Le Kazakhstan, un acteur nucléaire à connaître - Sfen

Le Kazakhstan, un acteur nucléaire à connaître

Publié le 21 janvier 2019 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Grand comme cinq fois la France, le Kazakhstan, qui regorge de matières premières (fossiles et minérales), est devenu un acteur incontournable de la scène énergétique mondiale, notamment dans la production d’uranium. Aujourd’hui, il affiche de nouvelles ambitions.

Des mines d’uranium

Acteur mondial du nucléaire, le Kazakhstan ne l’est pas par son parc nucléaire installé mais par son rôle dans l’approvisionnement en uranium. Avec 13 % des réserves du globe, ce pays d’Asie est au deuxième rang mondial, derrière l’Australie. Si cette richesse est exploitée depuis près de cinquante ans, il a fallu attendre la généralisation de l’extraction par lixiviation in situ [1], à partir de la fin des années 1990, pour que le Kazakhstan s’y intéresse de près. En une dizaine d’années, de 2001 à 2013, sa production d’uranium a été décuplée et en 2016 le pays produisait 39 % de l’uranium mondial (24 500 tonnes).

Le Kazakhstan peut en effet compter sur 50 gisements d’uranium répertoriés, dont une partie est exploitée dans 17 mines. L’intégralité de l’exploitation de cette ressource est supervisée par Kazatomprom. L’entreprise d’État kazakhstanaise, créée en 1997, s’est hissée en quelques années au rang de premier producteur mondial d’uranium, devant le canadien Cameco et le français Orano. Soutenue par les ambitions économiques de l’État kazakhstanais, dès 2008, Kazatomprom avait fait part de sa volonté de produire 30 % de l’uranium mondial en 2015 (il en produisit 39 % cette année-là).

La France présente

La France est un partenaire de longue date du  Kazakhstan dans l’amont du cycle nucléaire. En 1996, la coentreprise KATCO est créée entre la Cogema (devenue Orano) et la société kazakhstanaise KATEP pour exploiter le gisement de Muyunkum au Sud du pays. C’est toujours via cette coentreprise, mais désormais avec Kazatomprom, qu’Orano y exploite ce gisement sur les deux sites de Muyunkum et Tortkuduk, séparés d’une quarantaine de kilomètres, avec la technologie de lixiviation in situ. Grâce à une rapide montée en puissance de la production décidée à partir de 2008, l’entreprise française y extrait entre 3 200 et 4 000 tonnes d’uranium par an, soit près de la moitié de sa production mondiale.

Fabrication du combustible, production électronucléaire : de nouvelles ambitions

Dans le passé, le Kazakhstan était un producteur d’électricité nucléaire, avec la mise en service, en 1973, du réacteur BN-350 dans la ville actuelle d’Aktaou, sur les rives de la mer Caspienne. Ce réacteur à neutrons rapides et à caloporteur sodium a fonctionné jusqu’en 1993. Il alimentait notamment en énergie l’usine de dessalement de la ville. Premier grand réacteur à neutrons rapides de l’URSS, il a servi de modèle à la gamme russe actuelle de RNR, y compris le BN-1200 en construction.

D’ici 2030, le Kazakhstan ambitionne de produire 4,5 % de son électricité à partir de l’énergie nucléaire. Pour y parvenir, le pays étudie sérieusement la possibilité de construire deux réacteurs russes VBER-300 ou un VVER-1200 à Kourtchatov, au Nord-Est du pays. En septembre 2017 le ministère de l’énergie kazakhstanais a annoncé la réalisation d’une étude de faisabilité pour confirmer la construction de cette première centrale.

Une autre ambition nucléaire se dessine. En 2014, un accord a été signé avec le géant nucléaire chinois CGN pour construire une usine de production d’assemblages de combustible nucléaire de 200 t/an. Financée à 49 % par l’entreprise chinoise, elle devrait  permettre au Kazakhstan de valoriser directement son uranium et d’approvisionner les centrales chinoises. La France est partenaire du projet, au travers de Framatome.

Crédit photo : Shutterstock


Technique consistant à injecter une solution dans un minerai par le biais d’un forage puis à pomper les produits dissous avec un nouveau forage.


Par la rédaction