Situation en Ukraine au 1er avril 2022 : les troupes russes se retirent de Tchernobyl

La Sfen décrypte la situation des installation nucléaire en Ukraine, alors que plusieurs sites se sont retrouvés en zones de conflits. Aucun rejet radioactif n’a été enregistré.
Point de situation au 1er avril 2022 : retrait des troupes russes à Tchernobyl
L’AIEA a confirmé, lors d’une conférence de presse ce 1er avril, que « les forces russes qui contrôlaient la centrale nucléaire de Tchernobyl depuis le 24 février avaient, par écrit, transféré le contrôle de la centrale au personnel ukrainien ». Trois convois de troupes ont été déplacés vers le Belarus.
L’AIEA n’a pas été en mesure de confirmer les informations selon lesquelles les forces russes auraient reçu de fortes doses de radiation. Information qui a été initialement avancée par l’énergéticien ukrainien Energoatom. L’autorité de sûreté finlandaise s’est emparée du sujet est a publié trois tweets sur cette question :
1/3 Le terrain autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl contient une quantité importante de matières radioactives, mais pas assez pour provoquer des symptômes aigus de maladie des rayons. Les calculs de STUK sont basés sur les niveaux d’activité connus dans la zone.
2/3 Les informations ont fait état de soldats qui ont été transportés du site de Tchernobyl à l’hôpital pour le traitement des symptômes de la maladie des radiations. Nous ne connaissons pas le contexte de la nouvelle et l’événement réel. Nos calculs sont basés sur l’hypothèse d’une exposition aux radiations dans la « forêt rouge ».
3/3 La maladie aiguë des radiations nécessite une exposition élevée en un temps court, par exemple 1 sievert ou 1000 milliSv par jour. Les doses dues à la radioactivité du terrain dans la région de Tchernobyl représentent tout au plus une fraction de ce chiffre.
1/3 #Tshernobyl‘in ydinvoimalaitoksen ympäristön maastossa on huomattavan paljon radioaktiivisia aineita, mutta ei niin paljoa, että niistä voisi saada akuutteja säteilysairauden oireita. STUKin laskelmat perustuvat tiedossa oleviin alueen aktiivisuuspitoisuuksiin.
— STUK – Säteilyturvakeskus (@STUK_FI) March 31, 2022
Point de situation au 31 mars : rencontre de l’AIEA et des autorités ukrainiennes
Présent en Ukraine depuis le 29 mars, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a visité la centrale nucléaire de Konstantinovka, dans le sud du pays. L’organisme explique qu’il a rencontré « des hauts responsables du gouvernement ukrainien ainsi que le personnel, et pour lancer l’assistance technique de l’AIEA pour la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ».
Rafael Grossi a rencontré le ministre de l’Énergie German Galushchenko, le directeur de l’organisme de réglementation nucléaire Oleg Korikov, le directeur d’Energoatom Petro Kotin et le directeur de la centrale nucléaire Igor Polovych. « La présence de l’AIEA sur place, là où elle est nécessaire, contribuera à prévenir le danger d’un accident nucléaire qui pourrait avoir de graves conséquences sur la santé publique et l’environnement en Ukraine et au-delà », assure Rafael Grossi.
En ce qui concerne la situation sur le site de Tchernobyl, des informations venues du Pentagone informe que les forces russes semblent se retirer vers le Belarus. Toutefois, l’AIEA rappelle « qu’il n’y avait pas eu de rotation du personnel à la centrale nucléaire de Tchernobyl (NPP) depuis les 20 et 21 mars ». De plus, elle précise que « l’Agence ne reçoit toujours pas de transmission de données à distance de ses systèmes de surveillance installés dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, mais ces données sont transférées au siège de l’AIEA depuis les autres centrales nucléaires d’Ukraine ».
