Tempête Ciaran : ilotage réussi des deux réacteurs de Flamanville
La tempête Ciaran a endommagé le réseau électrique dans le Cotentin, privant la centrale de Flamanville de sa ligne d’évacuation. Les deux réacteurs ont donc dû être îlotés. C’est-à-dire que leur puissance a été très rapidement réduite pour fournir de l’énergie au site sans faire appel aux diesels de secours.
La tempête Ciaran a brutalement balayé les côtes nord-ouest de la France les 1er et 2 novembre dernier. Des dégâts importants ont été enregistrés localement avec des rafales de vent à plus de 150 km/h et même un record enregistré 207 km/h à la pointe du Raz en Bretagne. Les infrastructures de transport électriques du département de la Manche ont été endommagées. Cela a amené à la déconnexion du réseau les deux réacteurs de la centrale de Flamanville.
Dans un communiqué publié le 2 novembre, EDF décrit : « La tempête Ciaran a impacté les lignes d’évacuation de la centrale de Flamanville et ne permet plus aux unités de production d’évacuer l’électricité produite. Les deux unités ont été déconnectées du réseau. Les deux réacteurs sont actuellement îlotés, ils s’autoalimentent et fonctionnement en toute sûreté. Les équipes d’EDF et du gestionnaire de réseau sont mobilisées pour rétablir la situation dans les meilleurs délais ».
Une opération réussie
Cédric Lewandowsky, directeur du Parc nucléaire et thermique d’EDF, décrit à son tour sur LinkedIn : « Le réseau des lignes électriques a été fortement impacté, conduisant dans le nord-Cotentin à la déconnexion des deux unités de production de Flamanville qui ne pouvaient plus envoyer sur le réseau l’électricité produite. Les réacteurs ont diminué leur puissance, se sont îlotés, garantissant ainsi en autonomie l’alimentation électrique de leurs systèmes auxiliaires et ont donc pu continuer à fonctionner en toute sûreté ».
Iloter un réacteur signifie, qu’en cas de défaillance du réseau, la puissance du cœur est très rapidement abaissée, de l’ordre de 25 % de sa valeur nominale. Et environ 5 % sur ces 25 % est dirigée vers la turbine pour que l’alternateur suffise à fournir l’énergie nécessaire aux équipements essentiels de l’installation. Il s’agit cependant d’un transitoire qui doit être réalisé avec soin.
Pour en assurer un haut niveau de performance, EDF procède régulièrement à des essais. Par exemple, le 6 octobre dernier, un test d’ilotage a été réalisé avec succès sur le réacteur de Civaux 2. EDF décrit : « Un îlotage de l’unité de production a été réalisé. Il consiste à isoler le réacteur du réseau électrique tout en le maintenant en puissance. Le réacteur produit alors, via son alternateur, l’énergie électrique nécessaire à son fonctionnement pour alimenter les auxiliaires (pompes primaires, ventilateurs…). L’îlotage permet d’assurer la sécurité du réacteur en cas de défaillance du réseau ».
Un des réacteurs remis en puissance
L’intérêt de l’ilotage d’un réacteur, plutôt que son arrêt, est qu’il permet d’éviter l’utilisation des diesels de secours. De plus, il permet un retour rapide de la production électrique sur le réseau lorsque les conditions d’exploitations normales sont revenues. C’est-à-dire, dans le cas présent, la réparation des lignes d’évacuation de l’électricité. Cédric Lewandowsky précise que « L’amélioration des conditions météorologiques a permis de reconnecter la tranche 1 de Flamanville au réseau en fin d’après-midi (jeudi 2 novembre, ndr), la tranche 2 a été arrêtée pour pouvoir intervenir sur un matériel extérieur impacté par la tempête ».
Rien n’a été signalé sur le reste du parc nucléaire. Cédric Lewandowsky explique que « nos 4 centrales situées au bord de la mer avaient mis en œuvre les procédures qui s’appliquent en cas de conditions météorologiques extrêmes : rondes renforcées sur les installations, suspension de tous les chantiers à l’extérieur, nettoyage préventif des ouvrages de prise et de rejet d’eau, surveillance des digues. Nous ne déplorons aucun dégât matériel significatif et les investissements réalisés pour protéger nos installations des agressions climatiques extrêmes ont fait une nouvelle fois leurs preuves ». ■