Les émissions carbone du nucléaire français : 4g de CO2 le kWh - Sfen

Les émissions carbone du nucléaire français : 4g de CO2 le kWh

Publié le 16 juin 2022 - Mis à jour le 17 juin 2022
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Le 16 juin 2022, EDF a publié son analyse du cycle de vie du parc nucléaire français. Conclusion, le kWh nucléaire français émet moins de 4 g équivalent CO2. Cette analyse détaillée va permettre d’identifier les étapes et les flux les plus contributeurs au bilan dans une optique d’amélioration, souligne EDF. C’est également l’occasion de clarifier les différents chiffres parfois cités dans la vie démocratique de l’Hexagone.

Dans la littérature scientifique, les émissions des différentes énergies peuvent varier selon la méthodologie utilisée ou le pays étudié. Le chiffre faisant référence pour le nucléaire au niveau international est celui du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec)[1] : 12 g éq. CO2/kWh. Pour rappel, la médiane est le chiffre qui sépare un jeu de donnée en deux parties égales. Néanmoins, les méthodes d’extractions et d’enrichissement de l’uranium, l’empreinte carbone des matériaux de construction ou encore la stratégie de gestion des matières radioactives sont autant de facteurs pouvant faire varier – légèrement – les émissions carbone du kWh. En France, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans sa base[2] estime les émissions du kWh nucléaire à 6 g de CO2. À titre de comparaison, les émissions des centrales à gaz sont estimées, toujours par l’Ademe, à 418 g CO2 par kWh et celles des centrales à charbon à 1058 g CO2 par kWh. Quant aux énergies renouvelables, le kWh en France se situe autour de 10 g pour l’éolien et de 30 g pour le solaire photovoltaïque. EDF, se basant sur les données du parc en 2019, actualise, précise et confirme le caractère bas carbone du nucléaire avec un kWh inférieur à 4 g de CO2. Un exercice d’autant plus important qu’en France seulement 30 % des moins de 25 ans approuvent l’idée que « l’énergie nucléaire est un atout pour lutter contre le changement climatique » contre 50 % des plus de 50 ans (source Baromètre EDF).

La méthodologie répond à un cahier des charges : les normes ISO

L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode normalisée devant répondre aux exigences d’ISO 14040-44. Elle repose sur l’inventaire des flux de matière et d’énergie pour les différentes phases du cycle de vie du produit, de l’extraction des matières premières jusqu’à la gestion des déchets. La crédibilité de l’ACV est renforcée par la revue critique d’un comité d’experts en accord avec la norme ISO/TS 14071.

Le champ de l’étude intègre les données du parc en 2019 soit 34 réacteurs de 900 MW, dont 22 « moxés[3] », 20 réacteurs de 1 300 MW et 4 de 1 450 MW. L’étude ne prend pas en compte le transport de l’électricité.

Au-delà du CO2, les résultats de l’analyse intègre bien les diverses émissions que ce soit le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), l’hexafluorure de soufre (SF6), etc. C’est ce qu’exprime l’indication « grammes équivalent CO2 par kWh ».

Périmètre de l’analyse du cycle de vie (ACV), ©EDF

Les résultats de l’étude

Détails des émissions de CO2 du parc nucléaire français, ©EDF

La répartition des émissions du nucléaire qui forment un total de 3,7 g éq. CO2 par kWh montre une importance particulière de l’amont du cycle alors qu’au contraire, la déconstruction, la maintenance et le stockage des déchets ont un poids négligeable.

Les études de sensibilité montrent qu’une exploitation de 60 ans fait baisser l’empreinte carbone de 8 % (3,4 g CO2/kWh) par rapport à une exploitation de 40 ans. L’impact d’une variation de 10 % de la production électrique annuelle par rapport à 2019 est de 0,1 g CO2/kWh. EDF conclu que la sensibilité globale offre un spectre de 2,9 à 4,6 g eq CO2 /kWh.

Au-delà des émissions de gaz à effet de serre

L’analyse s’est intéressée à différents impacts environnementaux, la radioactivité, l’impact sur la santé humaine et sur les écosystèmes marins et terrestres, l’empreinte au sol, l’épuisement des ressources, etc. Pour en savoir plus, retrouvez l’étude sur le site EDF. ■

La rédaction Sfen – Crédit photo EDF-Beaucardet William/PWP

[1] https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_annex-iii.pdf

[2] https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?conventionnel.htm

[3] Réacteurs utilisant du combustible composé d’un mélange d’oxydes issu du traitement du combustible usé.

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