Wrapping up busy day of very intensive and productive meetings with senior Ukrainian government officials at South Ukraine Nuclear Power Plant today. ⁰@IAEAorg expert teams and additional safety equipment will arrive very soon to #Ukraine’s nuclear facilities. pic.twitter.com/S2l8ogcNAe
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) March 30, 2022
Point de situation au 29 mars : le directeur de l’AIEA arrive en Ukraine
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Mariano Grossi, est désormais sur le territoire ukrainien. Il doit discuter avec des responsables du gouvernement l’assistance technique urgente que l’AIEA prévoit de fournir pour assurer la sûreté et la sécurité des installations nucléaires du pays. Au cours de sa visite de cette semaine, le directeur général se rendra dans l’une des centrales nucléaires ukrainiennes.
Just crossed the border into #Ukraine to start @IAEAorg‘s mission to ensure the safety and security of the country’s nuclear facilities. We must act now to help prevent the danger of a nuclear accident. https://t.co/kKHJHIeGYV pic.twitter.com/mB5w7pL7ji
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) March 29, 2022
« Le conflit militaire fait courir un danger sans précédent aux centrales nucléaires ukrainiennes et aux autres installations contenant des matières radioactives. Nous devons prendre des mesures urgentes pour faire en sorte qu’elles puissent continuer à fonctionner en toute sécurité et réduire le risque d’un accident nucléaire qui pourrait avoir de graves répercussions sur la santé et l’environnement en Ukraine et au-delà », a déclaré le directeur général Grossi.
Par ailleurs, selon les données reçues par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’installation de recherche nucléaire située dans la ville de Kharkiv, au nord-est du pays, a subi de nouveaux dommages dus à des tirs. Selon le directeur général Rafael Mariano Grossi, « la petite quantité de matières nucléaires était restée intacte ».
L’installation sert la production de radio-isotopes pour des applications médicales et industrielles. « Son matériel nucléaire est sous-critique – il ne peut y avoir de réaction nucléaire en chaîne – et l’inventaire radioactif est faible », précise l’agence onusienne.
Point de situation au 25 mars : feux de forêt dans la zone d’exclusion
L’Ukraine a informé aujourd’hui l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que les forces russes bombardaient les points de contrôle ukrainiens dans la ville de Slavutych, où vivent de nombreuses personnes travaillant à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Selon l’agence onusienne, cela pourrait empêcher toute rotation du personnel vers et depuis le site, s’inquiète le directeur général Rafael Mariano Grossi. Pour mémoire, l’ensemble du personnel a été relevé lundi 21 et mardi 22 mars pour la première fois depuis l’avancée des forces russes le 24 février.
Concernant la crainte sur les feux de forêts dans la zone d’exclusion autour de la centrale accidentée en 1986, l’AIEA se veut rassurante. Elle « ne s’attend pas à ce que les incendies de forêt qui brûlent à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl suscitent des préoccupations radiologiques importantes, un jour après que l’autorité de régulation du pays ait déclaré que les pompiers ukrainiens tentaient d’éteindre les incendies dans la région ». Cette expertise s’appuie sur des années d’expérience de tels incendies. Notons toutefois que la caserne de pompiers locale de la ville de Tchernobyl, située dans la zone d’exclusion, n’a toujours pas accès au réseau électrique et dépend de générateurs diesel.
Point au 22 mars 2022 : fin de la rotation total à Tchernobyl
Alors que les équipes de Tchernobyl sont restées plus de 600 heures sur place depuis l’entrée des forces russes sur le territoire ukrainien, les autorités ukrainiennes ont informé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que « la rotation du personnel technique de la centrale nucléaire de Tchernobyl, longtemps retardée, a été achevée aujourd’hui (lundi 21 mars, ndr), ce qui leur a permis de rentrer chez eux et de se reposer pour la première fois depuis que les forces russes ont pris le contrôle du site le mois dernier ». Une situation favorable à la sûreté du site alors que l’agence onusienne s’inquiétait du bien-être des salariés sur place et de fait de leur capacité à assurer leur mission dans les meilleures conditions.
