La France reprend sa place de premier exportateur européen d’électricité
Le 7 février 2024, RTE a fait le bilan électrique de l’année 2023. Au sommaire, une consommation qui reste en deçà de la moyenne et une production qui remonte en flèche après une année 2022 difficile. Cela permet à la France d’être le premier exportateur européen d’électricité, une place perdue temporairement par le pays.
RTE nous livre chaque année une « photographie », pour reprendre les mots de Thomas Veyrenc, directeur général du pôle finances achats et risques, de la situation électrique française. L’année 2023 « marque un nouvel équilibre du système électrique » selon le gestionnaire de réseau. Les craintes sur la sécurité d’approvisionnement se sont résorbées, mais la nature de la consommation et de la production d’électricité diffèrent de ce que l’on pouvait observer dans les années 2010.
Une transformation de la consommation
La consommation – corrigée des effets météorologiques et calendaires – reste 7 % inférieure à la moyenne 2014-2019. Il s’agit d’une baisse à la fois conjoncturelle et structurelle selon l’analyse de RTE. Une part importante de cette baisse est imputée à la pression économique sur les grands industriels électro-intensifs représentant à eux seuls 27 % de la baisse, comme l’a aussi récemment souligné l’Agence internationale de l’énergie. Néanmoins, il est fort à parier que les collectivités et les individus qui ont pu constater l’efficacité des mesures de sobriété adoptées les pérennisent. Il y a donc potentiellement une transformation durable de la consommation. RTE rappelle cependant que la transition énergétique va demander une électrification des usages qui fera à terme augmenter la consommation d’électricité.
Un redressement de la production nucléaire
Du côté de la production, l’année 2023 est marquée par le redressement de la production nucléaire (+ 15 %) et hydraulique (+18 %). La production totale d’électricité a été de 494 TWh dont 320 TWh (65 %) provenant du parc nucléaire soit une augmentation de 41,5 TWh par rapport à 2022 où le parc cumulait des indisponibilités planifiées et fortuites en lien avec la découverte de corrosions sous contraintes sur certaines unités. La disponibilité moyenne du parc est ainsi en augmentation avec 38,6 GW (63 %) en 2023 contre 54 % en 2022. Les remises en service pour le passage de l’hiver ont permis d’atteindre une disponibilité moyenne plus importante les quatre derniers mois de l’année avec 41,4 GW (67 %).
Dans son dernier bilan prévisionnel, RTE table sur un retour rapide vers un volume annuel moyen de production de l’ordre de 360 TWh, en intégrant l’EPR de Flamanville dont le chargement en combustible est prévu pour mars 2024, et a considéré comme scénario haut l’atteinte d’un niveau de l’ordre de 400 TWh.
La France redevient premier exportateur d’électricité en Europe
Toutes les filières décarbonées (voir graphique ci-dessous) affichent une nette progression permettant à la France de récupérer sa place de première exportatrice nette d’électricité en Europe. Le solde des échanges d’électricité (+50 TWh) a ainsi permis de réduire la « facture énergétique du pays de quatre milliards d’euros (entre 2014-2019, les soldes exportateurs avaient contribué à une réduction d’environ deux milliards d’euros en moyenne par an), alors qu’en 2022 les importations avaient rehaussé la facture énergétique française de huit milliards d’euros », note RTE.
Grâce à cela « les émissions liées à la production d’électricité en France ont atteint en 2023 16,1 MtCO2eq, soit leur niveau le plus faible depuis le début des années 1950 (y compris lorsque le volume de production était bien moins important) », souligne RTE. De plus, en 2023, 60 % des importations françaises d’électricité ont été décarbonées.■