Le rachat de Westinghouse témoigne du regain du nucléaire

C’est un rachat à près de 8 milliards de dollars, dette comprise. Le Canadien Cameco va entrer au capital de l’américain Westinghouse à hauteur de 49 %. Quant à Brookfield Renewable Partners et ses partenaires institutionnels, ils détiendront 51 %. Une transaction qui témoigne du retour en grâce du nucléaire auprès des investisseurs selon le Financial Times.
Le rachat de Westinghouse pour près de 8 milliards de dollars montre que le nucléaire est à nouveau perçu comme une énergie d’avenir par les investisseurs. Une situation qui tranche avec la situation de Westinghouse quelques années auparavant. Pour rappel, en mars 2017, Westinghouse annonçait avoir demandé la mise sous protection de l’Article 11 de la loi sur les faillites aux États-Unis.
En 2018, Brookfield Business Partners, qui détient Brookfield Renewable Partners, rachetait l’entreprise restructurée. Aujourd’hui, Westinghouse a regagné l’intérêt des investisseurs avec un rachat à hauteur de 7,9 milliards de dollars, dette comprise. Brookfield Renewable, un des plus gros investisseurs dans les énergies propres, va détenir 51 % du capital et Cameco, l’un des plus grands producteurs d’uranium, va prendre les 49 % restants. L’opération est prévue pour la seconde moitié de l’année 2023.
Le consortium canadien indique dans un communiqué qu’il anticipe une accélération du nucléaire. « L’énergie nucléaire connaît une résurgence dans le monde entier. Plus de 20 pays d’Amérique, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie poursuivent de nouveaux projets ou l’extension de centrales. […] Plus de 60 GW de nouveaux réacteurs sont attendus entre 2020 et 2040 ». Il précise : « À court terme, la transaction ouvre la possibilité d’obtenir de nouveaux contrats en soutenant le développement d’installations nucléaires dans les pays d’Europe de l’Est traditionnellement desservis par la Russie ».
Le retour en force de l’AP1000 ?
Ce rachat intervient alors que les importantes difficultés du réacteur de troisième génération AP1000 sur le territoire américain semblent toucher à leur fin. En 2013, les États-Unis lançaient les chantiers de quatre réacteurs : deux à Vogtle et deux autres à Virgil C.Summer. Les unités à Vogtle, dont la mise en service était initialement prévue en 2016 et 2017, accumulent du retard et l’explosion des coûts à Virgil C.Summer mènera le chantier à être tout bonnement abandonné en 2017.
Mais du côté de Vogtle, la situation s’éclaire. Le chargement du combustible de l’unité Vogtle 3 a débuté le 14 octobre 2022 pour un démarrage au début de l’année 2023. La même opération est prévue dans quelques mois pour l’unité 4. Aujourd’hui, l’AP1000 est proposé à l’export dans de nombreux appels à projets notamment face à l’offre française, en Pologne ou en République tchèque. Par ailleurs, quatre unités sont en exploitation en Chine. ■