La situation semble également s’améliorer à la centrale de Zaporijia, qui est contrôlée par les forces russes depuis le 4 mars. Deux des six réacteurs sont activités et le site avait perdu une partie des lignes électriques la reliant au réseau national. L’AIEA assure désormais que « la centrale dispose désormais de trois lignes électriques haute tension (750 kV) hors site, dont une en veille ».
Point au 21 mars 2022 : début de rotation du personnel de Tchernobyl
Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), environ la moitié du personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl (200 gardes et techniciens) a été relevé et a pu rentrer chez eux. L’autorité de régulation nationale ukrainienne a confirmé que ce sont des employés ukrainiens qui sont arrivés sur le site.
Le directeur général de l’AIEA, Rafaël Grossi, avait exprimé à de nombreuses reprises son inquiétude sur le bien-être du personnel présent sur la centrale. Les forces russes occupent la zone depuis le 24 février. « Le fait que certains membres du personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl aient effectué une rotation et soient retournés dans leurs familles est une évolution positive, même si elle était attendue depuis longtemps. Ils méritent tout notre respect et notre admiration pour avoir travaillé dans ces circonstances extrêmement difficiles », a déclaré le directeur général Grossi. « Ils sont restés là-bas bien trop longtemps. J’espère sincèrement que le personnel restant de cette équipe pourra également effectuer une rotation prochainement. »
Situation au 17 mars 2022 : raccordement de l’Ukraine au réseau européen
La centrale de Zaporijia en Ukraine avait été prise dans des combats le 4 mars dernier. Le 16 mars, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que le site « a perdu la connexion à une troisième ligne électrique, mais que les deux autres restaient disponibles et qu’il n’y avait aucun problème de sécurité ».
Ce site, la plus grande centrale nucléaire en Europe, est relié par quatre lignes électriques haute tension (750 kV), plus une en réserve. Deux de ces quatre lignes ont été endommagées au début des combats. Le régulateur ukrainien a déclaré qu’il n’était pas clair ce qui avait causé la perte d’une troisième ligne aujourd’hui. Selon les autorités ukrainiennes, la ligne électrique restante et la ligne de secours suffisent chacune à alimenter l’ensemble des systèmes de la centrale. Celle-ci dispose également de générateurs diesel de secours.
Par ailleurs mercredi 16 mars, Entso-E, l’association des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité européens, a annoncé le « succès » de la synchronisation de la Moldavie et de l’Ukraine avec l’Europe continentale. Cela signifie désormais que le pays en guerre est relié à l’ensemble du réseau électrique européen. Dans un tweet, Kadri Simson, Commissaire européenne à l’énergie, écrit : « Cela aidera l’Ukraine à maintenir la stabilité de leur système électrique et à garder les lumières allumées. Il s’agit d’une étape historique pour nos relations – dans ce domaine, l’Ukraine fait désormais partie de l’Europe ».
The electricity grids of #Ukraine & #Moldova have been successfully synchronised with the Continental European Grid. This will help🇺🇦to keep their electricity system stable & lights on. It is a historic milestone for our relationship – in this area, Ukraine is now part of Europe!
— Kadri Simson (@KadriSimson) March 16, 2022
Situation au 14 mars 2022 : retour de l’électricité à Tchernobyl
L’agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA) a été informée que l’alimentation électrique externe a été rétablie sur le site de la centrale nucléaire de Tchernobyl dimanche soir 13 mars, après une coupure de quatre jours. Une des lignes alimentant le site a été réparée par les services ukrainiens. La situation n’a entraîné aucune conséquence radiologique.
« C’est une évolution positive, car la centrale nucléaire de Tchernobyl dépendait de groupes électrogènes diesel de secours depuis maintenant plusieurs jours », déclare Rafael Grossi, directeur général de l’AIE. « Je reste toutefois vivement préoccupé par la sûreté et la sécurité de Tchernobyl et des autres installations nucléaires de l’Ukraine ».
