Zaporijia, le dernier réacteur de la centrale ukrainienne en arrêt à froid

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé que tous les réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia étaient désormais en arrêt à froid. Une condition qui augmente les marges de sûreté en cas d’accident, mais qui « ne change pas fondamentalement la situation » selon les propos du directeur général de l’AIEA qui a dénoncé les récentes attaques sur la centrale.
C’est « la première fois depuis fin 2022 que les six réacteurs sont en arrêt à froid » a fait savoir l’AIEA[1]. Une situation caractérisée par une température de l’eau du circuit primaire inférieure à 100 °C (typiquement inférieure à 60 °C) et une pression de l’ordre de la pression atmosphérique (pour en savoir plus). « La décision de mettre les six unités de la centrale nucléaire de Zaporijia est bénéfique, le refroidissement des réacteurs offrant une marge supplémentaire en cas d’accident, a souligné le 13 avril 2024 le directeur général de l’AIEA Rafaël Grossi. Néanmoins, cela ne règle pas le problème de base, à savoir la détérioration de la situation sur la centrale. Sans aucun doute, la sûreté et la sécurité restent précaires sur le site », a-t-il déclaré.
My statement today to the @IAEAorg Board of Governors meeting on the situation in ZNPP.pic.twitter.com/BtWltHUBWx
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) April 11, 2024
Point de situation
La centrale, aujourd’hui sous contrôle russe, a injecté de l’électricité sur le réseau électrique jusqu’en septembre 2022 et a gardé une seule unité sur six en arrêt à chaud à partir d’octobre 2022 (la n°5 puis la n°4). Cela a permis de répondre aux besoins du site et de continuer à chauffer la ville d’Enerhodar, accueillant la centrale et ses équipes. La mise en arrêt à froid de toutes les unités a été motivée par la fin de la saison de chauffage d’Enerhodar et par l’installation, plus tôt dans l’année, de générateurs diesel pour satisfaire les besoins en vapeur du site. Pour autant, la situation reste tendue. L’AIEA a rapporté deux attaques sur le site le dimanche 7 avril ainsi que de nombreux tirs d’artillerie entendus par son équipe d’experts sur place, précise le communiqué.
L’AIEA appelle au respect des principes établis
Ces attaques ont été condamnées par le directeur général de l’AIEA qui a rappelé les cinq principes établis par le conseil de sécurité de l’ONU le 30 mai 2023.
- Aucune attaque depuis ou contre une centrale nucléaire, en particulier les réacteurs, les piscines d’entreposage du combustible et toute autre infrastructure critique ainsi que le personnel ;
- Une centrale nucléaire ne doit pas servir de base ou de stockage d’armes lourdes ;
- Les sources externes d’électricité doivent être sécurisées et opérationnelles ;
- Tous les composants essentiels à l’exploitation en toute sûreté et sécurité doivent être protégés de toutes attaques ou opérations de sabotage ;
- Aucune action ne doit être prise contre ces principes.
« Ces dix derniers jours, le premier de ces principes a été enfreint à maintes reprises et cela marque un changement augmentant le risque qui pèse sur la sûreté nucléaire et la sécurité à la centrale », a déclaré Rafaël Grossi. « Ces attaques doivent cesser immédiatement », a insisté le directeur général de l’AIEA au conseil de sécurité de l’ONU le 15 avril 2024[2].■
[1] https://www.iaea.org/newscenter/pressreleases/update-223-iaea-director-general-statement-on-situation-in-ukraine
[2] https://www.iaea.org/newscenter/statements/united-nations-security-council-update
Gaïc Le Gros (Sfen)
Photo ©Dean Calma/IAEA