Hiver 2023-2024 : la disponibilité du nucléaire en hausse très significative

RTE a présenté ses perspectives pour le passage de l’hiver 2023-2024 du système électrique. Pas d’inquiétudes aujourd’hui sur l’équilibre offre-demande grâce à une maîtrise de la consommation qui se maintient, une bien meilleure disponibilité du parc nucléaire et des niveaux élevés pour les stocks hydrauliques et gaziers. Le système d’alerte « Ecowatt » est par ailleurs reconduit et mis à jour avec un nouvel indicateur indiquant le caractère bas carbone de l’électricité pour inciter les Français à décaler leur consommation dans ces tranches horaires.

« Les périmètres de l’étude sont tous mieux orientés que l’année dernière », annonce Thomas Veyrenc, directeur du pôle Stratégie, Prospective et Évaluation chez RTE. Le nucléaire et l’hydraulique, respectivement 67 % et 13 % de la production électrique en 2020, affichent à l’entrée de l’hiver de meilleures conditions de disponibilité que l’année dernière. Pour mémoire, en 2022, le volume total d’électricité produit en France était inférieur de 15 % par rapport à l’année 2021, avec des productions nucléaire (-82 TWh) et hydraulique (-12 TWh) en forte baisse.

Pas de difficultés attendues sur le réseau

Le risque sur l’équilibre du réseau électrique est jugé comme très faible sur le mois de novembre et faible sur le reste de l’hiver. Cela s’explique par une consommation en retrait par rapport à la période antérieure à la crise sanitaire et une meilleure disponibilité des moyens de production y compris chez nos voisins européens. En effet, la baisse de la consommation d’électricité en France se maintient entre 8 % et 9 % en dessous des niveaux connus avant la crise sanitaire. Les prix de l’électricité et le plan de sobriété du gouvernement « confortent la vision d’une consommation d’électricité toujours très basse dans les prochains mois », analyse RTE.

Du côté de la production, la disponibilité du nucléaire est « un des périmètres les plus structurants pour notre sécurité d’approvisionnement », rappelle Thomas Veyrenc. Or, l’automne a été abordé avec une disponibilité nucléaire de 10 GW supérieure à celle de l’année dernière. RTE prévoit une remontée en continu pour atteindre 50 GW de capacité nucléaire disponible en janvier 2024. Cette hausse de la disponibilité est notamment du fait du retour sur le réseau, après réparation, des réacteurs touchés par la corrosion sous contrainte, à savoir les plus puissants du parc (1 450 MWe)[1]. RTE note aussi qu’EDF a achevé les travaux de remplacement préventif sur 5 des 7 réacteurs planifiés en 2023 « avec des durées d’arrêt globalement inférieures aux durées initialement annoncées ».

Ainsi, l’incertitude de l’impact de la corrosion sous contrainte sur la disponibilité du parc nucléaire « s’est réduite par rapport au premier semestre », note RTE. Conséquence : la prime de risque qui pénalisait la France pour se fournir sur les marchés à terme de l’électricité s’est résorbée. Les prix sont de nouveau alignés avec les coûts variables des centrales à gaz.

Enfin, marqués par une sécheresse exceptionnelle en 2022, les stocks hydrauliques se sont reconstitués au printemps et à l’entrée de l’automne 2023 pour atteindre un niveau supérieur aux moyennes historiques. À noter également qu’en France les stocks de gaz sont quasiment pleins alors que la consommation demeure basse.  Les stocks de nos voisins allemands, italiens et néerlandais sont également remplis à hauteur de 99 %.

Le dispositif Ecowatt reconduit

RTE reconduit le dispositif Ecowatt qui vise à rappeler les gestes d’économies d’énergie et à piloter la demande en émettant des alertes lorsque la situation sur le réseau électrique est tendue. Au-delà de l’équilibre du réseau, le dispositif envoie désormais un signal aux consommateurs pour indiquer que la production française est particulièrement bas carbone. Plus précisément, Ecowatt indique quand la production électrique française bas carbone (nucléaire, hydraulique, éolien, etc.) couvre la consommation du pays. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de centrale thermique en marche pour l’export, précise RTE. « En privilégiant les heures de production décarbonée pour consommer, la production française peut se rapprocher du 0 émission », affiche Ecowatt. ■