Le dirigeant de l’organisme onusien fait en particulier allusion à la question des ressources humaines. Depuis que les forces russes se sont emparées de la zone de Tchernobyl, les 211 techniciens et gardes qui n’ont pas été relevés depuis le 24 février. C’est pourquoi l’AOEA insiste une novelle fois sur la nécessité d’établir un cadre entre les autorités russes et ukrainiennes pour l’AIEA puisse « prêter assistance aux sites nucléaires ».
Pour ce qui est de la centrale de Zaporizhzhia, contrôlée par les forces russes depuis le 4 mars, la situation technique est stable. Deux des quatre lignes électriques sont fonctionnelles (sachant qu’une seule est suffisante). « Le personnel régulier continuait à exploiter la centrale de Zaporizhzhia et à effectuer son travail quotidien, mais que la gestion était sous le contrôle du commandant des forces russes sur place », rapporte l’AOEA. De plus, au moins 11 représentants de l’entreprise publique russe Rosatom seraient présents sur place sans toutefois intervenir sur la gestion des six réacteurs.
Point au 9 mars 2022 : perte de l’alimentation électrique à Tchernobyl
Mercredi 9 mars, les autorités ukrainiennes ont annoncé à l’AIEA une perte de l’alimentation sur le site de Tchernobyl. C’est une situation anormale mais qui ne pose pas de questions sur la sûreté à court terme, assure l’agence internationale. Il n’y a pas de réacteurs en activité sur le site de Tchernobyl. Les quatre unités sont arrêtées – la dernière depuis 2000. En revanche, il y a une piscine de combustibles usés qui alimentée en électricité pour assurer le refroidissement.
Le combustible est assez froid puisque les éléments le plus récents ont 22 ans. En 2011, l’autorité de sûreté nucléaire ukrainienne a réalisé des stress tests sur ses installations nucléaires, dont des scénarios de pertes d’alimentation électrique. En substance, le site possède deux générateurs diesel qui peuvent alimenter le site entier pendant deux jours. Ils peuvent être rechargés en carburant le cas échéant.
Si l’alimentation électrique est perdue, l’eau des piscines atteindra 70°C, ce qui fait dire à l’AIEA que « le volume d’eau de refroidissement de la centrale nucléaire de Tchernobyl est suffisant pour évacuer efficacement la chaleur sans nécessiter d’alimentation électrique ».
Par ailleurs, l’AIEA émet des craintes sur la question du personnel de Tchernobyl. « Contrairement au personnel des centrales nucléaires ukrainiennes en exploitation, qui effectue actuellement un roulement régulier, la même équipe est en service à la centrale nucléaire de Tchernobyl depuis le 24 février, veille de l’entrée des militaires russes sur le site de l’accident de 1986, et y vit en fait depuis 13 jours » assure l’agence onusienne.
Le Directeur général, Rafael Grossi, réaffirme que « le personnel chargé de l’exploitation des installations nucléaires devait pouvoir se reposer et travailler en équipes régulières, ajoutant que c’était crucial pour la sûreté nucléaire générale. Sa capacité de prendre des décisions sans pression indue est l’un des sept piliers indispensables de la sûreté et de la sécurité nucléaires ».
Pour mémoire, ces sept piliers sont :
- Préserver l’intégrité physique des installations nucléaires, quelle que soit leur nature.
- Protéger et maintenir opérationnel tous les systèmes de sûreté et de sécurité doivent.
- Le personnel doit être en mesure d’accomplir ses activités normalement
- Il devrait y avoir à tout moment un accès au réseau électrique.
- Les services logistiques doivent pouvoir approvisionner le site, par exemple en pièces détachées.
- Les systèmes de surveillance de la radioactivité doivent rester opérationnels afin de détecter tout rejet de radioactivité anormal.
- La communication doit être maintenue avec l’extérieur.
