avec un rebond de + 8 %.
Sur une production totale de 28 642 TWh en 2022, le charbon représente plus de 35 % du mix électrique mondial. Autrement dit, le déploiement des énergies basses carbone n’est pas (encore) en capacité de répondre entièrement à la hausse de la demande. On observe addition des moyens de production. D’ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie prévoit sur la période 2023-2025 une hausse des énergies bas carbone – nucléaire (+ 3,6 %) et renouvelables (+ 9 %) – et une stagnation des énergies fossiles – gaz (+ 0,1 %) et charbon (- 0,3 %). Les énergies bas carbone devraient néanmoins « représenter 90 % de la hausse de la demande électrique ces trois prochaines années », analyse l’AIE, offrant ainsi une perspective d’amélioration.
Un nouveau record des émissions de CO2 du secteur électrique
« La production d’électricité est le secteur le plus émetteur de CO2, mais c’est aussi le fer de lance de la transition vers la neutralité carbone », résume l’Agence onusienne. « Nous estimons que le monde a atteint un nouveau sommet historique d’environ 13,2 Gt d’émissions de CO2 », précise-t-elle. Les émissions du secteur électrique sont à la hausse avec + 1,3 % sur la période 2021-2022. « Ce niveau record est principalement dû à la croissance de la production à partir de combustibles fossiles en Asie-Pacifique. L’Europe et l’Eurasie ont également contribué à cette augmentation ».
Le déploiement des énergies bas carbone a besoin d’être accéléré aux quatre coins du monde pour être à la hauteur de ce défi titanesque qu’est la transition énergétique. Le scénario de neutralité carbone de l’AIE (NZE) repose notamment un triplement des énergies renouvelables et une augmentation de la production nucléaire de 40 % entre 2020 et 2030. Les projections de ce rapport montrent une progression de 40 % des renouvelables et de 11 % de l’énergie nucléaire entre 2020 et 2025. ■