La supply chain européenne du nucléaire s’organise à Paris - Sfen

La supply chain européenne du nucléaire s’organise à Paris

Publié le 10 juin 2024

La supply chain européenne du nucléaire s’est réunie à Paris les 4 et 5 juin 2024 sous l’égide d’EDF. Le premier événement du genre a rassemblé 300 représentants venus de 15 pays pour se mettre en marche et être à la hauteur de la relance nucléaire en Europe.

Organisé par EDF, en collaboration avec le Gifen et Business France, l’événement est le premier à réunir au même endroit de nombreux fournisseurs européens de l’industrie nucléaire. L’objectif est d’unir les forces afin d’être à la hauteur des ambitions nucléaires du Vieux continent où les projets nucléaires, notamment EPR, se sont multipliés ces dernières années. « EDF se doit de donner l’impulsion », a déclaré le PDG d’EDF Luc Rémont, soulignant que le groupe français est le seul acteur européen à construire et à proposer des réacteurs de troisième génération. Anticipation, qualité, transparence, coopération, compétences… de nombreux sujets ont été abordés afin de se préparer à la relance du nucléaire en Europe.

Une ambition partagée

Le Vieux continent s’intéresse de nouveau au nucléaire. De la Pologne à la France en passant par l’Estonie, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Suède, les projets nucléaires se multiplient. Le programme français envisage jusqu’à 14 EPR2 avec une première phase de construction de 6 réacteurs. Outre-Manche, les Britanniques veulent deux EPR à Sizewell, en plus de ceux déjà en construction à Hinkley Point C.

EDF propose en République tchèque l’EPR1200 dans le cadre du processus compétitif en phase finale. Le groupe français a d’ailleurs profité de l’occasion pour signer de multiples accords de coopération avec des compagnies tchèques dans le cadre de sa participation à l’appel d’offres qui vise à construire jusqu’à quatre unités sur les sites de Dukovany et Temelín.

Pour mener à bien ces projets en respectant le calendrier et le budget, les industriels et leurs fournisseurs doivent être au niveau. L’enjeu ? Fournir aux Européens une électricité pilotable, bas carbone et compétitive.

Embarquer les fournisseurs européens

Pour EDF, la relance du nucléaire en Europe doit reposer sur des acteurs européens. Luc Rémont a insisté sur l’importance de travailler ensemble : « Nous devons nous préparer, former une équipe pour la relance du nucléaire en Europe ». Les exigences de qualité et les spécifications du nucléaire demandent aux fournisseurs des efforts importants pour se mettre à niveau… et y rester. Être à la hauteur de ces exigences est un véritable défi qui peut demander plusieurs années à un fournisseur pour être relevé.

Lors de la table ronde consacrée l’expérience des projets EPR britanniques, un acteur polonais a par exemple témoigné de la difficulté à comprendre et à digérer un important volume de documentation lors de son entrée dans le secteur. Un autre s’est remémoré les difficultés rencontrées pour atteindre la qualité de fabrication demandée. Avec le soutien de leur client, ils ont néanmoins tous deux pu progresser.

Une « success story » plus facile à raconter qu’à réaliser, décrivent les acteurs. L’aide du client à son fournisseur nécessite un investissement important, mais aussi, par exemple, le partage d’informations concernant les process internes ou l’encore l’accès à ses machines, ce qui ne va pas de soi. Confiance, coopération et transparence deviennent ainsi les mots-clés d’une industrie en quête d’excellence.

Local et global : l’union fait la force

Une importante localisation de l’activité permet aux territoires accueillant les projets nucléaires de bénéficier au maximum des retombées économiques. Cependant, ce n’est pas le seul avantage. En effet, la coopération entre des acteurs ayant l’expérience de grands projets et des acteurs qui connaissent le terrain a été soulignée comme bénéfique par les intervenants. Les acteurs locaux disposent « de la force de travail et de la connaissance du marché », essentielles à la réussite d’un projet, analyse Jean-Philippe Trin, directeur général délégué de Bouygues construction.

Ce dernier a également insisté sur l’enjeu clé de la réplication et, comme le PDG de l’italien Tectubi, sur l’importance d’une bonne gestion des compétences au sein de l’entreprise. Karel Volf, PDG du génie-civiliste tchèque Metrostav DIZ, a de son côté souligné l’importance de bénéficier de transferts d’expérience de grands projets nucléaires d’un acteur comme Bouygues construction.

« La filière française est pleinement mobilisée, assure Xavier Ursat, président du Gifen. « Les partenariats que vous allez conclure entre vous sont la clé », a-t-il adressé aux fournisseurs qui ont pu échanger lors de près de 400 rendez-vous commerciaux le 5 juin 2024.■

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo – ©EDF/C.Bufkens/Sipa Press