L’uranium reste largement ignoré par les standards pour des mines responsables - Sfen

L’uranium reste largement ignoré par les standards pour des mines responsables

Publié le 7 décembre 2022
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L’absence du secteur minier dans la Taxonomie européenne laisse le terrain aux systèmes de certification privée pour évaluer les pratiques d’exploitation de minerais et métaux pourtant indispensables à beaucoup d’activités durables. L’exercice est particulièrement difficile dans le cas de l’uranium, très peu abordé dans les standards de référence.

« Nouveau pétrole et gaz au cœur de notre économie » selon la formule du commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, les minerais et métaux restent pourtant hors du champ de la Taxonomie européenne, un sujet en suspens dans le travail des experts de la Plateforme pour la finance durable. Les critères privés qui s’y substitue n’abordent presque jamais l’uranium, créant un manque de lisibilité pour des investisseurs soucieux d’investir de manière responsable, à l’heure de la reconnaissance du nucléaire dans la liste des activités durables de l’Union européenne.

Deux organisations internationales en particulier développent un cadre de référence pour définir des pratiques durables applicables à tous les types d’exploitation minière. Du côté de la Responsible Minerals Initiative (RMI), les critères techniques du standard « All Minerals » sont potentiellement applicables à l’uranium, mais la seule mention directe le concernant renvoie à son traitement en tant que coproduit dans les résidus miniers.

Quant à l’Initiative for Responsible Mining Assurance (IRMA), son document de référence limite son champ d’application dans une curieuse association aux combustibles fossiles : « Le standard IRMA a vocation à s’appliquer à tous les types d’activités minières […] à l’exception des combustibles énergie. L’IRMA ne certifiera pas d’opérations gazières et pétrolières, et davantage de travail est nécessaire avant de considérer l’inclusion du charbon thermique et de l’uranium ».

Des standards pour affirmer le rôle de l’uranium dans la transition énergétique

Les seuls standards privés spécifiques aux mines d’uranium restent à l’heure actuelle ceux de la World Nuclear Association. Ils associent les lignes directrices de l’AIEA et de l’Agence de l’OCDE pour l’Énergie Nucléaire à d’autres référentiels privés de durabilité (recommandations de la Global Reporting Initiative et de l’International Council on Mining and Metals) pour dresser une méthodologie de vérification opérationnelle, qui n’ouvre pas en principe la voie à une certification publique par une tierce partie.

Inscrit dans une filière par définition très encadrée, l’uranium pâtirait donc d’un manque de reconnaissance dans l’établissement des standards, malgré sa place dans la planification de la transition énergétique. Celle-ci est également visible au sein des politiques publiques : l’organisation américaine Good Energy Collective note que ni les États-Unis ni l’UE n’incluent à ce stade l’uranium dans le champ des matériaux critiques pour le développement des énergies bas carbone. Une prise en compte qui ouvrirait, entre autres, la porte à une codification plus précise des pratiques d’exploitation durables, en vue du déblocage de subventions et de la mise en place d’une politique d’investissements stratégiques.

Pour ce qui d’Orano, il s’agit d’un des principaux producteurs de la planète avec 6 814 tonnes d’uranium extraites en 2021, selon son dossier d’information publié en septembre 2022. L’industriel indique avoir « rejoint, en mai 2011, le Conseil International des Mines et Métaux (ICMM) ». Par ailleurs, Orano Mining s’est doté en 2016 d’une politique RSE (responsabilité sociale des entreprises), d’un Comité RSE et de Comités Sociétaux Mines (CSM) qui déclinent les orientations du groupe dans chaque pays. ■

Par Paul Kielwasser, journaliste indépendant

Photo : mine d’uranium de Tortkuduk d’Orano au Kazakhstan – ©Orano

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