Nucléaire : des universitaires américains en France

Organisé tous les deux ou trois ans depuis 1996, le « Tour de France » a réuni en 2022 une dizaine de professeurs américains pour un périple teinté de patrimoine et de technique. Retour sur cet événement organisé par la Sfen/Sfans (Section française de l’American Nuclear Society) qui met en lumière le savoir-faire industriel français.
La Sfen/Sfans (Section française de l’American Nuclear Society) a organisé du 26 juin au 2 juillet 2022 la onzième édition d’un voyage technique en France pour un groupe de professeurs d’université américains. Appelé traditionnellement « Tour de France », il est organisé tous les deux ou trois ans depuis 1996. Au total, ce sont plus de 130 professeurs en provenance d’universités de 24 États différents, qui ont pu ainsi participer à ces voyages dont la renommée est aujourd’hui largement établie dans le monde universitaire outre-Atlantique et qui constituent une des activités « phare » de la Sfans, la Section française de l’American Nuclear Society. Précisons ici que ce TdF a été récompensé par un prix spécial du Président de l’American Nuclear Society (ANS) délivré en 2018 à l’occasion de sa dixième édition.
Après deux annulations de l’événement en raison de la pandémie de Covid-19, il y avait cette année neuf participants en provenance de huit universités, exerçant leurs fonctions d’enseignement et de recherche dans différentes disciplines liées au domaine nucléaire : physique des réacteurs, matériaux, chimie, radioprotection, modélisation et simulation, instrumentation et contrôle, environnement, déchets, et enfin fusion nucléaire (pour l’un d’entre eux). Huit des professeurs étaient accompagnés par une personne, ce qui constituait un groupe pour lequel avait été préparé un programme spécial de visites à la fois touristiques et techniques.
Le programme technique de cette année comprenait successivement les visites suivantes :
Lundi 27 juin : Visite du site CEA de Cadarache avec un exposé sur le projet du Réacteur Jules Horowitz (RJH), de la plateforme d’essais Plinius pour l’étude des accidents graves utilisant de grandes masses de corium « prototypiques », de l’Institut de Biosciences et biotechnologies d’Aix-Marseille (BIAM) et enfin la visite du chantier de fusion nucléaire ITER.
Mardi 28 juin : Visite du laboratoire Atalante de R&D sur le cycle du combustible (site de Marcoule), du site du Tricastin (ORANO) l’après-midi avec les installations de chimie de l’uranium et surtout l’usine d’enrichissement de l’uranium GBII (visite de Melox les années précédentes).
Mercredi 29 juin : Visite du site Framatome de Chalon/St. Marcel où sont fabriqués des grands composants de réacteurs nucléaires (notamment cuves et générateurs de vapeur des REP).
Jeudi 30 juin : Visite du Centre de stockage de l’Aube (CSA) de l’Andra pour le stockage en surface des déchets de faible ou moyenne activité à vie courte CSA (le laboratoire de Bure les années précédentes).
Vendredi 1er juillet : Visite de l’usine de traitement des combustibles irradiés de La Hague : UP3, avec notamment l’atelier de vitrification et l’entreposage des colis vitrifiés. Cette visite a été suivie en fin de journée de celle du site EDF du réacteur EPR de Flamanville.
Le périple s’est achevé, le samedi, par un tour guidé des plages du débarquement comprenant entre autres le village de Sainte Mère l’Eglise, la pointe du Hoc, Omaha Beach et le Cimetière Américain de Colleville. Ce fut un réel moment d’émotion pour tous les participants. Ceci est l’occasion de mentionner que le programme de visites touristiques réservé aux accompagnants comportait principalement les étapes suivantes : Forcalquier, Aix-en-Provence (région de Cadarache), Pont du Gard et Uzès (région de Marcoule), Chalon-sur-Saône (avec notamment son musée Niepce de la Photographie), Colombey-les-Deux-Eglises (région de Bure), et enfin dans le Cotentin, Villedieu-les-Poêles (et ses célèbres fabriques de cloches et de cuivres) et le Mont-Saint-Michel.
Cette édition 2022 du TdF fut une nouvelle fois un grand succès sur le plan des échanges techniques et académiques. Ce type d’événement demeure un moyen privilégié pour renforcer nos relations avec l’ANS et le monde universitaire américain dans le domaine nucléaire en faisant mieux connaître nos réalisations en la matière. Cette année, le programme technique ainsi que les échanges et discussions étaient axés sur la thématique principale de la fin du cycle du combustible, avec notamment l’examen des questions liées à la gestion des déchets ultimes de haute activité et l’option de vitrification de ces déchets adoptée en France. Dans le cadre ainsi défini, les objectifs principaux de ce TdF étaient les suivants :
- Offrir aux professeurs américains une vision concrète et pertinente du programme nucléaire français leur permettant de démultiplier ces informations en direction de leurs propres étudiants.
- Renforcer les relations mutuelles entre la SFANS et l’ANS via la participation de ces professeurs qui pour la plupart sont membres actifs de l’ANS.
- Organiser un échange de vues sur les programmes académiques respectifs des deux pays de formation d’ingénieurs en énergie nucléaire.