Fusion nucléaire : la startup allemande Proxima Fusion lève 20 millions d’euros
La startup Proxima Fusion, essaimée par l’institut de physique Max Planck, a annoncé une levée de fonds de 20 millions d’euros pour développer son projet de fusion en stellarator.
L’entreprise munichoise Proxima Fusion a annoncé [1] une nouvelle levée de fonds de 20 millions d’euros visant à terme la construction d’une centrale de fusion nucléaire. Parmi les différentes technologies de fusion, la startup mise sur le stellarator en capitalisant sur l’expérience du Wendelstein X-7, un stellarator mis en service en 2015 à l’institut de physique des plasmas Max Planck à Greifswald en Allememagne. L’entreprise met d’ailleurs en avant l’investissement de 1,3 milliard d’euros de la part du gouvernement allemand et de l’Union européenne dans le Wendelstein X-7 comme un élément consolidant leur projet.
La différence entre les tokamaks (comme en construction pour le projet Iter) et les stellarators se joue principalement sur leur configuration physique pour le confinement du plasma. Le stellarator utilise un champ magnétique hélicoïdal, formé grâce à une torsion des aimants, ce qui ne nécessite pas de faire passer un courant magnétique au sein du plasma. Le tokamak serait ainsi meilleur pour maintenir le plasma à des températures élevées et plus « facile » à construire, alors que le stellarator garantirait quant à lui une meilleure stabilité du gaz ionisé (pour en savoir plus).
Proxima Fusion met en avant d’importants progrès
« En avril 2023, nous avons démarré sur les chapeaux de roues à la fois en matière d’optimisation de l’ingénierie et sur la conception d’aimants supraconducteurs à haute température. Un an après, nous entamons en Europe une nouvelle phase de R&D sur les stellarators, en ayant réalisé d’énormes progrès dans la conception intégrée avec notre cadre de calcul StarFinder », a déclaré Francesco Sciortino, co-fondateur et PDG de Proxima Fusion. « L’ingénierie pilotée par simulation a été une caractéristique clé de Proxima Fusion depuis ses débuts. Maintenant, la conception assistée par intelligence artificielle (IA) occupe le devant de la scène. Le programme d’ingénierie entier est en train d’être structuré pour collecter des données d’entraînement et s’appuiera sur l’IA dans tous les domaines », souligne l’entreprise. La construction d’un tel ouvrage, son bon fonctionnement et sa rentabilité reste néanmoins un défi. En France, la startup Renaissance Fusion croît elle aussi dans les avantages de la fusion en stellarator.
Le gouvernement allemand soutient la fusion nucléaire
Contrairement à la fission, dont le désamour outre-Rhin a mené à la fermeture du parc nucléaire allemand (20 GW en 2010), la fusion bénéficie d’un soutien gouvernemental. Fin 2023, la ministre fédérale de la recherche, Bettina Stark-Watzinger, a annoncé que l’Allemagne allait investir un milliard d’euros dans la fusion nucléaire d’ici à 2028. Ce montant correspond à l’addition des fonds déjà alloués aux organismes de recherche et à un effort supplémentaire de 370 millions d’euros. En mars 2024, c’est un programme de financement qui a été dévoilé avec l’objectif de construire une première centrale nucléaire de fusion pour 2040.■
Gaïc Le Gros (Sfen)
Crédit photo ©Proxima Fusion
[1] https://www.proximafusion.com/press-news/proxima-fusion-raises-eu20m-seed-to-accelerate-timeline-to-fusion-power