L’ACV : la méthodologie internationale du calcul d’impact de la production d’énergie - Sfen

L’ACV : la méthodologie internationale du calcul d’impact de la production d’énergie

Publié le 20 septembre 2022 - Mis à jour le 25 novembre 2022

Dans une récente étude parue cet été, EDF met à jour le facteur d’émission du parc nucléaire français à 3,7 g éq. CO2/kWh, faisant de l’atome le moyen le plus décarboné de produire de l’électricité du point de vue climatique. Ce chiffre, obtenu par une analyse en cycle  de vie (ACV), repose sur une méthodologie normalisée au niveau international.

L’étude du GIEC de 2014 (WG3) et celle de l’Ademe de 2015 font référence pour estimer l’intensité carbone des moyens de production d’électricité.  Elles adoptent une analyse en cycle de vie (ACV), qui désigne la quantité d’équivalent CO2 nécessaire à la production d’une unité d’électricité à partir  d’une technologie donnée (nucléaire, éolien, charbon, etc.), de l’extraction à l’injection sur les réseaux (et en tenant compte de la déconstruction de l’installation). Les deux acteurs sont catégoriques : le nucléaire est une énergie bas carbone avec un facteur d’émission estimé respectivement à 12 g  éq. CO2/ kWh pour un périmètre monde et 6 g éq. CO2/ kWh pour un périmètre France1. Pourtant, 50 % des Français continuent de penser que les  centrales nucléaires contribuent au réchauffement climatique. La publication d’une nouvelle étude d’ACV menée par EDF parue à l’été 2022 est  l’occasion de reclarifier ces données. L’électricien parvient à un chiffre de 3,7 g éq. CO2/kWh d’électricité produite à partir de nucléaire et injectée sur  le réseau.

L’ACV, un exercice standardisé reconnu mondialement

Au niveau institutionnel, les études d’impact en cycle de vie sont encadrées par des standards internationaux : les normes ISO 14040, ISO 14044 et  ISO/TS 14071. Schématiquement, la première norme fournit une description dans ses principes de ce qu’est une ACV en des termes vulgarisés et  donc accessibles à une audience large, non nécessairement experte en ACV ; la deuxième norme, bien plus technique dans son contenu, spécifie les  exigences et fournit les lignes directrices pour la réalisation d’une ACV. Enfin la troisième norme, ISO/TS 14071, « définit des exigences et lignes  directrices pour réaliser la revue critique de tout type d’étude d’ACV, ainsi que les compétences requises pour mener cette revue ».

Sept principes,  décrits dans la norme ISO 14040 comme fondamentaux, tracent les contours internes et externes d’une étude ACV2.

1. La perspective en cycle de vie

Une ACV doit tenir compte de l’ensemble du cycle de vie du produit. Ainsi, l’étude d’EDF couvre l’ensemble des étapes nécessaires à la production du kWh d’électronucléaire, de la mine d’uranium jusqu’aux usines de traitement et au stockage.

2. Le focus sur les aspects environnementaux

Cela inclut les émissions, mais également les enjeux de ressources et d’usage des sols, les aspects toxicologiques liés à la santé humaine (radiations  ionisantes dans le cas du nucléaire notamment), etc. L’étude peut éventuellement être mise en perspective avec une grille d’analyse  socio-économique.

3. Une approche fonctionnelle

L’ACV est structurée autour d’une unité fonctionnelle qui défi nit l’objet de l’étude et à laquelle se rapportent les différentes briques de l’analyse  déployée. Dans le cas de l’étude ACV d’EDF, l’unité fonctionnelle est « Produire un kWh à partir du parc nucléaire français EDF ». L’infrastructure réseau n’est pas prise en compte.

4. Une approche itérative

Une étude ACV est structurée autour de quatre phases successives et répétées à chaque étape du cycle de vie. Dans un premier temps, il faut cadrer le champ de l’étude.

Le système étudié par EDF comprend les 58 réacteurs en opération en 2019 en France, ce qui inclut Fessenheim, et l’ensemble  des sous-systèmes nécessaires au fonctionnement (mines, conversion, enrichissement, etc.), à la construction et à la déconstruction de ces  réacteurs. Dans un deuxième temps, EDF inventorie les flux entrants et sortants de chaque sous-système défini précédemment, c’est la phase  d’inventaire. On distingue deux types de flux. Des flux directs générés par la nature même du processus étudié (par exemple les produits de fission),  et des flux indirects qui résultent de processus sous-jacents (par exemple le CO2 émis par la fabrication du béton de la centrale). La phase  d’évaluation des impacts consiste à traduire ces flux en « indicateurs d’impact potentiel », lesquels permettent d’objectiver les impacts environnementaux du (ou des) système(s) étudié(s).

Enfin, la quatrième phase, d’interprétation, permet de discuter les résultats issus des trois autres phases successives.

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Par Ilyas Hanine, Sfen

Schéma source EDF – Le cycle du combustible