Investir dans le nucléaire génère des emplois et la croissance économique en Europe - Sfen

Investir dans le nucléaire génère des emplois et la croissance économique en Europe

Publié le 29 avril 2019 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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FORATOM, l’association professionnelle pour l’industrie de l’énergie nucléaire en Europe, a sollicité l’agence Deloitte pour conduire une étude étayée sur les emplois dans l’énergie nucléaire en Europe, dont en France. Les données sont sans appel : l’industrie nucléaire européenne emploie actuellement plus de 1,1 million de personnes dans l’Union européenne (UE) et génère un PIB de plus de 500 milliards d’euros.  Ces chiffres devraient s’amplifier pour répondre aux objectifs bas carbone d’ici 2050.  

Si l’Europe envisage de décarboniser son économie d’ici 2050, un quart de l’électricité produite dans l’UE devra provenir du nucléaire. Cela lui permettra, non seulement d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2, mais aussi de sécuriser l’accès à l’énergie à la demande. Le nucléaire a également un impact positif, de manière significative, sur la croissance économique et la création d’emplois.

Selon une nouvelle étude de Deloitte, publiée le 25 avril 2019, disposer de 150 GW de capacité nucléaire installée au sein de l’UE en 2050, c’est :

• soutenir plus de 1,3 million d’emplois par an

• générer 576 milliards d’euros de PIB par an

• augmenter les recettes fiscales de 110,2 milliards d’euros par an

• procurer aux ménages 490,9 milliards d’euros de revenu disponible

 

La contribution du nucléaire à l’économie de l’UE

Depuis plus de 60 ans, les technologies nucléaires fournissent à l’Europe une source fiable d’électricité à faible émission de carbone. Le travail entrepris par le cabinet d’audit Deloitte visait à évaluer la contribution du secteur nucléaire à l’économie globale de l’UE des 28, aujourd’hui et à l’horizon 2050.

La capacité nucléaire installée en Europe aujourd’hui est de 188 GW. En 2050, les auteurs de l’étude ont pris une base de 150 GW[1] de capacité nucléaire installée, selon le scénario élevé de l’étude FTI-CL Energy Consulting, « Pathways to 2050 : le rôle du nucléaire dans une Europe à faible émission de carbone », demandée par FORATOM et publiée en novembre 2018.

Le scénario élevé repose sur la combinaison d’une exploitation à long terme de centrales nucléaires existantes, de projets en cours de construction ou en cours de planification, ainsi que de nouveaux projets. L’hypothèse retenue est que l’UE, conformément à ses objectifs, réussira à décarboner son économie jusqu’à 95 % en 2050 (par rapport aux niveaux de 1990), en répondant à une demande en augmentation de l’électricité, de plus de 4 100 TWh (contre 3 100 TWh actuellement), en raison d’une électrification accrue.

Faits et chiffres

Le rapport se concentre sur l’emploi, le PIB, les revenus des États et le revenu disponible des ménages, en tenant compte des impacts directs et indirects. Sur la base de l’évaluation, l’industrie nucléaire a un impact positif significatif dans l’UE en terme économique et social .

2019

Selon les auteurs, un GW de capacité nucléaire installée dans l’UE déclenche des investissements annuels de 9,3 milliards d’euros, tant dans le secteur nucléaire que dans les secteurs économiques connexes. En outre, chaque GW fournit un emploi permanent à près de 10 000 personnes et génère 4,3 milliards d’euros de PIB dans l’UE. Au total, cela signifie que l’industrie nucléaire, c’est aujourd’hui, plus de 1,1 million d’emplois, et plus de 500 milliards d’euros de PIB.

Autrement dit,

• chaque euro dépensé dans l’industrie nucléaire génère 5 € de PIB dans l’UE,

• chaque emploi direct créé dans l’industrie nucléaire conduit à 3,2 emplois (directs et indirects) dans l’ensemble de l’économie de l’UE.

Ces chiffres sont nettement plus élevés que, par exemple, dans l’industrie éolienne et solaire. L’industrie éolienne, avec une capacité installée de 160 GW en 2019, représente un peu plus de 250 000 emplois en Europe et génère un PIB de 36,1 milliards d’euros. Le secteur de l’énergie solaire emploie, quant à lui, un peu plus de 80 000 personnes, pour une capacité installée de 100 GW.

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2050
En supposant que le quart de l’électricité produite en 2050 continue à provenir du nucléaire, cela signifierait que l’industrie nucléaire soutiendrait plus de 1,3 million d’emplois à temps plein et générerait 576 milliards d’euros de PIB par an.

Le tableau ci-dessous met en évidence cette contribution importante.

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Les avantages économiques du maintien d’une chaîne d’approvisionnement nucléaire européenne forte ne s’arrêtent pas là, car l’industrie peut répondre positivement à de nombreux autres défis auxquels l’UE est confrontée.

 

Transitions de l’UE

En matière climatique et énergétique, les intentions de l’UE sont clairement de réduire ses émissions de CO2. Néanmoins, si les moyens ne sont pas mis en œuvre correctement en matière d’emplois, l’UE pourrait être confrontée à des conséquences sociales importantes, par exemple en termes de pertes d’emplois dans l’industrie charbonnière. Il est donc important de garder l’objectif d’assurer l’avenir et les moyens de subsistance des travailleurs et de leurs communautés dans la transition vers un monde à faible émission de carbone. 

