Ukraine : l’AIEA veut inspecter la centrale de Zaporijia malgré l’opposition de Kiev

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) juge qu’une inspection au sein de la plus grande centrale d’Europe à Zaporijia, en Ukraine, occupée par les forces russes depuis mars dernier, est nécessaire. Toutefois, l’opérateur ukrainien Energoatom et l’Autorité de sûreté ukrainienne (SNRIU) s’opposent à la venue des agents de l’ONU, jugeant que cela légitimerait l’occupation du site.
Très tôt, lors de l’invasion de l’Ukraine, les forces russes se sont emparées de la centrale de Zaporijia dans l’est de l’Ukraine, la plus grande d’Europe. Depuis les six réacteurs sont opérés par les personnels ukrainiens mais sous le contrôle des militaires russes. Le 6 juin dernier, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a annoncé sa volonté de mener une inspection sur place. Il assure que Kiev a demandé, « au plus haut niveau », l’envoi d’une mission. Mais l’AIEA fait face à l’opposition de l’autorité de régulation nucléaire du pays et l’opérateur de la centrale Energoatom, qui jugent que cette mission ne devrait pas avoir lieu tant que les forces russes n’auront pas quitté le site.
Une visite nécessaire
Le 9 juin, dans un discours prononcé devant le conseil d’administration de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi a déclaré : « Cette mission n’est pas une question de désir ou de souhait, c’est une obligation du côté de l’Ukraine et du côté de l’AIEA. L’AIEA se rendra à la centrale nucléaire de Zaporijia dans le cadre de l’accord de garanties juridiquement contraignant que l’Ukraine a conclu avec l’AIEA ».
IAEA experts must be able to continue to fulfil regular, indispensable safeguards, safety and security activities and will go to #Ukraine‘s #Zaporizhzhya Nuclear Power Plant, @rafaelmgrossi tells Board of Governors.
👉 https://t.co/rfrjLyShNS pic.twitter.com/XdSF2c7eyw— IAEA – International Atomic Energy Agency (@iaeaorg) June 9, 2022
Il ajoute : « La situation actuelle est intenable. Chaque jour qu’elle perdure, chaque jour que des travaux de maintenance vitaux sont retardés, chaque jour que des interruptions de la chaîne d’approvisionnement entraînent une rupture dans la livraison d’équipements vitaux, chaque jour que la capacité de décision du personnel ukrainien est compromise, chaque jour que le travail et les évaluations indépendants de l’autorité de régulation ukrainienne sont sapés, le risque d’accident ou de violation de la sécurité augmente ».
Il précise toutefois : « sur la base des évaluations réalisées jusqu’à présent, je peux affirmer avec confiance que nous n’avons trouvé aucune indication de détournement de matières nucléaires déclarées ni aucune indication susceptible de susciter un problème de prolifération ». Il juge pourtant que « à Zaporijia, nous avons atteint le point où la présence d’inspecteurs est essentielle ».
Légitimiser la position russe
L’AIEA constate que si les deux pays sont d’accord sur la nécessité d’une visite d’inspecteurs, ils ne souhaitent pas qu’elle se déroule sous l’autorité de l’autre. Energoatom, de son côté, justifie son opposition en estimant que, une telle mission, « légitimerait l’occupation de la centrale…aux yeux de la communauté internationale ».
En parallèle de cette discussion, de bonnes nouvelles sont arrivées de la centrale, avec laquelle toutes les communications avaient été coupées depuis le 30 mai dernier. Le 12 juin, celle-ci a tweeté : « le transfert des données relatives aux garanties de la centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine au siège de l’AIEA à Vienne a été rétabli aujourd’hui après une interruption technique de près de deux semaines ». ■