La note financière de l’électricien finlandais TVO revue à la hausse grâce à l’EPR d’Olkiluoto - Sfen

La note financière de l’électricien finlandais TVO revue à la hausse grâce à l’EPR d’Olkiluoto

Publié le 17 mai 2023 - Mis à jour le 23 mai 2023

L’entreprise finlandaise avait accumulé des dettes et vu sa notation de crédit se dégrader au gré des retards dans la livraison de l’EPR. Le modèle Mankala lui permet désormais d’anticiper des revenus stables durant la phase d’exploitation. 

En mai 2016, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) avait dégradé la dette de long-terme de l’électricien finlandais TVO, gestionnaire de trois des cinq centrales du parc finlandais. Elle était passée de BBB- à BB+, la poussant dans la catégorie peu enviable des « dettes pourries » (junk debts en anglais). Presque sept ans plus tard, le démarrage en service normal d’Olkiluoto 3 permet à TVO de commencer son désendettement grâce aux revenus qui lui sont garantis par ses actionnaires, sortant d’une position financière précaire.

TVO n’est pas une entreprise cotée, mais elle se finance notamment via l’émission de titres de dette sur les marchés, pour environ les deux-tiers de son endettement net de long-terme. Elle dispose donc d’une note de crédit, évaluant sa solvabilité et sa liquidité, attribuée et actualisée par les agences de notation Fitch et S&P (rejointes par Moody’s cette année) -sur une échelle allant de AAA à D, avec trois gradations par échelon.

Le modèle Mankala offre à TVO la possibilité d’anticiper des revenus stables puisque son électricité est vendue à ses actionnaires (essentiellement des industriels) au prix de l’ensemble de ses coûts fixes et variables. Cette prévisibilité et cette stabilité permettait à l’entreprise de disposer d’une bonne notation. Les retards de livraison de l’EPR ont perturbé cet équilibre en l’obligeant à assumer des frais financiers pour le chantier sans percevoir de revenus de la production d’électricité.

Une embellie financière soutenue par le renouveau de compétitivité du nucléaire

Pour ajouter aux maux de TVO, le poids des frais financiers s’est fait sentir au moment où la chute des prix de l’électricité laissait planer le doute sur la compétitivité de long-terme du nucléaire. Le groupe payait donc le retard d’une centrale qui alourdirait sa base de coûts, le rendant potentiellement non-compétitif face aux marchés de gros. De plus, les différentes phases de la gestion du contentieux avec le consortium Siemens-Areva ont créé des incertitudes sur l’octroi de compensations. La note de TVO a chuté de A- à BBB- chez Fitch, et de BBB + à BB chez S&P.

Le démarrage de l’EPR, mis en service commercial le 16 avril dernier, intervient dans un contexte où les prix de l’électricité se trouvent au-delà de la base de coûts de TVO, estimée à 30€/MWh, lui garantissant ainsi l’achat de sa production par ses actionnaires. La contrepartie est que le désendettement ne pourra s’opérer que progressivement, à raison de 100 à 150 millions d’euros par an selon S&P (sur un total de 5 milliards d’euros, considéré comme très important pour une entreprise de ce type).

Le redressement de la notation de crédit entérine à la fois la conclusion du chantier et les perspectives stables de rémunération ouvertes par le modèle Mankala. La limitation des incertitudes ouvre la voie à ce que le retard de l’EPR ne pèse pas sur le bilan financier de TVO pendant de trop nombreuses années. ■

Par Paul kielwasser (Sfen)

Photo : Centrale nucléaire d’Olkiluoto – @TVO