Point au 8 mars 2022 : Un laboratoire de recherche endommagé
Une installation de recherche nucléaire produisant des radio-isotopes pour les applications médicales et industrielles, le Kharkov Institute of Physics and Technology, a été endommagé par les bombardements de la ville de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, indique l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’incident n’avait pas entraîné de hausse de la radioactivité sur le site. « Comme les matières nucléaires qu’elle contient sont toujours sous-critiques et que son stock de matières radioactives est très faible, l’AIEA a confirmé à l’issue de son évaluation que les dégâts signalés ne pouvaient avoir aucune conséquence radiologique », a déclaré le directeur général de l’AIEA, Rafael grossi.
Ce nouvel incident renforce la nécessité de mettre en place les sept conditions pour assurer la sûreté nucléaire en zone de conflit. Depuis le début du conflit, c’est la quatrième installation nucléaire à avoir subi des dégâts, avec l’incendie dans un bâtiment de formation de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et deux sites de stockage de déchets radioactifs. Dans tous ces cas, aucun rejet de matière radioactif n’a été observé.
Point au 7 mars 2022 : Dégradation de la communication
Lundi 7 mars, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié un communiqué de presse dans lequel elle indique que : « le personnel habituel continuait d’exploiter la centrale nucléaire de Zaporizhzhia mais que la direction de la centrale était maintenant sous les ordres du commandant des forces russes qui ont pris le contrôle du site la semaine dernière ». Une source d’inquiétude pour Rafael grossi, le directeur de l’agence onusienne. Lors d’une conférence presse, il appelait à ce « qu’un opérateur (de centrale, ndr) soit laissé en paix pour travailler ». Une demande qui va dans le sens des sept conditions essentielles posées par l’AIEA qui ne doivent pas être compromises pour garantir la sécurité et la sûreté des sites nucléaires en zone de guerre (voir ci-dessous).
« Par ailleurs, l’Ukraine a signalé que les forces russes présentes sur le site avaient coupé certains réseaux mobiles et l’internet, de sorte qu’il est impossible d’obtenir des informations fiables en provenance du site par les voies de communication normales », rapporte l’AIEA. Là encore, cela est une dégradation des conditions d’exploitation de la centrale. L’AIEA indique qu' »il doit y avoir des communications fiables avec l’organisme de réglementation et d’autres personnes ».
Le Directeur de l’AIEA confirme sa volonté de se rendre en Ukraine pour organiser une rencontre avec les autorités russes et ukrainiennes. Si le principe a été accepté par les différentes parties, Moscou a refusé le site de Tchernobyl initialement proposé.
Point au 5 mars 2022 : L’incendie dans un bâtiment auxiliaire a été maitrisé et suivi d’un retour à la « normale »
Dans un contexte de combat, un projectile a touché, le 4 mars 2022 dans la nuit, le site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et un incendie s’est déclaré. D’après l’Autorité de sûreté nucléaire ukrainienne (SNRIU), l’incendie a été éteint par les unités de pompiers locales. L’AIEA a confirmé que les systèmes de sûreté des six réacteurs de la centrale n’ont pas été touchés et qu’il n’y a pas eu de rejet de matières radioactives. Le bâtiment touché, situé à plusieurs centaines de mètres à l’écart des réacteurs, serait un centre de formation.
La situation au 5 mars est la suivante :
- Le site de la centrale nucléaire est occupé par les forces militaires de la Fédération de Russie.
- Le personnel d’exploitation ukrainien assure le fonctionnement des installations.
- L’unité 1 est en arrêt pour maintenance. Les tranches 2, 3, ont été déconnectées du réseau et mises à l’arrêt. Les réacteurs 5 et 6 sont en réserve de puissance. L’unité 4 fonctionne à une puissance de 690 MW (60 % de sa capacité).
- Selon la Société nucléaire ukrainienne, avec laquelle la Sfen est en contact, une relève du personnel de la centrale a été réalisée vendredi soir à 23h.
