Réduire les rejets issus des centrales nucléaires, le cas d’EDF
L’exploitation d’une centrale nucléaire requiert l’utilisation de produits chimiques dans l’objectif d’assurer le conditionnement optimal des circuits d’eau ou des circuits diphasiques eau-vapeur afin de contrôler la réactivité neutronique (enjeu de sûreté), de maîtriser les phénomènes de corrosion et de déposition des produits de corrosion (enjeux de sûreté, radioprotection et durée de fonctionnement), et de maîtriser les phénomènes d’entartrage et de développement de micro-organismes pathogènes des circuits de refroidissement (enjeux performance et sanitaire).
Elle donne lieu à la production d’effluents radioactifs, chimiques et thermiques dont les rejets dans l’environnement font l’objet d’une analyse d’impact environnemental et sanitaire et sont strictement encadrés par la réglementation.
Les effluents radioactifs atmosphériques sont majoritairement traités sur filtres « très haute efficacité » (THE) pour assurer la rétention des aérosols, et/ou sur des pièges à iodes (charbon actif). Le contrôle et le suivi réguliers de l’efficacité de ces systèmes de traitement ont permis de réduire les rejets d’iodes et d’aérosols. Quant aux gaz rares radioactifs (krypton, xénon), chimiquement inertes donc non retenus par les filtres THE et les pièges à iodes, leurs rejets ont diminué entre 2002 et 2010, passant de 1,6 à 0,5 TBq par réacteur, grâce notamment aux mesures prises pour améliorer l’étanchéité des gaines du combustible et des circuits.
L’hydrate d’hydrazine est un produit chimique utilisé dans le circuit secondaire en fonctionnement ou à l’arrêt pour maintenir un milieu réducteur et limiter les phénomènes de corrosion. Actuellement, il n’a pas été identifié de substitut efficace à l’hydrazine qui est classée CMR (Cancérogène, Mutagène et Repro-toxique).
Ainsi, afin de réduire les quantités d’hydrazine utilisées et les rejets chimiques liquides, plusieurs actions ont été réalisées :
– les moyens de dégazage physique de l’oxygène dissous dans le poste d’eau du circuit secondaire ont été optimisés ainsi que les exigences relatives à la teneur en oxygène admissible ;
– les quantités d’hydrazine utilisées pour la conservation humide des générateurs de vapeur (GV) à l’arrêt ont été optimisées et le recours à une conservation à sec des matériels du poste d’eau a été préféré. Le cracking thermique de l’hydrazine résiduelle[1] issue du conditionnement humide des GV à l’arrêt a été mis en œuvre ;
– des moyens de destruction de l’hydrazine dans les bâches de rejet[2] ont été mis en œuvre.
Ainsi, les rejets liquides d’hydrazine ont été divisés d’un facteur 30 en 12 ans. Aujourd’hui, ces rejets sont faibles, de l’ordre de quelques centaines de grammes par an et par réacteur en moyenne.
[1] La montée en température au redémarrage du réacteur permet la décomposition thermique de l’hydrazine dans les GV.
[2] La destruction de l’hydrazine dans les réservoirs d’entreposage des effluents liquides avant rejet s’effectue par réaction chimique entre l’hydrazine et l’oxygène de l’air et produit de l’azote et de l’eau ; cette réaction est favorisée par la mise en brassage de l’effluent et, pour les réservoirs équipés, par le bullage d’air comprimé accompagné de l’injection de sulfate de cuivre pour catalyser la réaction.
Evolution des rejets liquides d’hydrate d’hydrazine entre 2004 et 2007
Les rejets chimiques à l’atmosphère sont constitués entre autres des gaz d’échappement des groupes électrogènes de secours, composés de moteurs diesel ou de turbine à combustion fonctionnant au gasoil ou au kérosène. Compte tenu de leur durée de fonctionnement limitée dans l’année (essais périodiques ou fortuits), les émissions d’oxydes de soufre et d’azote associées sont faibles. L’utilisation de combustibles à très basse teneur en soufre a produit une diminution des rejets d’oxydes de soufre.
Conclusion