Normandie, terre d’accueil du nucléaire

De la pointe du Cotentin aux Falaises du Talou, la Normandie est une terre d’accueil du nucléaire en France. La filière compte 22 300 emplois directs et indirects et plus de 200 entreprises réparties sur l’ensemble du territoire. Demain avec l’arrivée de l’EPR, le réacteur de troisième génération, elle sera la deuxième région la plus nucléaire du monde.
Toutes les citations sont tirées de la Convention régionale de la Sfen Normandie qui s’est tenue le 30 mars 2021.
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« Je pense que les autres interlocuteurs le rappelleront également mais je ne cesse de dire partout que la Normandie est une terre d’accueil du nucléaire en France » par ces mots, la députée de la 4e circonscription de la Manche, Sonia Krimi, a voulu d’emblée réaffirmer l’importance de cette industrie pour la Normandie. En effet, la région est le témoin privilégié des innovations technologiques qui préfigurent le nucléaire de demain. La Normandie accueille déjà trois centrales nucléaires : Paluel, Penly et Flamanville qui représentent près de 9 % de la production nationale d’électricité en 2020[1] et alimente les régions voisines en électricité bas carbone.
La Normandie dispose également d’une usine de traitement des combustibles nucléaires usés à La Hague du groupe Orano. Vitrine mondiale de la chimie séparative, l’usine permet de récupérer jusqu’à 96 % de la matière des combustibles usés, en vue d’un recyclage. 5 000 salariés y travaillent quotidiennement, faisant du site le premier employeur du Cotentin. Une démarche responsable comme l’explique Jean-Marc Ligney, directeur adjoint du site de Orano la Hague : « Dans notre société, le recyclage est de plus en plus considéré comme une norme. Il s’agit à la fois dedonner une seconde vie aux objets dont nous ne nous servons plus pour préserver les ressources de la planète et de minimiser les déchets que nous produisons du fait de notre activité. C’est ce que nous faisons sur le site de La Hague depuis plus de 50 ans avec le recyclage des combustibles. Recycler du combustible permet de donner une seconde vie aux matières contenues et permettra également de minimiser le volume de déchets finaux résultant de l’activité de production électronucléaire. »
Plus à l’est, le site d’Equeurdreville-Hainneville (Manche) est une vitrine de l’industrie du futur : Orano y a initié le développement d’une salle de réalité virtuelle pour favoriser la fabrication « zéro défaut » et améliorer la compétitivité de ses projets.
Le territoire compte aussi une usine de construction de sous-marins nucléaires à Cherbourg et le centre de stockage des déchets radioactifs de la Manche (CSM) géré par l’Andra, actuellement en phase de fermeture, ainsi qu’un site de Framatome à Rugles (Eure) qui intervient dans le processus de transformation du zirconium, matériau essentiel à la fabrication des combustibles nucléaires.
Cet ancrage territorial, animé par Normandie Energies[2], s’accompagne d’un dynamisme économique qui irrigue tout le territoire. A titre d’exemple, depuis 2014, un tiers des commandes passés par la centrale de Penly et de Paluel l’ont été auprès d’entreprises locales et Orano La Hague effectue trois quarts de ses achats en Normandie. Si l’on ajoute à ces investissements la fiscalité et les salaires, l’impact économique annuel de la filière nucléaire en Normandie est supérieur à un milliard d’euros.
Le Conseil régional de Normandie a voulu, par la voix de sa 1ère Vice-présidente, Sophie Gaugain, réaffirmer son attachement à une industrie stratégique : « Concernant la vision [ndlr : du conseil régional], le nucléaire est une force industrielle et une force en termes d’emplois. Nous avons d’abord structuré cette filière, que nous défendons, au regard des emplois directs et indirects que cela représente sur le territoire, mais également du fait des enjeux pour la France. »
Le nucléaire au service de la santé
Sur le plan de la santé, les compétences nucléaires médicales vont de la recherche fondamentale avec des équipements mondialement reconnus comme le GANIL[3] jusqu’à l’industrie avec des PME innovantes en passant par des établissements de santé disposant de plateaux techniques de pointe. Ces atouts ont permis l’émergence de projets d’envergure comme le projet d’hadronthérapie ARCHADE, l’accélérateur linéaire de particules SPIRAL (GANIL).
Ainsi le professeur Marc-André Mahé à la tête du Centre de lutte contre le cancer François Baclesse situé à Caen explique les bienfaits de l’atome dans le domaine médical « Nous savons qu’actuellement 220 000 patients sont traités en France par radiothérapie et que la radiothérapie participe soit à elle seule, soit en association avec les autres traitements du cancer que sont la chirurgie, la chimiothérapie, l’immunothérapie, l’hormonothérapie, à 40% de guérison des patients atteints d’une maladie cancéreuse ».
Avec Orano Med, la Normandie est à la pointe pour la recherche contre le cancer. Isotope prometteur pour soigner les cancers, le plomb 212 était jusqu’à présent difficile à approvisionner à grande échelle. Pour pallier cette difficulté et permettre aux patients de bénéficier de ses avantages, Orano Med, filiale médicale du groupe Orano, a mené dès 2005 des études sur son site de La Hague. Les premiers essais ont été concluants et Orano Med envisage aujourd’hui la construction d’une nouvelle unité de production à la pointe de la technologie.
Demain, les EPR
L’avenir de la filière nucléaire a encore de beaux jours devant elle alors que se dessine les débats autour du renouvellement du parc nucléaire français avec les EPR2. Une décision qui pourrait impacter directement le territoire normand comme le précise Alban Verbecke, le délégué régional de EDF : « Le double EPR de Penly fait partie des décisions que devra prendre le prochain gouvernement, durant ses 100 premiers jours, afin d’assurer la transition climatique de la France. Penly fait partie des 6 nouveaux EPR français à construire, en concomitance avec la fermeture de douze réacteurs de 900 mégawatts. Ce projet est considérable. Il a été acté qu’EDF devait présenter trois projets en France, sur trois zones. Le Conseil d’administration d’EDF a choisi comme premier site d’accueil, Penly, si le gouvernement le décide, puis Gravelines et la vallée du Rhône, où le site n’est pas encore défini. Tout cela est assujetti à la décision du gouvernement. »
Mais d’abord, le réacteur nucléaire EPR de Flamanville dont la mise en service est prévue pour fin 2022, fournira de l’électricité bas carbone pendant au moins 60 ans à 1,5 million de Français.
[1] RTE Bilan électrique 2020
[2] La filière du mix énergétique normand
[3] Le Grand accélérateur national d’ions lourds ou GANIL est un centre de recherche en physique nucléaire localisé à Caen.