Les États-Unis sont désormais capables d’enrichir de l’uranium pour les réacteurs nucléaires innovants
Les États-Unis viennent d’ouvrir une usine de propriété américaine d’enrichissement d’uranium. Le pays avait fermé sa dernière usine, obsolète, en 2013. L’American Centrifuge Plant, opérée par Centrus et qui compte pour l’instant une petite cascade de 16 centrifugeuses, produira du combustible moyennement enrichi (Haleu) pour alimenter les nouveaux réacteurs innovants.
Quand la machine industrielle américaine se met en route, elle est extrêmement réactive. Les États-Unis avaient perdu depuis plusieurs années leur capacité domestique d’enrichissement d’uranium. Si le Department of Energy (DoE) a commencé à s’attaquer à ce problème à la fin des années 2010, la guerre en Ukraine a mis en évidence la dramatique dépendance du pays à des fournisseurs extérieurs.
Mais le 11 octobre dernier, l’industriel Centrus a annoncé le démarrage de l’American Centrifuge Plant, à Piketon dans l’Ohio. Il s’agit de la seule installation de production d’uranium moyennement enrichi des États-Unis autorisée par la Nuclear Regulatory Commission (NRC). Surtout, c’est la première usine d’enrichissement appartenant aux États-Unis à entrer en production depuis 1954. « Ce moment est une grande fierté – et une promesse – pour la nation », se réjouit Daniel Poneman, président-directeur général de Centrus.
« Nous espérons que cette cascade sera bientôt rejointe par des milliers de centrifugeuses supplémentaires, ici même à Piketon, pour produire l’Haleu nécessaire pour alimenter la prochaine génération de réacteurs avancés (…) C’est ainsi que les États-Unis pourront retrouver l’indépendance nucléaire qu’ils ont perdue », ajoute-t-il. En effet, Centrus explique que les États-Unis ont fermé en 2013 la dernière de leurs usines d’enrichissement, « obsolètes et de moins en moins rentables, datant de la guerre froide ». Pour la première fois depuis le projet Manhattan, le pays ne disposait plus d’une capacité industrielle d’enrichissement de l’uranium à des fins de sécurité nationale.
Alimenter les réacteurs innovants
Le combustible Haleu utilise de l’uranium enrichi entre 5 et 20 %, ce qui est supérieur au combustible utilisé dans les réacteurs à eau légère actuellement. La plupart des réacteurs avancés développés dans le cadre du programme de démonstration de réacteurs avancés du ministère américain de l’Énergie (DOE) auront besoin de telles concentrations. L’absence d’une chaîne d’approvisionnement commerciale pour ces réacteurs a incité le DOE à lancer un programme visant à stimuler le développement d’une source nationale d’Haleu.
Sur X (ex-Twitter), le Department of Energy (DoE) écrit : « L’énergie nucléaire est une source d’énergie propre essentielle et les États-Unis s’assurent les combustibles essentiels pour alimenter les réacteurs nucléaires avancés de demain ».
Nuclear energy is a crucial clean energy source & the U.S. is securing the critical fuels to power the advanced nuclear reactors of tomorrow.
Deputy Secretary Turk visited one of the FIRST American companies to produce HALEU (high-assay, low enriched uranium) on American soil. pic.twitter.com/CcVduGNyKa
— U.S. Department of Energy (@ENERGY) October 12, 2023
Le programme Centrus a démarré un peu avant la guerre en Ukraine. La construction de la cascade de démonstration de 16 centrifugeuses a débuté en 2019 dans le cadre d’un contrat avec le ministère de l’Énergie américain. « La capacité de la cascade de 16 centrifugeuses est modeste – environ 900 kilogrammes de Haleu par an – mais avec un financement suffisant et des engagements d’achat, Centrus pourrait augmenter considérablement sa production. Une cascade Haleu à grande échelle, composée de 120 centrifugeuses, avec une capacité combinée de production d’environ 6 000 kilogrammes d’Haleu par an », explique l’entreprise. ■