Manche : pas d’impact des installations nucléaires sur la santé - Sfen

Manche : pas d’impact des installations nucléaires sur la santé

Publié le 20 février 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Les enquêtes sanitaires effectuées auprès des populations habitant à proximité des installations nucléaires se suivent et se ressemblent : elles ne montrent, parmi ces populations riveraines, aucun excès de cancers ou de leucémies attribuables à la centrale nucléaire ou à l’usine située dans le voisinage. La dernière en date de ces études a été menée en 2013, à l’initiative des Commissions Locales d’Information du département de la Manche – qui compte sur son territoire l’usine de retraitement de La Hague, la centrale nucléaire de Flamanville, le centre de stockage de déchets radioactifs CSM et l’arsenal de Cherbourg spécialisé dans la construction et la maintenance des sous–marins nucléaires. L’étude a pour thème : « L’industrie nucléaire et le risque de cancers dans le département de la Manche ». Elle a été  menée par le Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie en collaboration avec le Registre général des cancers de la Manche.

 

Innocuité confirmée

Publiés et diffusés fin 2013, les résultats de cette étude sont résumés ainsi dans le document de synthèse : « l’incidence des cancers masculins dans la Manche est équivalente à celle estimée en France » tandis que « l’incidence des cancers chez la femme est inférieure de 1,5% à celle estimée en France ».   En d’autres termes, les installations nucléaires du Cotentin ne causent pas de dommages à la santé des populations riveraines. Cette conclusion n’est évidemment pas une surprise. Et sur un plan général elle est bien établie à travers plus d’une centaine d’études épidémiologiques conduites depuis de nombreuses années, en France et dans le monde, autour des sites nucléaires. Il n’est pas inutile que l’étude menée à l’initiative des CLI de la Manche apporte à ce constat une nouvelle confirmation très précisément documentée, rappelant ainsi qu’habiter le Cotentin, avec toutes ses implantations nucléaires, n’est pas plus dommageable pour la santé que de vivre dans les autres régions françaises. 

 

Aucun problème de santé publique, ni en France ni ailleurs

Au plan international, l’étude la plus récente venant corroborer ces constats a été réalisée en 2013 au Royaume-Uni sur 10 000 enfants de moins de 5 ans diagnostiqués avec la leucémie ou d’autres cancers entre 1962 et 2007. Elle a été conduite par le Centre de recherche britannique sur les cancers de l’enfance, se demandant si les tout jeunes enfants vivant à proximité immédiate des centrales nucléaires n’ont pas un risque accru de développer une leucémie ou un cancer. La réponse est négative. Le Dr John Bithell, qui a dirigé l’étude, a apporté sur ce point les précisions suivantes : « notre étude cas-témoins a examiné les dossiers de naissance pour presque tous les cas de leucémie infantile nés en Grande- Bretagne et les conclusions de ces analyses sont rassurantes. Nous n’avons pas trouvé de corrélation entre le développement de cette maladie et la proximité des installations nucléaires ». Notons que cette conclusion apporte un nouveau démenti aux rumeurs complaisamment entretenues par certains militants anti-nucléaires attribuant à l’usine de Sellafield un taux de leucémies infantiles plus élevé dans la région que dans le reste du pays.

En fait, personne ne peut sérieusement remettre en cause ce constat fondamental vérifié depuis des années autour de 200 sites nucléaires en France et dans le monde : les installations nucléaires correctement exploitées ne sont pas un problème de santé publique. La raison en est simple : leurs rejets radioactifs sont limités à des niveaux très faibles, se confondant avec le bruit de fond de la radioactivité naturelle. Les chercheurs estiment que les quelques cas excédentaires de leucémies et de cancers enregistrés auprès de certains sites – qui ne sont pas attribuables à la radioactivité des installations et qui ne trouvent pour le moment aucune explication – pourraient être dûs à des phénomènes infectieux favorisés par le brassage de populations autour de grands chantiers et de complexes industriels, nucléaires ou non. Certains suggèrent que l’on étudie aussi les effets du trafic routier, des stations-services, des lignes à haute tension, de pollutions chimiques particulières… Autant de pistes explorées par les chercheurs notamment en France. Car la piste nucléaire n’est pas la bonne.

Publié par Francis Sorin (SFEN)