Faut-il enterrer profondément sous terre les déchets radioactifs ?
Cela dépend du niveau de radioactivité[1] et de la durée de vie[2] des déchets. On distingue notamment les déchets radioactifs à vie courte des déchets radioactifs à vie longue. Pour les premiers, la radioactivité provient principalement d’éléments radioactifs dont la demi-vie est inférieure ou égale à 31 ans.
En France, 90 % du volume des déchets radioactifs produits sont constitués de déchets dont la radioactivité est proche de la radioactivité naturelle[3]. Une large part restante comprend des déchets dont la radioactivité diminue rapidement et sera, dans 300 ans, de l’ordre de la radioactivité naturelle[4]. Pour ces déchets, des stockages de surface ou à quelques mètres de profondeur sont mis en œuvre. Les modalités de conditionnement des déchets, les infrastructures du stockage et le choix du milieu géologique permettent alors d’empêcher la dispersion rapide des éléments radioactifs dans la biosphère.
En revanche, certains déchets radioactifs à vie longue restent dangereux pendant plusieurs millénaires. Ils sont aujourd’hui conditionnés et entreposés sur les sites des producteurs de déchets. Le conditionnement permet d’immobiliser la radioactivité qu’ils contiennent, et assurer leur manutention et leur entreposage sans risque. Compte tenu de la durée de nocivité de ces déchets, il faudrait construire régulièrement de nouveaux entreposages surveillés, voire à reconditionner les déchets. Cela pèserait sur les générations futures, et surtout nécessiterait une stabilité de la société civile sur des milliers d’années. La solution privilégiée est de « les enterrer profondément sous terre », c’est-à-dire de les stocker dans une formation géologique profonde (en France, une roche argileuse à 500 mètres sous le sol pour les déchets les plus dangereux), stable et permettant de confiner la radioactivité. Un tel choix permet d’isoler ces déchets radioactifs de l’homme et de son environnement de manière sûre et définitive.
C’est pourquoi la France a entrepris la construction du site de stockage Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) dans la Meuse. Sous la responsabilité de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), son exploitation doit débuter à l’horizon 2035 et durer environ un siècle. Ce choix technologique a été fait par plusieurs pays dont la Suède et la Finlande. La Commission européenne reconnait par ailleurs qu’il s’agit de la meilleure solution pour l’entreposage des déchets de haute activité à vie longue[5]. ■
[1] La radioactivité d’un déchet est quantifiée par le nombre de ses désintégrations par seconde
[2] La durée de vie d’un déchet radioactif dépend de la demi-vie (ou période radioactive) des éléments radioactifs qu’il contient. La radioactivité diminue d’autant plus vite que la demi-vie est courte. Par exemple, pour un élément dont la demi-vie est de 30 ans, sa quantité initiale est divisée par 1000 après 300 ans.
[3] Déchets de Très Faible Activité (TFA)
[4] Déchets de Faible et Moyenne Activité à vie courte (FMA-VC)
[5] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=PI_COM%3AC%282022%29631&qid=1647359214328