Zoom sur : Fessenheim, 43 ans d’exploitation seulement - Sfen

Zoom sur : Fessenheim, 43 ans d’exploitation seulement

Publié le 19 mars 2020 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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La centrale nucléaire de Fessenheim a fait partie des 58 réacteurs à eau pressurisée (REP) en service en France. Elle a arrêté définitivement sa production, pour la tranche 1 le 22 février, et la tranche 2 est prévue pour le 30 juin 2020. La fermeture de Fessenheim est une décision politique mal comprise car elle coupe la France d’une source d’électricité bas carbone à l’heure du changement climatique et de la réindustrialisation de la France.

1977 | 1979

7 mars 1977, 15h11 – Dans le coeur chargé de Fessenheim 1, premier réacteur nucléaire français de la filière REP 900 MW, se produisent les premières fissions. Un aboutissement pour les ingénieurs d’EDF et le constructeur de la chaudière nucléaire, Framatome. Fessenheim 2 diverge 113 jours plus tard, le 27 juin 1977.

6 avril 1977 – La tranche 1 est couplée au réseau électrique national et produit ses premiers kWh. La tranche 2 suit, le 6 octobre 1977.

1978 – Avec son niveau de production de 6,071 milliards de kWh, la tranche 1 se classe à la 7e place sur les 168 tranches nucléaires en service dans le monde (hors unités installées en Europe de l’Est).

1979  Les deux tranches sont mises à l’arrêt après 18 mois de fonctionnement afin de renouveler le combustible et réaliser les contrôles et révisions de type « décennal » [1]. La durée des arrêts de cette première visite type « décennal » sera respectivement de 131 jours pour la tranche 1 et de 100 jours pour la tranche 2.

1980 | 1989

1980 – Sortie du film En direct du coeur tourné en 1979 à Fessenheim et primé aux festivals du film de Biarritz et de Copenhague. 

1981 – Le premier château d’acier et de plomb contenant du combustible usé quitte les installations par rail en mars 1981, pour être traité sur le site de La Hague.

1982  Inauguration du Centre d’information sur l’énergie et la centrale, construit à l’extérieur du site, pour permettre au grand public de s’informer sur la centrale et plus largement sur l’énergie nucléaire.

1983 – 35 000 heures de travail ont nécessaires pour changer préventivement toutes les broches [2] de la tranche 2.

1984 – Meilleure performance annuelle de production depuis 1977 (13 milliards de kWh), arrêts programmés les plus courts (35 et 36 jours), sécurité au travail optimale (1,1 accident pour 100 agents), disponibilité exceptionnelle de la tranche 2 (97,87 % hors arrêt annuel) : tous les indicateurs du site de Fessenheim sont au beau fixe.

1985 – Année qui marque l’atteinte du cap des 100 000 heures de fonctionnement depuis le couplage au réseau en 1977.

1986 – La direction de la centrale lance une réflexion approfondie sur la façon de faire « mieux et autrement » dans les activités du quotidien.

16 février 1987, 15h38 – La barre des 100 milliards de kWh produits depuis l’entrée en fonctionnement de la centrale est atteinte.

1988  Mise en service d’un filtre à sable, dans le cadre du retour d’expérience de l’accident de Three Mile Island [3].

1989  Lancement de la première visite décennale pour la tranche 1 (27 semaines d’arrêt). La tranche 2 suivra un an plus tard (24 semaines d’arrêt).


1991 | 1999

1991 – En raison de la guerre du Golfe, la phase 2 du plan « Vigipirate » est mise en oeuvre avec des moyens de sécurité renforcés sur et autour de la centrale.

1992 – Des missions d’expertises sont effectuées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en présence de 16 experts internationaux. Conclusion : « Fessenheim, une centrale bien conçue et bien gérée ». Quelques jours plus tard, 8 experts internationaux procèdent à une mission Assesment of Safety Significative Events Team (ASSET). Bilan : « Les mesuresprises par EDF et Fessenheim sur la prévention des incidents et la prise en compte des défaillances sont importantes et efficaces pour un parc standardisé ».

