La Commission européenne crée l’Alliance des SMR et acte le caractère stratégique du nucléaire - Sfen

La Commission européenne crée l’Alliance des SMR et acte le caractère stratégique du nucléaire

Publié le 7 février 2024 - Mis à jour le 13 février 2024

Avalanche de bonnes nouvelles pour le nucléaire du côté de Bruxelles. Les différentes institutions de l’Union ont pris des décisions en faveur de la fission avec la création d’une alliance des petits réacteurs modulaires et l’inclusion entière des réacteurs et du cycle du combustible dans le Net Zero Industry Act.

Le 6 février 2024 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du nucléaire en Europe. Alors que la Commission a historiquement boudé l’atome, malgré sa contribution à la neutralité carbone, les commissaires ont finalement donné toute sa place à l’énergie de fission. En particulier, elle a lancé l’Alliance industrielle européenne sur les petits réacteurs modulaires (SMR), déjà annoncée en novembre 2023.

Cette alliance « permettra de tirer parti des capacités de fabrication et d’innovation de l’UE pour accélérer le déploiement des premiers projets de SMR dans l’UE d’ici le début de l’année 2030, dans le respect des normes les plus strictes en matière de sûreté nucléaire, de viabilité environnementale et de compétitivité industrielle », assure la Commission. « L’alliance industrielle sur les petits réacteurs modulaires, lancée aujourd’hui, est la dernière initiative en date visant à renforcer la compétitivité industrielle et à garantir une chaîne d’approvisionnement solide et une main-d’œuvre qualifiée dans l’UE », ajoute-t-elle encore.

Favoriser l’essor des petits réacteurs

« Le déploiement des SMR apportera des avantages significatifs à l’Europe, notamment une plus grande souveraineté énergétique, une réduction des émissions de CO2, de nouveaux emplois et une croissance économique », déclare Yves Desbazeille, directeur général de Nucleareurope. « L’industrie nucléaire européenne est à la pointe de l’innovation et de l’excellence industrielle depuis des décennies et cette alliance industrielle contribuera à maintenir la position de classe mondiale de notre industrie ».

Résumé par Nuclear Europe, l’alliance SMR doit élaborer un plan d’action stratégique afin d’identifier, par exemple, les éléments suivants :

  • Les technologies SMR techniquement mûres et commercialement viables qui pourraient être soutenues dans le cadre de l’alliance ;
  • Les lacunes et les solutions potentielles dans la chaîne d’approvisionnement européenne pour les SMR (y compris le combustible et les matières premières) ;
  • Les obstacles à l’investissement, les possibilités de financement et les nouvelles options de financement mixte pour soutenir le développement des SMR ;
  • Les besoins futurs en matière de recherche sur les SMR et les AMR.

Neutralité technologique

Le lancement de cette alliance s’est fait en parallèle d’une « Communication sur un objectif de réduction des émissions recommandé pour 2040 ». On peut y lire : « Toutes les solutions énergétiques à zéro ou à faible teneur en carbone (y compris les énergies renouvelables, le nucléaire, l’efficacité énergétique, le stockage, le CSC, le CCU, l’élimination du carbone, la géothermie et l’hydraulique, et toutes les autres technologies actuelles et futures d’énergie nette zéro) sont nécessaires pour décarboner le système énergétique d’ici à 2040 ».

Le 6 février, étaient également réunis les États membres et le Parlement européen. Ils se sont entendus sur le caractère « stratégique » du nucléaire pour le Net Zero Industry Act (NZIA), qui bénéficiera donc des mêmes soutiens que les énergies renouvelables. Ce texte revient de loin alors qu’en mars dernier, la Commission limitait l’apport du nucléaire aux seuls réacteurs futurs et encore, dans des conditions moins favorables. Le texte excluait alors le nucléaire existant et l’ensemble des installations du cycle. La neutralité technologique entre énergies bas carbone est donc en partie rétablie. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Photos : Le Parlement européen – @FrederickFlorin/AFP