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Ce graphique montre que, parmi les différentes technologies à faible émission de carbone disponibles en Europe, le nucléaire crée le plus grand nombre d’emplois par GW de capacité installée. Environ la moitié de ces emplois peuvent être considérés hautement qualifiés et la majorité sont des emplois locaux situés dans des zones plus rurales. Mais l’un des défis que rencontre le secteur nucléaire est de maintenir, voire d’attirer suffisamment de personnes qualifiées, à court et long terme.

Selon le scénario nucléaire élevé en 2050 (150 GW), cette industrie générera un grand nombre d’emplois locaux sur l’ensemble de la chaîne. En outre, pour atteindre 150 GW de capacité nucléaire installée en 2050, une quantité non négligeable de capacités supplémentaires devra être construite, générant des emplois dans le secteur de la construction (allant de la construction de la centrale elle-même aux infrastructures environnantes, telles que les routes et les logements).

Cela offre une opportunité gagnant-gagnant. Par exemple, certaines des personnes employées dans l’industrie charbonnière pourraient se reconvertir afin de combler le déficit d’emplois dans le secteur du nucléaire.

 

Maintenir une base industrielle compétitive et décarbonée

Le maintien de l’emploi et de la croissance dans l’UE est l’une des priorités de l’Europe. Pour cela, elle devra maintenir un base industrielle. En raison de la mondialisation, les industries européennes sont confrontées à une forte concurrence, en partie due à des coûts énergétiques très élevés. En outre, de nombreuses industries consomment beaucoup d’énergie et devront donc trouver des solutions pour contribuer à décarboner leur processus de fabrication. Le risque est que l’Europe perde ses industries, en raison de ce qu’on appelle « la fuite de carbone ».

Le nucléaire a clairement un rôle à jouer pour soutenir ces industries et les aider à rester en Europe. Le nucléaire peut fournir un approvisionnement stable en électricité à faible émission de carbone aux industriels qui devront atteindre l’objectif de décarbonation. En outre, l’industrie nucléaire travaille conjointement avecl’industrie sidérurgique par exemple,  pour produire de l’hydrogène à partir du nucléaire à des fins industrielles. Les réacteurs nucléaires peuvent également fournir de la chaleur pour d’autres processus industriels (habitat-tertiaire, etc.).

Assurer le leadership de l’UE en matière d’innovation

L’UE souhaite conserver un leadership en matière d’innovation. L’industrie nucléaire européenne reste très active dans ce domaine ; les projets de R&D conduisent non seulement au développement de réacteurs avancés, mais également à de nouvelles technologies qui peuvent être utilisées dans d’autres applications, telles que le médical, les téléphones mobiles, voire les véhicules électriques. En soutenant l’énergie nucléaire et une chaîne d’approvisionnement nucléaire européenne, l’UE soutiendra également l’innovation.

Exportations

L’industrie nucléaire européenne est exportateur net de biens et de services, générant actuellement un excédent commercial de 18,1 milliards d’euros dans l’UE. Ce chiffre devrait atteindre 24,8 milliards d’euros par an d’ici 2050, sur la base d’un taux élevé d’énergie nucléaire (scénario de 150 GW).

En conclusion

Une capacité nucléaire élevée de 150 GW apporterait des avantages économiques étendus dans l’ensemble de l’UE, soutenant plus d’un million de nouveaux emplois et des centaines de milliards d’euros de croissance supplémentaire du PIB, ainsi que des revenus pour les entreprises et les ménages.

Les résultats de cette étude concluent qu’un GW de capacité nucléaire dans l’UE :

• déclenche des investissements annuels de 9,3 milliards d’euros dans les secteurs économique, nucléaire, et connecté,

• fournit un emploi permanent et local à un peu moins de 10 000 personnes,

• génère 4,3 milliards d’euros de PIB dans l’UE.

Cela profiterait à tous les États membres de l’UE, même à ceux ne disposant d’aucune centrale nucléaire. Ceci est démontré par les graphiques ci-dessous qui illustrent l’impact actuel de l’industrie nucléaire sur le PIB et l’emploi dans chaque État membre.

 

S’agissant de la France, l’étude Deloitte esitme à plus de 400 000, le nombre d’emplois dans l’industrie nucléaire. Ils comprennent les emplois directs, indirects et induits [2]  . 

Généralement, la SFEN évoque le chiffre de 220 000 emplois. directs et indirects.  

Selon l’étude Deloitte, le nucléaire en France représente 7 % du PIB, 5 % de l’emploi industriel (sur la base de 180 000 emplois directs) et 17 % des revenus fiscaux de l’Etat.

[1] Cette étude analyse comment le nucléaire peut aider l’Europe à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de carbone en 2050. Elle se concentre sur trois scénarios de capacité nucléaire en 2050 : faible (36 GW), moyen (103 GW) et élevé (150 GW).

[2] Les emplois directs désignent les emplois directement liés à la production de produits ou de services. Ces emplois ont également pour effet d’en créer d’autres dans les entreprises qui fournissent des biens et services au secteur nucléaire. Ces derniers emplois sont dits indirects. Enfin, lorsque les revenus générés par ces emplois directs et indirects sont dépensés dans l’économie en général pour acheter une variété de biens et services (nourriture, vêtements, divertissement, etc.), ils entraînent la création des emplois induits.  

 

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Résumé de l’étude Deloitte pour FORATOM – Traduction et rédaction Cécile Crampon/Sophie Dayraut