Orano cesse temporairement ses activités de traitement d’uranium au Niger

Les faibles stocks de produits chimiques de l’usine de traitement d’uranium du site de la Somaïr suite au train de sanctions imposé au Niger par ses pays voisins, ont conduit Orano à y stopper temporairement sa production de « yellowcake ». Les activités minières, elles, continuent.

Depuis le coup d’État au Niger survenu le 26 juillet 2023, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, organisation intergouvernementale de coordination de l’activité économique de ses États membres, a imposé des sanctions contre le Niger. Parmi celles-ci, la fermeture des frontières terrestre et aérienne avec le Bénin, « principal corridor d’approvisionnement du Niger ».

En conséquence, les opérations de transport et de logistique de marchandises de nombreux secteurs d’activités du pays sont perturbées, voire suspendues, en particulier pour ce qui concerne les activités d’extraction du minerai d’uranium, dont le pays représente 6 % de la production mondiale et 5 % des ressources identifiées. Précisément, selon le secrétaire général du syndicat national des travailleurs des mines du Niger (Syntramin) Mounkaila Abassa, cette suspension concerne les stocks de nitrate et de soude nécessaire dans le procédé de lixiviation du site de la Somaïr. Les activités de la mine sont maintenues et « toujours en pleine activité ». Ainsi, toujours selon Mounkaila  Abassa, il n’y a pas d’impact au niveau des travailleurs de Somaïr. Celui-ci se situe plutôt au niveau des travailleurs sous-traitants.

Optimiser l’activité en anticipant le programme de maintenance

À l’autre bout de la chaîne de valeur, après extraction et traitement du minerai, ce sont les exportations du concentré d’uranium (le « yellowcake ») produit sur l’usine du site, transitant par le Bénin avant d’être expédié en France ou au Canada, qui sont perturbées. Dans ce contexte tendu, Orano indique dans un communiqué du 13 septembre avoir « mis en place un aménagement progressif de l’organisation du travail en anticipant ses activités de maintenance ». Initialement les opérations de maintenance du site étaient programmées pour début 2024.

Pas de risque de pénurie

Cette donne nouvelle ne remet pas en cause les réponses apportées aux inquiétudes légitimes de nombreux observateurs sur le risque d’approvisionnement en uranium pour faire tourner les centrales françaises : la situation au Niger ne fait pas peser de risque sur la sécurité d’approvisionnement de la France en uranium naturel. Les enjeux concernent essentiellement l’activité économique du groupe présent au Niger depuis 1966 et qui entend les poursuivre, en témoigne « l’accord global » passé avec le gouvernement nigérien en mai dernier prolongeant l’exploitation de la Somaïr jusqu’en 2040, les études d’évaluation du site d’Imouraren dont l’exploitation est prévue pour 2028, et les travaux de réaménagement de la mine de Cominak, fermée en 2021. ■