1994 – Le service de conduite passe de 6 à 7 équipes, permettant de dégager 4 à 6 semaines de formation pour chacun des agents, dont 2 sur simulateur.

1995 – Premier exercice grandeur nature de simulation d’accident nucléaire en France. Une simulation réalisée avec la participation active de la population de Fessenheim, de Blodelsheim et des communes avoisinantes, ainsi qu’avec la collaboration de la préfecture du Haut-Rhin et des services de secours.

1996 –  Remplacement du couvercle de la cuve.

1997 – Inauguration du simulateur de pilotage, utilisé pour la première fois trois semaines plus tard par des équipiers de conduite.

1998 – Le 9 avril, plus de 90 salariés participent au nettoyage de printemps, pour assurer la propreté de la centrale. Une action toujours menée depuis.

1999 – Le site se porte volontaire pour être pilote de l’installation de nouveaux portiques de détection dits « C3 », au-delà des portiques C1 et C2 déjà dédiés à la radioprotection.


2000 | 2009

2000 – L’année des visites décennales (VD2) marque la fin de la visite décennale n° 2 de la tranche 1 et le démarrage de la visite décennale n° 2 de la tranche 2.

2001 – Remplacement des postes informatiques par des ordinateurs plus puissants, permettant l’utilisation de VECTOR, un outil consistant en une plateforme d’applications identique sur chaque poste, commun sur l’ensemble du parc EDF (40 000 postes).

2002 – Au cours de l’arrêt pour maintenance de la tranche 1, les 3 générateurs de vapeur sont remplacés. Un chantier de plus de 100 millions d’euros.

2004 – La tranche 1 est mise à l’arrêt plus de six mois. En cause, la présence de résines dans le circuit primaire, situation consécutive à une manoeuvre d’exploitation sur le système de purification (RCV).

2005 – Première centrale du parc d’EDF à obtenir la certification OHSAS 18001 [4].

2007 – Des travaux de réfection de l’étanchéité extérieure du dôme du bâtiment réacteur de la tranche 2 sont menés dans le cadre de la maintenance préventive. Ils consistent à remplacer une membrane bitumeuse recouverte d’une couche d’aluminium sur une surface de 1500 m2. Ces mêmes travaux avaient été réalisés en 2000 sur la toiture du bâtiment réacteur de la tranche 1.

2009 – 1200 m2 de locaux sont dédiés à la formation des collaborateurs et à un chantier école, un outil innovant qui permet d’acquérir les gestes professionnels et comportements attendus de tout exploitant nucléaire.


2010 | 2020

2010 – Le 1er septembre, les équipes du Peloton spécialisé de protection de gendarmerie (PSPG) prennent leurs quartiers sur le site et renforcer encore la protection du site 24h/24.

2011 – Suite à l’accident de Fukushima, EDF remet à l’ASN 19 rapports d’Évaluations complémentaires de sûreté (ECS) des sites nucléaires dont celui de Fessenheim. Il s’agit de réexamens approfondisde la conception des centrales pour confirmer l’existence de marges de sûreté face à des situations extrêmes. Plus de 300 ingénieurs d’EDF sont impliqués dans la réalisation de ces ECS. 

2012 – À l’issue d’une évaluation par des experts d’EDF, le niveau BON est décerné à la centrale pour l’état de ses installations. Cette récompense est le signe du travail important mené par les salariés du site pour maintenir la propreté et le rangement des bâtiments industriels aux meilleurs standards internationaux. 

2013 – Les radiers (dalle de béton située à la base du bâtiment réacteur) des deux unités sont renforcés pour augmenter leur résistance au corium, dans le cas hautement hypothétique d’un événement majeur.

2014 – Appropriation du déploiement du Système d’information du nucléaire (SDIN) propre aux centrales nucléaires.

