Lancement de la concertation pour la poursuite des réacteurs 1300 MW au-delà de 40 ans - Sfen

Lancement de la concertation pour la poursuite des réacteurs 1300 MW au-delà de 40 ans

Publié le 23 janvier 2024

Le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) a lancé jeudi 18 janvier la concertation publique sur les dispositions en termes de sûreté pour la poursuite de l’exploitation des 20 réacteurs 1300 WM au-delà de 40 ans. Elle sera effective de janvier à juin 2024.

En France, les 20 réacteurs de 1300 MW, réparties sur huit centrales, atteindront prochainement 40 années d’exploitation. Dans une démarche de sûreté, commune à l’entièreté du parc français, ceux-ci feront l’objet d’un quatrième réexamen périodique, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui permettra de définir les conditions de la poursuite de leur fonctionnement pour 10 années supplémentaires. En amont, l’HCTISN lance une concertation qui a pour vocation d’associer le public aux enjeux de sûreté, avant les enquêtes publiques qui seront réalisées réacteur après réacteur. La loi n’impose pas cette démarche. Il s’agit d’une initiative prise par toutes les parties prenantes, à savoir EDF comme opérateur responsable des réexamens périodiques de sûreté, l’Autorité de sûreté nucléaire, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN), ainsi que l’Association nationale des comités et commissions locales d’informations (Anccli).

Cette concertation s’inscrit dans la même lignée que la précédente mise en place, il y a cinq ans, pour les réacteurs 900 MW (dont les enquêtes publiques ont débuté en 2022 par la centrale de Tricastin). Elle se déroule cette fois dans un situation particulière, encore plus propice aux interrogations du public. Christine Noiville, présidente de l’HCTISN, explique : « La concertation sur les 900 MW a été très utile et l’est encore plus aujourd’hui avec un contexte inédit. Il l’est en matière de gouvernance de la sûreté, de politique énergétique, liée à la relance du nucléaire, mais aussi en termes de situation industrielle avec la corrosion sous contrainte et des enjeux liés à l’accélération du changement climatique ».

Transparence et considération du public

Pendant cinq mois, le public pourra s’exprimer sur la plateforme numérique dédiée. Celle-ci permettra à tous les citoyens de s’informer et donner leur avis. Il pourra aussi s’impliquer dans le projet en participant à diverses rencontres. Pour assurer son bon déroulement, deux membres de la Commission nationale du débat public (CNDP) ont été missionnés. Ils permettront de garantir l’écoute de l’exploitant, tout en assurant la prise en compte des avis et recommandations du public à terme.

Six webinaires seront proposés sur différentes thématiques par le comité opérationnel durant la période de la concertation (dont le premier est prévu le 24 janvier) et les sept commissions locales d’information (CLI) concernées organiseront en parallèle des ateliers et des réunions collectives sur le territoire. Jean-Claude Delalonde, président de l’Anccli, précise l’utilité d’une telle concertation dans un objectif de transparence, reconnue internationalement : « Nos concitoyens aujourd’hui veulent être acteurs de l’énergie de demain et souhaitent de plus en plus participer aux décisions qui affectent leurs territoires […] La transparence est le fait d’expliquer son cheminement, de justifier son choix, de donner le temps à l’expertise, en prenant en compte les remarques de la société civile et c’est tout l’objet de la concertation engagée par le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité nucléaire ».

Le mot de l’exploitant nucléaire

Étienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire d’EDF, atteste que « les résultats de la concertation seront entendus et pris en compte ». Suite à la précédente concertation pour les réacteurs 900 MW, plusieurs notes détaillées avaient été réalisées par les parties prenantes pour montrer leur implication dans l’initiative d’ouverture au public. Étienne Dutheil ajoute : « Je souhaite que cette concertation publique soit l’occasion d’un dialogue riche et ouvert avec nos concitoyens. La poursuite de l’exploitation d’un réacteur n’est pas uniquement conditionnée par des choix et des considérations techniques. La question de l’acceptation du public est aussi importante ».

EDF élève son niveau d’ambition sur ce quatrième réexamen périodique avec un volume de travaux six fois supérieur au troisième réexamen. L’une des raisons est d’élever le niveau de sûreté au plus haut standard actuel, c’est-à-dire celui des réacteurs de troisième génération, du type EPR. Les propositions de l’exploitant sont compilées sous la forme d’une « note de réponse aux objectifs », examinées par l’ASN et l’IRSN. L’ASN prendra aussi en considération les conclusions de la concertation et mène en parallèle une instruction qui aboutira à une décision accompagnée d’un calendrier pour l’exploitant. ■

Par François Terminet (Sfen)

Photo : Centrale nucléaire de Penly en Seine-Maritime composée de 2 réacteurs de 1300 MWe ©Lou BENOIST / AFP