- Les systèmes de contrôle radiologique sur le site sont entièrement fonctionnels.
- L’AIEA est en communication à la fois avec la SBRIU et le site.
- D’après l’ASN, qui a échangé avec son homologue, les inspecteurs de la SNRIU n’ont pas accès au site.
L’AIEA propose un cadre de coordination internationale pour assurer la sécurité et la sûreté des installations nucléaires en Ukraine
Rafael Grossi, Directeur général de l’AIEA le 4 mars.
Dans une conférence de presse le 4 mars, le Directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré : « Je suis extrêmement préoccupé par la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et par ce qui s’y est passé pendant la nuit. Le tir d’obus dans la zone d’une centrale nucléaire viole le principe fondamental selon lequel l’intégrité physique des installations nucléaires doit être maintenue et sécurisée à tout moment »
Rafael Grossi a proposé, lors d’une réunion spéciale du Conseil des gouverneurs qui s’est tenue jeudi après-midi, un cadre de sept conditions essentielles qui ne doivent pas être compromises pour garantir la sécurité et la sûreté des sites nucléaires en zone de guerre :
- Préserver l’intégrité physique des installations nucléaires, quelle que soit leur nature.
- Protéger et maintenir opérationnel tous les systèmes de sûreté et de sécurité doivent.
- Le personnel doit être en mesure d’accomplir ses activités normalement
- Il devrait y avoir à tout moment un accès au réseau électrique.
- Les services logistiques doivent pouvoir approvisionner le site, par exemple en pièces détachées.
- Les systèmes de surveillance de la radioactivité doivent rester opérationnels afin de détecter tout rejet de radioactivité anormal.
- La communication doit être maintenue avec l’extérieur.
Pour mémoire, l’AIEA est au niveau mondial le lieu où les États s’entendent sur les principes fondamentaux, les standards, les bonnes pratiques et les comportements partagés en matière de sécurité et de sûreté. La Russie comme l’Ukraine sont bien entendu membres de l’AIEA. Les Russes y exercent traditionnellement des fonctions importantes, en particulier celle de Directeur général adjoint en charge du département de l’énergie nucléaire.
Rafael Grossi a proposé une rencontre avec la Russie et l’Ukraine, sur le territoire ukrainien même, afin de s’accorder sur le principe et les modalités de mise en œuvre de ces sept conditions. Il s’agit concrètement d’un cadre du même ordre que celui qui vient d’être défini pour les couloirs humanitaires.
Des conséquences pour l’approvisionnement électrique ukrainien :
La centrale de Zaporizhzhia, plus puissante centrale nucléaire d’Europe (six réacteurs de 1000 MW), représente en temps normal 50 % de la production nucléaire ukrainienne et environ un cinquième de la production électrique nationale. Si on prend en compte les réacteurs à l’arrêt dans les autres centrales, l’Ukraine dispose actuellement de sept réacteurs en production sur ses 15 réacteurs nucléaires. Le 4 mars à 15h l’Ukraine avait 45% de son électricité produite avec du nucléaire soient 6 GW sur 13,3 GW.
Selon RTE (compte twitter), le pays, dont le réseau électrique est habituellement relié à celui de la Russie, est isolé depuis le déclenchement de la guerre. Pour éviter toute coupure électrique et un éventuel black-out dont les effets pourraient être dramatiques pour la population, les gestionnaires de réseau de transport en Europe travaillent à répondre à la demande urgente de l’Ukraine de se synchroniser au réseau électrique européen.
Une task force de l’association internationale ENTSO-E analyse en ce moment même les conditions opérationnelles, juridiques et numériques nécessaires à une connexion pour l’heure transitoire. Une dizaine de jours seraient nécessaires pour établir des conclusions techniques et prendre une décision. Selon RTE, « si cette prouesse technique pouvait être effectuée en l’espace de quelques semaines, elle mettrait aussi en avant la solidarité européenne dans l’Énergie ».