2015 – Un nouveau bâtiment laboratoire sort de terre : un ouvrage de 1 700 m2 sur 3 niveaux comprenant 3 laboratoires de mesures et d’analyses, des bureaux, des salles de réunion et des locaux techniques. Objectif : répondre aux nouvelles exigences réglementaires dans le domaine de la surveillance de l’environnement grâce à de nouveaux équipements de mesure.

2016 – La réglementation applicable à la centrale en matière de rejets et de prélèvements d’eau évolue, pour disposer d’un cadre réglementaire conforme aux enjeux environnementaux. 

2017 – Avec une Évaluation ciblée d’excellence et une Peer Review, le site présente aux experts de l’Inspection nucléaire et de WANO [5] ses capacités à produire de la performance en toute sûreté.

2018 – La centrale produit 11,9 milliards de kWh, soit l’équivalent de 85 % de la consommation de l’Alsace.

2019 – 2 arrêts consécutifs pour maintenance, contrôles réglementaires et rechargement du combustible. En reconnectant les réacteurs plus tôt que prévu au réseau, 20 jours de production ont été gagnés représentant 15 millions d’euros de chiffre d’affaires.

2020 – Arrêt définitif de la tranche 1 le 22 février et de la tranche 2 le 30 juin. Une page de 40 ans de production d’électricité sûre et bas carbone se tourne pour cette centrale exemplaire.


L’électricité produite par la centrale de Fessenheim en 4 mots :

 

« bon marché »  L’électricité d’origine nucléaire en France est  une des moins chères d’Europe. À titre de comparaison, un foyer allemand paie son courant 70 % plus cher qu’un foyer français (Eurostat, 2018).

« génératrice d’emplois »  Ce sont 5 000 emplois, directs, indirects et induits qui étaient générés par la centrale. Son démantèlement n’occupera que 15 % seulement des effectifs en temps d’exploitation.

« sûre » – Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de 2012 à 2018 a qualifié la centrale nucléaire de Fessenheim comme étant « l’une des usines les plus sûres de France ».

« bonne pour le climat »  La centrale de Fessenheim émet 6 g de CO2/kWh, alors que, de l’autre côté du Rhin, le système électrique allemand émet plus de 400 g de CO2/kWh (Entsoe).

 

 


Inspection de la cuve avec la MIS (Machine d’inspection en service) qui est une épreuve hydraulique du circuit primaire, une épreuve de l’enceinte, etc.

Les broches sont des éléments constitutifs des tubes-guides des grappes de contrôle des réacteurs à eau pressurisée (REP 900 MW). Suite à plusieurs déclarations d’événements sur des broches, aux États-Unis et au Japon, EDF a décidé de remplacer toutes les broches de ses centrales en fonctionnement et en construction.

Ce réservoir rempli de sable et d’argile permettra de filtrer les gaz évacués de l’enceinte pour la décompresser ; il est relié à chaque bâtiment réacteur par une vanne manuelle et raccordé à la cheminée de ventilation. C’est un garant supplémentaire du confinement.

Référentiels de management concernant le management de la santé et de la sécurité au travail.

Association mondiale des exploitants nucléaires ou en anglais World Association of Nuclear Operators qui réunit, au niveau mondial, les exploitants nucléaires. L’objectif de cette association est d’améliorer la sûreté nucléaire des

installations et de ses membres.


Du premier béton à la production du premier kWh : 6 ans de travaux | 70 entreprises employant 5 520 personnes | 10 millions d’heures de travail | 12 grues et 500 ouvriers mobilisés pour édifier le bloc usine de 15 000 m2 qui a nécessité 150 000 m3 de béton | 200 000 m3 d’agrégats | 4 000 tonnes de ciment | 20 000 tonnes d’acier – Cécile Crampon (SFEN) avec l’aide du service documentaire d’EDF Fessenheim – Photo : © EDF Fessenheim