Onagawa-2, le premier réacteur nucléaire de l’Est du Japon à redémarrer ?
Tohoku EPCO vise à redémarrer le réacteur n°2 de la centrale d’Onagawa en septembre 2024. Ce serait alors le premier réacteur nucléaire à redémarrer dans l’est du Japon. Le journal économique Nikkei estime que sans ce réacteur 10 milliards de yens de combustibles fossiles en plus chaque mois sont nécessaires pour la production d’électricité.
Le Japon souhaite « maximiser l’utilisation du nucléaire », ce qui se matérialise à court terme par le redémarrage de son parc mis à l’arrêt en 2011 après l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi. Aujourd’hui le pays compte 12 réacteurs en ligne (contre 54 en 2010) et 5 unités[1] en attente d’un redémarrage suite au feu vert de l’autorité de sûreté, la NRA. Onagawa-2 (800 MW) est l’une d’elles. En 2020 l’autorité de sûreté a en effet donné son feu vert sous réserve de l’obtention d’un accord local et de la réalisation de certains travaux de sûreté. Or, l’entreprise Tohoku Power a fait savoir en janvier qu’elle anticipait un retard de la finalisation de ces travaux et repoussait ainsi le retour du réacteur de mai à septembre 2024. Selon le journal économique Nikkei, pour pallier la production électrique d’Onagawa-2 10 milliards de yens (environ 60 millions d’euros) de combustibles fossiles par mois sont nécessaires.
Un redémarrage à la symbolique importante
Le redémarrage d’Onagawa 2 serait un symbole fort pour le nucléaire japonais.
Premièrement, car il s’agit d’une centrale ayant démontré une grande résilience face au tremblement de terre et au tsunami de 2011, que la littérature scientifique attribue majoritairement à la culture de sûreté de l’exploitant[2]. En effet, la centrale était la plus proche de l’épicentre du tremblement de terre de 2011 et fut frappée par un raz-de-marée de 13 mètres. Néanmoins, et fort heureusement, à la conception c’est une hauteur de 14,8 mètres qui fut retenue pour faire face à un éventuel tsunami. « La grande sensibilisation de Tohoku EPCo aux risques de tremblement de terre et de tsunami a été soutenue par la mise en œuvre constante de mesures et d’actions visant à réduire les risques de catastrophe dus aux tremblements de terre et aux tsunamis […]. Cette prise de conscience et ces actions ont commencé à l’époque de Yanosuke Hirai, vice-président de Tohoku EPCo entre 1960 et 1975 », expliquent des chercheurs de l’Université norvégienne de la science et de la technologie (NTNU)[3]. L’importance du travail de recherche historique lors du dimensionnement de la centrale a ainsi été soulignée dans différents travaux sur le sujet. À l’inverse, l’exploitant de la centrale de Fukushima Daiichi, Tokyo EPCo, avait abaissé le niveau de la centrale alors dimensionnée pour résister à une vague de 5,5 mètres[4].
Deuxièmement, ce serait la première centrale nucléaire à redémarrer à l’est de la rivière Fuji délimitant les deux parties du système électrique nippon, 60 Hz à l’ouest et 50 Hz à l’est. Ce serait également le premier réacteur à eau bouillante (REB) du pays à produire de nouveau des électrons.
Maintenir, prolonger et construire
Comme mentionné précédemment, le premier volet de la politique nucléaire japonaise[5] se concentre sur le redémarrage du parc. Mais il en existe un second qui concerne le renouvellement du parc nucléaire avec la construction de réacteurs de troisième génération (GENIII+) en remplacement d’unités fermées. Le plan de transition japonais comprend également un calendrier de développement pour les réacteurs de quatrième génération et les petits réacteurs modulaires (SMR). À noter que les entreprises japonaises sont notamment parties prenantes des projets de NuScale et de GE-Hitachi.■
[1] Fédération des compagnies électriques du Japon (FEPC).
[2] Voir Airi (Iris) Ryu & Najmedin Meshkati, 2013 et Ibrion, Paltrinieri, Nejad, 2020.
[3] Ibrion, Paltrinieri, Nejad, 2020, Op. Cit.
[4] AIEA, The Fukushima Daiichi Accident, Report by by the Director General.
[5] Le Japon révise en profondeur sa politique nucléaire, Sfen.
Gaïc Le Gros (Sfen)
Photo : Centrale nucléaire d’Onagawa ©IIJIMA Keita YomiuriThe Yomiuri Shimbun via AFP