L’édito de Ludovic Dupin, directeur de l’information de la Sfen

L’EPR prêt à entrer dans son ère industrielle (RGN 4, 2022)

Entre la crise climatique, la crise des prix de l’énergie en cours depuis maintenant un an et la crise de souveraineté liée aux coupures de livraison de gaz russe, le nucléaire apparaît de plus en plus comme une ressource indispensable, aux côtés des énergies renouvelables, pour assurer une transition  énergétique bas carbone, compétitive, et à même de garantir la sécurité d’approvisionnement des pays. Si la demande est là, encore faut-il que l’offre  réponde en temps et en heure, comme l’explique l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Son président, Fatih Birol, prédit un come-back de l’atome à  la condition que l’industrie puisse tenir ses engagements en termes de planning et de budget. Ces dernières années, le centre de gravité du nucléaire civil  s’est clairement déplacé du côté de la Russie et de la Chine qui ont multiplié les chantiers, là où les filières occidentales ont connu des difficultés.

C’est dans ce contexte que la proposition française de l’EPR doit tirer son épingle du jeu. C’est justement cet impératif que la filière nucléaire française, réunie par la Sfen, a analysé en juin 2022 lors de sa Convention annuelle. Les principaux échanges qui s’y sont tenus sont retranscrits dans les pages du dossier de ce numéro. Entre le démarrage du réacteur d’Olkiluoto en Finlande, les performances des unités à Taishan en Chine, le passage de la  construction à la future exploitation de Flamanville 3 et les multiples projets en Europe et en Inde, les acteurs ont décrit l’expérience acquise ces  dernières années, sans nier les difficultés rencontrées au fil des constructions.

D’ores et déjà, tout cet apprentissage se fait sentir positivement sur le chantier des deux EPR en construction à Hinkley Point C au Royaume-Uni. C’est un « eff et de série » qui est en train d’apparaître, une nécessité pour développer un nucléaire à bas prix et maintenir les compétences de la filière à long terme. En se réjouissant de retrouver l’excellence, c’est bien sûr du côté de la réussite du futur programme nucléaire français que les yeux se tournent.  Emmanuel Macron a annoncé un programme de six EPR 2, avec une option pour huit tranches supplémentaires. Construit par paire avec le lancement  d’un nouveau chantier tous les deux ans, la construction des réacteurs français devrait retrouver les meilleurs standards mondiaux.