L’édito de Guillaume Dureau, directeur général adjoint chez Orano, premier vice-président de la Sfen - Sfen

L’édito de Guillaume Dureau, directeur général adjoint chez Orano, premier vice-président de la Sfen

Publié le 12 mai 2022 - Mis à jour le 24 novembre 2022
Un consensus grandissant sur la nécessité du nucléaire (RGN avril 2022)

L’attention mondiale portée aux facteurs de production énergétique s’est brutalement accrue ces dernières semaines en raison de deux facteurs principaux : conjoncturellement, et malgré l’aspect tragique que cela recouvre, la guerre en Ukraine conduit à radicalement  revoir l’alimentation en gaz des économies européennes ; structurellement, suite à la dernière publication du Giec fixant à 2025 l’année butoir à partir de laquelle l’augmentation de la température du globe à 1,5 °C ne pourrait plus être contenue, ce qui impose de réduire  massivement les émissions de gaz à effet de serre.

Il se dégage progressivement un consensus dans la plupart des pays pour considérer qu’à côté du développement indispensable des énergies renouvelables, l’énergie nucléaire est nécessaire pour apporter une réponse en base à des besoins inéluctablement  croissants en électricité. Ainsi observe-t-on une émergence progressive de nouveaux projets, dans nombre de pays ayant déjà adopté l’énergie nucléaire et souhaitant renouveler leur parc afin de l’inscrire dans la durée. Cette augmentation du nombre de projets  concerne aussi un nombre de plus en plus important de pays dits primo-accédants ayant décidé d’inscrire plus fortement leurs économies dans une trajectoire décarbonée.

Ces projets se fondent sur des technologies « éprouvées » (réacteur de Génération III), que ce soit en Europe, en Amérique du Nord et du Sud ou en Asie (Chine, Japon). Mais ils nécessiteront une main-d’oeuvre qualifiée de grande qualité et en nombre dans les  pays ayant interrompu les constructions neuves parfois depuis plus d’une décennie. Ainsi l’appel d’air sur les forces d’ingénierie sera notable alors que ce métier connaît un déclin parmi les jeunes générations, qui commence à être enrayé.

L’aventure technique et humaine ne s’arrête toutefois pas à ces éléments. L’intérêt récemment affiché par la puissance publique pour le nucléaire encourage le développement de nouveaux modèles de réacteurs, suscitant ainsi un effort de recherche et  développement dans des structures diverses et variées avec la création de start-up. Cet effort existe de longue haleine dans un pays comme la Chine. Il date déjà de quelque temps aux États-Unis. Il est encore récent en ce qui concerne la France, mais résolu. Gageons qu’il saura, dans la durée, susciter de nouvelles vocations de scientifiques, fera émerger de nouvelles technologies du nucléaire, tant pour les modèles de réacteurs que pour le cycle du combustible associé. Toutes ces nouvelles technologies ont en commun d’avancer vers une plus grande sécurité intrinsèque et contribueront ainsi à en renforcer leur acceptation par la société.

Guillaume Dureau, directeur général adjoint chez Orano, premier vice-président de la Sfen

Edito RGN avril 2022