Réacteurs nucléaires innovants : le CEA annonce la création de deux startups
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a annoncé l’essaimage de deux startups qui répondront à l’appel à projets « Réacteurs nucléaires innovants » du plan d’investissement « France 2030 ». Les deux entreprises, Hexana et Stellaria, portent des réacteurs de technologie avancée (AMR) en adéquation avec les spécificités françaises.
Hexana et Stellaria viennent s’ajouter à une liste de startups tricolores formant un nouvel écosystème dans le secteur nucléaire. Le 9 mars 2023, le CEA a en effet annoncé l’essaimage de ces deux jeunes pousses dans lesquelles « le CEA investit ses compétences internes », a fait savoir Stéphane Sarrade, directeur des programmes énergies au CEA. Les deux entreprises ont été sélectionnées selon différents critères, dont la maturité technologique, et leur adéquation avec les structures nationales du cycle du combustible.
L’appel à projets France 2030
Le Plan France 2030 présenté par le président de la République le 12 octobre 2021 est un plan d’investissement de 54 milliards d’euros déployé sur 5 ans. Au sein de celui-ci, l’appel à projets « Réacteurs nucléaires innovants » est doté d’un milliard d’euros dont une partie est réservée au projet de SMR de troisième génération Nuward et une autre, à des technologies de rupture. Les acteurs voulant être soutenus par France 2030 dans le cadre de ce volet sont appelés à se manifester avant le 28 juin 2023. Le CEA, en plus de proposer un accompagnement scientifique et technique à tous les candidats/lauréats, essaime deux startups qui ont vocation à postuler à l’appel à projets.
Hexana, production souveraine d’énergies décarbonées
Pour décarboner l’industrie, Hexana propose une installation accueillant deux unités (2X400 MWth) à neutrons rapides à caloporteur sodium. Le tout associé à un système de stockage d’énergie. La filière sodium à neutrons rapides (RNR-Na) bénéficie d’un important retour d’expérience en France avec des réalisations comme Phénix et Superphénix, mais aussi une continuité dans les activités de recherches avec par exemple les travaux réalisés dans le cadre du projet Astrid. Plus encore, « il y a dans le monde l’équivalent de 500 années de fonctionnement » appuie Stéphane Sarrade.
Production d’eau douce, d’hydrogène, de chaleur industrielle, l’installation se veut polyvalente. Enfin, l’une des spécificités de cette filière est de valoriser au maximum la ressource en uranium, ce qui renforce de facto la souveraineté énergétique. L’entreprise mentionne d’ailleurs sur son site la formule suivante : « Hexana, Production souveraine d’énergies décarbonées ».
#nucléaire ⚛ | Une production souveraine d’énergie décarbonée, c’est l’ambition de la nouvelle #startup essaimée du CEA, @Hexana. Son concept : un mini réacteur modulaire de 4e génération à neutrons rapides refroidi au sodium développé grâce à nos brevets/technos. #France2030
— CEA (@CEA_Officiel) March 9, 2023
Stellaria, la première pile régénératrice de combustible liquide au monde
Stellaria est un réacteur à sels fondus (chlorure) de 250 MWth présenté comme « la première pile régénératrice de combustible liquide au monde ». Cette pile – renouvelée tous les 5 ans dans un mode plug and play – pourrait venir se loger sur de grands sites industriels et fournir une énergie (électricité/chaleur) décarbonée à un coût stable. L’avantage recherché par cette technologie est de pouvoir utiliser une grande diversité de combustibles et même de brûler un certain nombre de déchets nucléaires, dont les actinides mineurs (bien entendu, il ne s’agit pas d’aller chercher ces substances radioactives dans les colis de déchets vitrifiés destinés au projet de stockage Cigéo).
#nucléaire ⚛ | La start-up Stellaria, essaimée aussi du CEA, a pour ambition de développer un réacteur nucléaire modulaire, ultra compact (250 MWth dans 4m3) de 4e génération, basée sur la technologie de rupture des sels fondus. #France2030 pic.twitter.com/yL7eByM9bL
— CEA (@CEA_Officiel) March 9, 2023
Le calendrier
La mise en service d’un prototype pourrait intervenir dès le début des années 2030 pour Hexana. En ce qui concerne Stellaria, l’échéance serait plutôt aux alentours de 2035. Par ailleurs, Stéphane Sarrade, directeur des programmes énergies au CEA, explique que trois autres projets de réacteurs nucléaires innovants sont en cours de développement au sein du CEA mais à des stades de maturité moins avancés, ce qui n’a pas encore permis leur essaimage.■