L’administration américaine engage 6 milliards de dollars pour préserver ses réacteurs nucléaires
Le 19 avril 2022, le département américain de l’énergie (DoE) a annoncé avoir lancé son appel à candidature dans le cadre du « Civil Nuclear Credit Program » (CNC). Ce programme prévoit six milliards de dollars afin de protéger le parc nucléaire historique en évitant toute fermeture prématurée de ses réacteurs en raison de difficultés économiques grandissantes dans un marché dérégulé de l’électricité.
Dans un communiqué publié mi-avril, le DoE insiste sur l’importance vitale que représente son parc nucléaire historique sur le plan énergétique. Il réaffirme sa volonté de protéger ces infrastructures de tout risque de fermeture anticipée. Depuis 2013, 12 réacteurs sur 93 ont dû fermer prématurément, entrainant ainsi une augmentation des émissions de carbone, une dégradation de la qualité de l’air et la perte de milliers d’emplois qualifiés.
La secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer M. Granholm, a donc voulu rappeler les engagements pris par l’administration Biden-Harris, de maintenir ces réacteurs actifs en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Celle-ci a déclaré : « Nous utilisons tous les outils disponibles pour que ce pays soit alimenté par une énergie propre d’ici 2035, et cela inclut de donner la priorité à notre parc nucléaire existant pour permettre une production continue d’électricité sans émissions et une stabilité économique pour les communautés qui dirigent cet important travail ».
Menaces économiques
L’enjeu est de prévenir de nouvelles fermetures prématurées de réacteur en raison de la conjoncture économique. Ainsi, des directives associées au CNC indiquent aux propriétaires ou aux exploitants de réacteurs nucléaires la manière de demander un financement pour préserver leur actif. L’administration américaine prévoit une somme globale de six milliards de dollars pour répondre à ce besoin.
Le sénateur américain Joe Manchin (D-WV), président de la commission sénatoriale de l’énergie et des ressources naturelles, a déclaré : « Je suis heureux de voir que le ministère de l’Énergie a travaillé avec une rapidité et une détermination incroyable pour déployer le Civil Nuclear Credit Program, autorisé et financé par la loi bipartite sur les infrastructures. Cela permettra aux réacteurs à risque de commencer à soumettre des offres au cours des 30 prochains jours ».
En effet, comme l’ont demandé plus tôt cette année de nombreux commentateurs publics lors de la période de « Request for Information » (RFI), le premier cycle d’attribution du CNC donnera la priorité aux réacteurs qui ont déjà annoncé leur intention de cesser leurs activités. Il acceptera les demandes de certification et les offres en une seule soumission pour mettre en œuvre le programme dans un délai plus court. Les futurs cycles d’attribution du CNC – y compris pour le deuxième cycle qui sera lancé au premier trimestre de l’exercice 2023 – ne seront, quant à eux, pas limités aux réacteurs nucléaires dont la fermeture a été annoncée publiquement. ■