Hydrogène & nucléaire : un premier électrolyseur installé dès 2024 au Royaume-Uni - Sfen

Hydrogène & nucléaire : un premier électrolyseur installé dès 2024 au Royaume-Uni

Publié le 20 septembre 2023

La décarbonation du Royaume-Uni passera entre autres par une production d’hydrogène bas carbone. Pour y parvenir, EDF Energy a reçu l’autorisation de déployer dès 2024 un électrolyseur à haute température alimenté en chaleur et en électricité grâce à une centrale nucléaire : une première en Europe !

Au Royaume-Uni, EDF Energy a reçu un soutien du gouvernement pour produire de l’hydrogène bas carbone à la centrale nucléaire d’Heysham 2. L’objectif est de démontrer le procédé d’électrolyse à oxyde solide avec de la chaleur et de l’électricité provenant d’une centrale nucléaire. Une première en Europe.

Le consortium du projet Bay Hydrogen Hub – Hydrogen4Hanson comprend, comme son nom l’indique, le producteur d’asphalte et de ciment Hanson UK mais aussi le National Nuclear Laboratory (NNL) et Vulcan Burners et, bien sûr, EDF Energy. L’objectif du projet est de démontrer la faisabilité et l’efficacité du procédé et contribuer à la décarbonation de la production d’asphalte et de ciment qui représente près de 10 % des émissions de l’industrie britannique et 1,6 % du total des émissions du Royaume-Uni (2021).

En novembre 2022, le projet avait déjà bénéficié d’un financement de 400 000 livres (environ 460 000 euros) de la part du ministère de l’Énergie, du Commerce et de la Stratégie industrielle pour réaliser une étude de faisabilité dans le cadre de l’Industrial Hydrogen Accelerator Programme. Début septembre 2023, le ministère a annoncé une enveloppe supplémentaire de 6 millions de livres (environ 7 millions d’euros). La construction de l’électrolyseur doit débuter en 2024.

La production d’hydrogène avec du nucléaire

Le couplage d’un électrolyseur à oxyde solide avec la chaleur et l’électricité provenant d’une centrale nucléaire « a le potentiel d’accroitre la performance de la production d’hydrogène d’au moins 20 % par rapport aux technologies actuelles », explique le consortium. L’étude de faisabilité indique par ailleurs que « les sites nucléaires sont idéals pour l’accueil d’un électrolyseur avec une source d’électricité disponible et bas carbone, la présence d’eau déminéralisée et d’azote (pour la purge de l’électrolyseur) ».

Les principaux défis soulignés dans l’étude sont les enjeux de financement (Capex) et de coût d’exploitation (Opex) dans un contexte énergétique incertain. Du côté technique, les défis de la démonstration portent sur la partie électrolyse et en particulier sur la phase de compression de l’hydrogène, le projet nécessitant des équipements sur-mesure, indique l’étude.

Un projet pour ouvrir la voie

La fermeture de la centrale d’Heysham 2, comprenant deux réacteurs de la filière britannique Advance Gaz Reactor (AGR), est aujourd’hui prévue pour 2028. Le projet Bay Hydrogen Hub – Hydrogen4Hanson vise à ouvrir la voie à la production d’hydrogène sur les futurs sites nucléaires que ce soit celui de Sizewell-C où ceux des réacteurs nucléaires avancés (AMR).

L’hydrogène ainsi produit pourrait alors venir décarboner les 275 usines d’asphaltes et les 10 de ciment que compte le pays et bien plus. Dans la stratégie nationale pour l’hydrogène, le vecteur est en effet envisagé pour décarboner d’autres usages industriels, la production d’électricité pour pallier l’intermittence des renouvelables, le transport et le chauffage urbain.■

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo ©EDF Energy